Édition du 12 janvier 2004 / volume 38, numéro 16
 
  La furine, cheval de troie des pathogènes dans la cellule
Pour avoir détecté sa présence in vivo à la surface de la cellule, Gaétan Mayer entame une carrière prometteuse.

Gaëtan Mayer et le microscope électronique avec lequel il a obtenu une grande partie de ses résultats.

Étudiant au doctorat au Département de pathologie et biologie cellulaire, Gaétan Mayer a réussi un coup de maître en 1999, lorsqu’il a détecté la présence de la furine à la surface d’une cellule de rein animal. C’était la première fois qu’on obtenait une preuve in vivo de l’existence de cet enzyme en dehors de l’appareil de Golgi. «La furine est un enzyme qui participe au fonctionnement normal de la cellule; mais elle est aussi un véritable cheval de Troie qui permet l’entrée de plusieurs pathogènes», explique-t-il.

Auparavant, les résultats de ses travaux de maîtrise lui avaient valu la médaille d’or du Gouverneur général pour l’année 2000. Son mémoire avait de plus obtenu la mention d’honneur du doyen de la Faculté de médecine. En effet, Gaétan Mayer a élaboré une technique ultrasensible pour détecter les protéines dans les tissus en microscopie électronique.

«Je dois rendre hommage à mon professeur, Moïse Bendayan, qui a mis au point la technique de l’or colloïdal, sans laquelle il aurait été impossible de démontrer de façon aussi nette la présence de la furine dans la cellule», signale l’étudiant, qui a signé plusieurs articles avec son professeur et avec Guy Boileau, du Département de biochimie.

Véritable vedette dans les laboratoires de recherche, la furine jouerait un rôle majeur tant dans le fonctionnement normal de la cellule que dans l’apparition de plusieurs maladies. Une quarantaine de toxines bactériennes et de virus seraient activés par la furine. Les plus connus sont le virus Ebola et la fièvre de l’anthrax. Mais si plusieurs chercheurs s’attaquent aux mystères de la furine, rares sont ceux qui appliquent la méthode de l’or colloïdal, qui consiste à placer des marqueurs microscopiques sur la protéine. En cela, le laboratoire du professeur Bendayan détient une longueur d’avance.

Les travaux de Gaétan Mayer, dont les résultats ont été publiés dans le Journal of Cell Science en mai 2003, ont démontré la localisation de la furine dans l’endothélium et ses interactions avec d’autres protéines importantes à la surface des cellules. «On la croyait jusque-là répartie de façon précise dans l’appareil de Golgi. Mes photos ont plutôt montré qu’elle pouvait se retrouver fortement concentrée en périphérie de la cellule. Cela voudrait dire qu’elle joue sans doute un rôle dans l’échange d’information avec l’extérieur», explique le chercheur.

Un parcours inusité

Il reste beaucoup à apprendre à propos de cette protéine. À 33 ans, Gaétan Mayer n’a pas l’intention de s’arrêter en route.

Le chercheur a déjà plusieurs publications à son actif, dont une monographie tirée de ses études de maîtrise: Amplification Methods for the Immunolocalization of Rare Molecules in Cells and Tissues, parue chez Urban & Fischer et cosignée par Moïse Bendayan. Cet ouvrage figure d’ailleurs sur la liste des lectures recommandées à l’Université de Toronto.

Deux autres de ses articles sont en cours d’examen par des comités de pairs dans des revues savantes comme Cell Tissue Research. Le chercheur a aussi présenté ses résultats dans des congrès à York, en Angleterre, San Diego et, bien entendu, Montréal. En Californie, il a gagné un prix destiné aux jeunes chercheurs.

Il affirme ne pas avoir pris de décision quant à son avenir. «C’est sûr que la carrière universitaire m’intéresse, mais il y a de beaux défis à relever dans le secteur pharmaceutique.»

Gaétan Mayer aurait bien pu ne jamais entreprendre d’études aux cycles supérieurs. Lorsqu’il a fait la connaissance de son actuel directeur de thèse, c’était à titre de technicien en microscopie électronique. «Mon travail consistait à aider les chercheurs dans l’utilisation de cet appareil», dit-il en montrant un immense microscope qui occupe une pièce de l’aile R, au huitième étage du Pavillon Roger-Gaudry. Le jeune homme a obtenu son baccalauréat en biochimie grâce aux cours du soir.

Par la suite, il s’est consacré à ses études à temps plein. Son doctorat sera composé d’un recueil d’articles publiés dans des revues savantes. Sa thèse pourrait être déposée au cours des prochains mois.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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