Édition du 19 janvier 2004 / volume 38, numéro 17
 
  Un nouveau centre de recherche pour la bio-informatique
Il portera le nom du regretté professeur émérite Robert Cedergren

Franz Lang a été un ami de Robert Cedergren.

Le progrès et l’intégration de l’informatique et des sciences de la vie font que «certaines cloisons d’autrefois ne tiennent plus», affirme Franz Lang, chercheur bien connu du Département de biochimie. D’où l’importance de «lieux intégrateurs» comme le centre Robert-Cedergren sur la bio-informatique et les sciences génomiques, qui sera inauguré le 19 janvier.

C’est avec le décryptage de génomes — au premier chef celui de l’être humain — qu’est apparue le plus clairement au grand public la nouvelle discipline de la bio-informatique, qui se situe à la jonction des sciences de la vie et de l’informatique. Comme le dit Franz Lang, le futur directeur du centre, «la grande quantité de données biologiques produites par les sciences génomiques ont créé le besoin de méthodes d’analyse et d’organisation de données efficaces». Selon lui, l’image des chercheurs inondés par les données est très juste. D’ailleurs, le site Internet du programme de bio-informatique de l’Université s’ouvre sur une phrase éloquente tirée du magazine The Economist : «Comme tant d’autres chercheurs, les biologistes ont à affronter un raz-de-marée de données. Malheureusement, peu d’entre eux savent nager.»

Apprendre à nager dans une mer d’information est donc devenu essentiel, insiste Franz Lang: «C’est ce qui nous permettra de profiter de toutes les données qui existent dans les banques accessibles aujourd’hui.» La complexité des données et l’automatisation des techniques expérimentales font que la bio-informatique constitue un élément central du développement des sciences dites génomiques; ces dernières englobent, précise M. Lang, la génomique fonctionnelle, la génomique structurale, la génomique comparative, la protéomique, la RNAomique, la métabolomique, etc. Rappelons que la génomique est l’étude à grande échelle du fonctionnement des gènes.

Impossible isolement

Le chercheur, s’il est isolé, «ne sera jamais capable de traiter une telle masse de données», dit Franz Lang. Pour parvenir à ce traitement, il faut que plusieurs spécialistes travaillent ensemble. Lesquels? «Ceux qui sont capables de mettre au point des bases de données, des informaticiens qui font de la programmation, sans oublier les statisticiens et ceux qui possèdent des compétences en modélisations moléculaires, etc.». Aussi, il faut des gens en mesure de formaliser les processus biologiques: ils doivent donc s’y connaître en la matière. L’ambition du centre, au fond, est de rassembler toutes ces compétences pour aboutir à des découvertes qui tiennent, à l’échelle internationale, dans les publications, remarque Franz Lang.

Les promesses de ces sciences sont considérables. Et déjà, «la bio-informatique a des retombées significatives dans des domaines aussi divers que la médecine, la pharmacologie, l’écologie, l’industrie agroalimentaire et bien d’autres domaines. Par conséquent, les bio-informaticiens sont devenus des experts parmi les plus recherchés à la fois dans le milieu universitaire et dans l’industrie.»

Dans son plan stratégique, l’Université de Montréal a désigné la bio-informatique comme un des axes privilégiés de son développement. En septembre 2001, elle était la première université du Canada à offrir un baccalauréat spécialisé dans ce secteur. Depuis, Franz Lang se félicite des progrès que sa discipline a connus. Il estime que la bio-informatique à l’UdeM s’est épanouie tant sur le plan de la recherche que sur celui de la formation. L’Université, à son avis, regroupe une douzaine de chercheurs reconnus internationalement en bio-informatique. D’ailleurs, le réseau Génome-Québec (BioneQ) est sous la responsabilité de chercheurs de l’UdeM qui seront rattachés au centre Robert-Cedergren.

Pour ce qui est de la formation, Franz Lang insiste sur le fait que l’Université offre des programmes en bio-informatique aux 1er, 2e et 3e cycles ainsi qu’un programme d’excellence de bourses d’études aux cycles supérieurs et postdoctorales des Instituts de recherche en santé du Canada dans cette discipline. La première cohorte des diplômés du baccalauréat arrivera cette année en bout de parcours et, au dire de M. Lang, «ces diplômés n’auront pas de souci à se faire pour trouver un emploi».

Dispersion

Sans le centre Robert-Cedergren, l’essor de la bio-informatique risquait d’être ralenti ces prochaines années. «À l’heure actuelle, les activités en bio-informatique et en sciences génomiques sont dispersées dans trois facultés et de nombreux départements», note M. Lang. Aux yeux de la professeure Gertraud Burger, responsable de BioneQ, la création du centre permet de remédier à l’absence d’un département de bio-informatique en bonne et due forme. «Cela nous donnera une certaine structure pour faire travailler ensemble des chercheurs, des enseignants et des étudiants. C’est une sorte de creuset qui facilitera les collaborations et permettra même d’intégrer des chercheurs d’autres disciplines, comme des mathématiciens ou des médecins.»

Un pionnier

En donnant le nom de Robert Cedergren au centre, Franz Lang et les autres fondateurs ont voulu honorer un pionnier dans le domaine de la recherche en bio-informatique à l’UdeM.

Décédé en 1998, le professeur émérite s’est démarqué comme chercheur au Département de biochimie en biologie structurale de l’acide ribonucléique. Il a enseigné à l’Université de 1967 à 1998 et a reçu la médaille Flavelle, de la Société royale du Canada. Il existe d’ailleurs déjà un fonds Robert-Cedergren, qui offre un soutien à de jeunes chercheurs dans le secteur de la biochimie. Ce fonds récompense annuellement, sous forme de bourses, un ou des étudiants aux cycles supérieurs en biochimie qui se distinguent particulièrement par la qualité de leur dossier.

Franz Lang, qui a fait des études postdoctorales auprès de Robert Cedergen et qui est devenu un de ses amis, se dit des plus heureux que le nom du grand chercheur soit associé à des bourses d’excellence et maintenant «à un centre qui deviendra un chef de file dans un domaine auquel il a tant contribué».

Antoine Robitaille

Voici les chercheurs qui ont accepté de se joindre au centre
Robert-Cedergren et qui en seront les membres titulaires:Gertraud Burger (Biochimie/Médecine), Sergei Chteinberg (Biochimie/Médecine), Damian Labuda (CHUM/Médecine), François-Joseph Lapointe (Sciences biologiques/Arts et sciences), Nadia El-Mabrouk (DIRO/Arts et sciences), François Major (DIRO/Arts et sciences), Stephen Michnick (Biochimie/Médecine), Normand Mousseau (Physique/Arts et
sciences), Hervé Philippe (Biochimie/Médecine) et DanielSinnett (CHUM/Médecine).



 
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