Édition du 12 janvier 2004 / volume 38, numéro 16
 
  Assemblée universitaire
Daniel Weinstock invité à l’Assemblée universitaire - L’internationalisation représente un défi pour l’Université - Une nouvelle option en sciences biomédicales - La Faculté de théologie se donne un nouveau nom

Daniel Weinstock invité à l’Assemblée universitaire
Éthique et recherche, un cocktail explosif

Daniel Weinstock

Les universités devront déployer beaucoup d’«imagination institutionnelle» pour faire progresser les questions relatives à l’éthique en recherche, estime le directeur du Centre de recherche en éthique de l’UdeM (CREUM), Daniel Weinstock.

Invité à s’adresser aux membres de l’Assemblée universitaire le 15 décembre dernier, M. Weinstock a parlé de deux défis qui continueront à hanter le milieu de la recherche universitaire: la gestion du partenariat entre l’université et le secteur privé, ces deux mondes obéissant souvent à des logiques différentes, et ce qu’il appelle l’institutionnalisation de la recherche.

Sur ce dernier point, M. Weinstock décrit la situation actuelle comme un jeu de cache-cache entre les chercheurs et les comités d’éthique, les premiers sachant à peu près ce qu’il faut écrire et ne pas écrire, et comment l’écrire, pour échapper aux reproches de ces comités. «C’est tout le contraire de ce que nous avons voulu faire.»

«Le défi est d’envergure, mais il faut établir un rapport plus intégré. Actuellement, les protocoles de recherche sont élaborés indépendamment des questions éthiques, qui surviennent après coup», déplore le professeur de philosophie.

Le recteur, Robert Lacroix, a pour sa part replacé le débat dans un contexte plus large que celui du partenariat public-privé. Il a rappelé que le temps où l’université pouvait se retirer en déclarant sans autre précision qu’elle faisait avancer les connaissances était bel et bien révolu, et non pas en raison principalement des pressions du privé mais plutôt de celles de la société en général et, donc, des gouvernements.

«La collectivité, qui met des milliards [dans les universités], se demande pourquoi nous refuserions de faire avancer la société en plus de faire avancer les connaissances. Le marché politique doit légitimer ses choix et regarder l’impact des recherches sur le niveau de vie de la population.

«La société n’a jamais mis autant de pression sur les universités. Les établissements et les chercheurs sont déchirés. Et l’on doit le faire savoir. Mais une université qui se mettrait en dehors de la pression sociale n’existerait plus», a fait valoir le recteur.

M. Weinstock a répliqué qu’il fallait tout de même faire la distinction entre la pression sociale et la pression du privé. Mais, d’ajouter M. Lacroix, «la population sait bien que la meilleure façon de faire avancer la recherche, c’est de s’allier avec le privé».

Le directeur du CREUM estime que l’Université doit maintenir une sorte d’élitisme modeste en défendant, aux côtés de la recherche appliquée, l’avancement des connaissances.

«Le développement d’une vision à long terme fait partie de nos missions», a rappelé M. Weinstock.

Concrètement, peu de suggestions ont été avancées. M. Weinstock a mentionné qu’aux États-Unis les chercheurs qui publient dans certaines revues scientifiques sont tenus de divulguer leurs sources de financement et de dire s’ils sont ou non actionnaires des entreprises susceptibles de profiter de leurs recherches. Ce principe de full disclosure représente une manière intéressante de contrer les effets pervers qui peuvent résulter de liens entre chercheurs et secteur privé, croit-il.

Le doyen de la Faculté des études supérieures, Louis Maheu, s’est pour sa part demandé si «l’on ne devrait pas pousser en vue d’avoir une formation de qualité sur les enjeux éthiques de la recherche». Le directeur du CREUM a abondé dans le même sens en faisant valoir que «la dimension éthique de la recherche pourrait faire partie intégrante de la formation. Il n’y a pas de domaine où l’éthique n’a pas d’incidence.» Un débat à suivre.

Paule des Rivières

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L’internationalisation représente un défi pour l’Université

L'Europe est engagée dans un mouvement d’internationalisation des études universitaires dont l’ampleur a frappé le recteur, Robert Lacroix. Or, a rappelé le recteur à la réunion de l’Assemblée universitaire du 15 décembre, qui dit internationalisation des programmes dit anglais.

«Pour nous, chaque évolution en ce sens nous interpelle. Comment notre établissement va-t-il participer aux programmes internationaux sans préjugés? a-t-il demandé. Soyons clairs, lucides. Le Québec n’arrêtera pas ce mouvement. Quelle position devons-nous adopter afin de ne pas être exclus?»

Pour illustrer son propos, M. Lacroix a rapporté que «même en France, les étudiants [qui viennent étudier au Québec] préfèrent souvent McGill ou Concordia, de manière à améliorer leur anglais». Et de conclure: «Nous aurons éventuellement des questions à nous poser.»

M. Lacroix s’était rendu, plus tôt cet automne, en France et en Allemagne. Le recteur a constaté que ce qu’il avait déjà observé en Scandinavie il y a deux ans, à savoir que les étudiants qui poursuivaient des études à l’extérieur de leur pays d’origine privilégiaient souvent l’anglais, se vérifiait également dans ces deux pays.

En France, le recteur a participé aux Entretiens Jacques-Cartier, qui se sont tenus à Lyon du 28 novembre au 6 décembre. Il s’est également rendu à Paris, où, à l’occasion des fêtes du 125e, l’Université a reçu les diplômés UdeM à Paris ainsi qu’une quinzaine de diplômés honoris causa à la Délégation du Québec à Paris. «Ces gens deviennent de bons ambassadeurs pour l’Université», a-t-il résumé devant les membres de l’Assemblée universitaire. M. Lacroix a aussi été à Berlin et à Munich, où l’Université entretient des liens étroits avec deux universités de chacune de ces villes.

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Une nouvelle option en sciences biomédicales

Joseph Hubert

C'est pour améliorer l’encadrement des étudiants aux cycles supérieurs tout en les initiant à la recherche que la Faculté des études supérieures créera l’option «sciences psychiatriques» aux programmes de maîtrise et de doctorat en sciences biomédicales. Les membres de la Commission des études ont donné leur approbation à ce projet le 8 décembre, à leur dernière réunion de l’année civile.

Cette nouvelle option permettra de mettre à contribution dans ces programmes d’études le personnel du Département de psychiatrie de la Faculté de médecine, qui compte une soixantaine de membres. Ceux-ci travaillent dans huit centres hospitaliers de la région de Montréal. «Leurs travaux de recherche, rappelle le document approuvé au cours de la séance, s’inscrivent soit en recherche fondamentale, en recherche clinique, en recherche épidémiologique ou en recherche évaluative sur les services de santé. Plusieurs collaborent activement avec des chercheurs d’autres milieux […] Plus de 100 étudiants des deuxième et troisième cycles et une douzaine de stagiaires postdoctoraux poursuivent déjà leur formation sous la direction d’un membre du Département de psychiatrie.»

L’option proposée se distinguera de celles qui existent déjà en présentant une vision multidimensionnelle de la recherche: fondamentale, clinique, épidémiologique et évaluative. «Au terme de cette formation, les étudiants pourront entreprendre des études au doctorat ou travailler au sein d’une équipe de recherche dans les secteurs privé, public ou parapublic», peut-on lire.

Modifications en optométrie

À l’École d’optométrie, des modifications à la structure et au répertoire de cours du programme de diplôme d’études supérieures spécialisées (D.E.S.S.) Intervention en déficience visuelle ont été approuvées. Deux nouvelles options, «orientation et mobilité» ainsi que «réadaptation en déficience visuelle», seront ajoutées au D.E.S.S. «Alors que la discipline en orientation et mobilité vise le développement des déplacements autonomes et sécuritaires dans tous les milieux de vie, celle de la réadaptation en déficience visuelle comprend les interventions sur les plans du développement de l’enfant, de la nutrition, des soins personnels, des activités de vie quotidienne et domestique, de la communication, de l’habitation, de la vie communautaire et, enfin, sur le plan de l’intégration au travail et dans les loisirs.»

Dans un rapport du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, il est dit que le départ à la retraite des employés du système de santé n’épargnera pas les agents de réadaptation en déficience visuelle. Dès 2009, des besoins devraient commencer à se faire sentir. On estime que 60 nouveaux spécialistes en orientation et mobilité de même que 105 agents de réadaptation en déficience visuelle devront avoir été formés. Comme l’École d’optométrie de l’Université de Montréal est la seule école francophone du pays dans le domaine, elle était nommément citée dans le rapport.

Pour ces nouvelles options, des ressources additionnelles sont requises. Le projet devra donc être examiné par le Comité de planification.

Démographie, musique, génie

Des changements seront aussi apportés aux programmes de maîtrise et de doctorat en démographie. Selon le doyen de la Faculté des arts et des sciences, Joseph Hubert, «la nouvelle structure proposée distingue mieux les fondements méthodologiques, les champs d’études propres à la démographie et les méthodes avancées, ce qui assurera une formation plus solide».

À la Faculté de musique, des modifications seront faites au séminaire pluridisciplinaire Musique et société, qui deviendra Musique, monde et mondialisation.

Aux facultés des sciences infirmières et de médecine, un nouveau séminaire interdisciplinaire verra le jour: Enjeux des soins cliniques de première ligne.

Enfin, l’École Polytechnique procédera à plusieurs changements à l’intérieur du Département de mathématiques et de génie industriel. Il y aura création de l’option «ergonomie» à la maîtrise modulaire en génie industriel et instauration d’un D.E.S.S. en mathématiques de l’ingénieur. Ces nouveaux programmes d’études entraînent l’abolition du programme commun avec l’Université de Montréal. Cette décision a été prise en accord avec les personnes concernées.

M.-R.S.

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La Faculté de théologie se donne un nouveau nom

La Faculté de théologie et de sciences des religions, c’est ainsi qu’il faudra désigner, désormais, la Faculté de théologie. Au cours de leur réunion du 15 décembre dernier, les membres de l’Assemblée universitaire ont en effet donné leur aval à ce changement de nom souhaité depuis au moins 1999 et qui traduit l’évolution qu’a connue la Faculté, le domaine des sciences de la religion s’étant imposé comme un des axes d’études majeurs des dernières années.

«Une partie importante des activités de recherche se situe dans le domaine des sciences de la religion et cette partie ira en s’accentuant au cours des années qui viennent», a résumé François Duchesneau, vice-recteur à la planification et aux affaires internationales devant l’Assemblée.

Cette appellation donnera une nouvelle visibilité aux travaux de la Faculté dans le secteur des sciences de la religion et facilitera vraisemblablement le recrutement de nouvelles clientèles. Comme l’a déjà noté le doyen, Jean-Marc Charron, l’ajout de l’expression «sciences des religions» permettra de lever un obstacle symbolique pour une clientèle intéressée par ce secteur.



 
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