Édition du 26 janvier 2004 / volume 38, numéro 18
 
  Enseigner l’ethnomusicologie en ligne
Monique Desroches a monté un cours en partenariat avec l’Université de La Réunion

Monique Desroches et Christian Barat avec un instrument de l’île de La Réunion, le hochet-radeau, appelé kayamb en créole.

On le dit et redit, les technologies de l’information et de la communication pénètrent de plus en plus le monde de l’enseignement. Pour Monique Desroches, professeure d’ethnomusicologie à la Faculté de musique et directrice du Laboratoire de recherche sur les musiques du monde, il y a là de nouvelles avenues qui concernent plus encore la pédagogie que la technologie. À la tête d’une expérience pilote avec la diffusion internationale de son cours de premier cycle Introduction à l’ethnomusicologie, la professeure est devenue une adepte de la plateforme WebCT, un logiciel d’édition html grâce auquel cette diffusion est possible et qui convient admirablement à sa discipline.

Le cours s’est constitué en partenariat avec l’Université de La Réunion – située sur l’île montagneuse de l’océan Indien, à 21 heures de vol de Montréal –, et plus particulièrement avec le professeur Christian Barat. «Un cours d’ethnomusicologie, explique Mme Desroches, c’est un cours bicéphale: il exige la rencontre de compétences en anthropologie et en musicologie. Avoir un correspondant à l’étranger et travailler avec lui grâce à une plateforme comme celle que nous utilisons, c’est inespéré.» «Oui, nous sommes vraiment en symbiose», confirme Christian Barat, de passage à Montréal récemment.

L’aspect international a toujours été présent en ethnomusicologie. «Mais un des avantages de la mise en ligne, souligne Monique Desroches, est qu’elle rend les contacts beaucoup plus faciles, évite de longs et coûteux voyages et permet de rester en communication même si l’on est à des milliers de kilomètres.»

Aussi, le champ de l’ethnomusicologie étant en plein essor, l’élaboration de ce cours dans sa nouvelle forme mixte a une portée inestimable. «C’est très particulier parce qu’il n’y a même pas de manuel de base digne de ce nom pour l’enseignement de l’ethnomusicologie. La plateforme m’a obligée à rassembler mes notes de cours, et ce faisant, j’ai doté les étudiants et les collègues d’un manuel virtuel de référence pour l’enseignement de la discipline.» La professeure prépare même une version anglaise de son cours, car la demande se fait pressante.

«Il y a vraiment une évolution, témoigne Monique Desroches. Au début, en 1999, notre apprentissage était axé sur la manière d’intégrer la technologie dans notre enseignement. En 2003-2004, notre préoccupation est davantage pédagogique. C’est important de le souligner, le Centre d’études et de formation en enseignement supérieur (CEFES) est devenu une communauté qui réfléchit sur le geste pédagogique.»

«Effectivement, renchérit Rhoda Weiss-Lambrou, directrice du CEFES, il y a en ce moment un regroupement de 70 professeurs et chargés de cours qui se rencontrent une fois par mois dans nos locaux et qui discutent de l’internationalisation des cours, des aspects sur lesquels les enseignants ont intérêt à se pencher pour continuer d’évoluer avec ces nouveaux outils.» Le CEFES offre de la formation et un soutien pédagogique fort appréciés par les professeurs qui doivent se plonger dans un univers tout à fait nouveau. «Pour moi, ce fut un défi!» se souvient Christian Barat, venu à Montréal l’an dernier à l’instigation de Monique Desroches afin d’y recevoir une formation sur WebCT.

Cette transformation des modes pédagogiques stimule Mme Desroches. Nombreux sont les avantages de cette méthode mixte qui, contrairement à ce qu’on pourrait croire, rapproche davantage les étudiants du professeur et ne suscite pas d’absentéisme. «Il y a toujours des éléments qui ne se retrouvent pas sur la plateforme, notamment les questions posées durant les cours ou les vidéos dans leur intégralité. Mais les étudiants sont rassurés quand ils savent qu’ils auront accès à l’essentiel du cours 24 heures sur 24. Il faut aussi dire que le cours en ligne est un formidable outil de communication grâce auquel le professeur et les étudiants peuvent rester en contact en dehors des heures de classe. Les forums de discussion et la messagerie me permettent entre autres de connaître mieux les étudiants plus timides qui, parfois, s’expriment admirablement par écrit, mais aussi de suivre l’apprentissage de chacun, presque en temps réel.» La professeure tient à remercier ses deux assistants, Éric de Villers et Yara El-Ghadban.

Les projets sont nombreux: vidéoconférences, numérisation de toute la documentation afférente, etc. Un comité doit se pencher sur l’internationalisation des cours en ligne, et Monique Desroches attend ses conclusions avec impatience. «Tout ce qu’on peut dire, conclut-elle, c’est que cela a bien marché!»

Dominique Olivier

Collaboration spéciale

  • Sous la direction de Monique Desroches et Ghyslaine Guertin paraissait récemment, à L’Harmattan, l’ouvrage Construire le savoir musical: enjeux épistémologiques, esthétiques et sociaux, dans la collection Logiques sociales.

 



 
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