Édition du 12 janvier 2004 / volume 38, numéro 16
 
  Sur les traces des labyrinthes
Une captivante exposition, conçue et réalisée par Romedi Passini, professeur honoraire de la Faculté d’architecture, associe connaissances scientifiques et création artistique.

Labyrinthe avec échelle illustre la section sur l'orientation et l'aménagement de l'exposition.

Le Centre d’exposition de l’Université de Montréal étonne de nouveau avec une exposition qui sort de l’ordinaire et qui mise sur une approche inédite. Conçue et réalisée par le professeur Romedi Passini, l’exposition Sur les traces du labyrinthe associe l’art et la science pour nous faire saisir la complexité de l’orientation spatiale et des émotions qu’elle met en cause.

Chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal et professeur honoraire de l’École d’architecture, Romedi Passini est l’auteur des quelque 70 œuvres (dessins, peintures et infographies) présentées à cette exposition. «Je m’intéresse à la psychologie de l’aménagement depuis une trentaine d’années et le labyrinthe est le symbole même de la désorientation, souligne-t-il. L’idée d’une exposition sur ce thème permet d’associer l’art – on trouve des représentations du labyrinthe dans presque toutes les cultures – et les connaissances scientifiques sur l’orientation.»

On doit d’ailleurs au professeur Passini la réalisation du labyrinthe servant aux travaux de recherche sur l’orientation spatiale à l’Institut universitaire de gériatrie. Et s’il a choisi l’expression artistique pour livrer les connaissances actuelles dans ce domaine, c’est tout simplement, dit-il, «parce que j’aime ça».

Initiation et résolution de problèmes

Le professeur Romedi Passini nous présente l'une de ces oeuvres de la série Cookie Cutter, où il mélange les formes d'immeubles célèbres, leurs descriptions et leurs architectes.

L’universalité du mythe du labyrinthe démontre, selon le chercheur, à quel point l’orientation est importante pour le bien-être des êtres humains. Il représenterait à la fois l’angoisse face à l’inconnu et le plaisir de la découverte et de la résolution d’un problème. Du labyrinthe du Minotaure jusqu’à celui de la cathédrale de Chartres en passant par ceux de Malekula, en Nouvelle-Calédonie, le visiteur découvrira, dans la première partie de l’exposition, la dimension méconnue du caractère initiatique ou libérateur du labyrinthe.

On ne risque toutefois pas de se perdre dans des dédales angoissants même si le montage de l’exposition rappelle l’intérieur d’un labyrinthe. Romedi Passini a plutôt misé, dans ses œuvres, sur des représentations symboliques des fonctions cognitives liées à l’orientation. Une fois l’initiation passée, la section suivante nous livre la théorie du chercheur sur l’orientation, qu’il définit comme un processus décisionnel propre à une résolution de problème. La série d’œuvres Chasseur de labyrinthe illustre en ce sens un chercheur à la poursuite de son objet de recherche, qu’il ne réussit jamais à s’approprier.

Passant de la théorie à la pratique, le professeur Passini nous fait ensuite entrer dans le monde de l’aménagement comme tel, déroutant le visiteur avec sa série Cookie cutter, qui confond volontairement les formes d’immeubles célèbres, leurs descriptions et leurs architectes. On y apprend que, si nous nous sentons parfois perdus dans des bâtiments complexes, ce n’est pas dû à la complexité des lieux mais au manque de planification dans leur aménagement.

Chasseur de labyrinth, l'une des 12 oeuvres infographiques de la série du même nom.

La partie suivante est inspirée des travaux sur les capacités spatio-cognitives des personnes malvoyantes qui parviennent à se représenter un parcours de façon plus précise que les voyants. La série Espace imagé, où dominent le noir et le blanc, prend sa source dans la représentation mentale du milieu urbain où s’affrontent chaos et organisation.

La fin du parcours confronte le visiteur avec la démence de type Alzheimer, qui altère profondément les capacités d’orientation. Les travaux sur cette maladie montrent que les gens qui en sont atteints n’arrivent plus à maîtriser le processus de résolution de problèmes et que les espaces non visibles cessent d’exister pour eux. La série illustrant cette démence, Représentation confuse, s’avère toutefois la plus colorée et la plus complexe dans le rendu artistique, rappelant parfois les coups de palette de Borduas ou les mosaïques de Riopelle.

L’exposition Sur les traces du labyrinthe se déroule du 15 janvier au 15 février. Le Centre d’exposition, situé au Pavillon de la Faculté de l’aménagement, est ouvert les mardis, mercredis, jeudis et dimanches de 12 h à 18 h et l’entrée est libre.

Daniel Baril



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement