Édition du 26 janvier 2004 / volume 38, numéro 18
 
  L’oxygénothérapie améliore la récupération à la suite d’un AVC
La chambre hyperbare a également un effet bénéfique sur les habiletés cognitives atteintes après une commotion cérébrale

Paule Hardy

Une vingtaine de séances d’oxygénothérapie en chambre hyperbare entraîne une récupération significative de l’activité cérébrale et de la capacité cognitive chez les personnes qui ont subi un accident vasculaire cérébral (AVC).

C’est ce qu’ont montré des travaux de la psychologue Paule Hardy menés à l’occasion de recherches doctorales effectuées au Département de psychologie sous la direction de Maryse Lassonde. Ces travaux sont parmi les premières études scientifiques avec mesures objectives entreprises sur les effets des traitements hyperbares appliqués aux AVC.

Le sujet étudié par Mme Hardy souffrait d’une paralysie partielle et d’une perte de sensibilité à son côté droit à la suite d’un accident vasculaire ayant bloqué l’irrigation de son hémisphère cérébral gauche. Il souffrait également d’aphasie, d’une perte de mémoire et d’un déficit d’attention.

Onze mois après son accident, le sujet a été soumis à une série de 20 séances en chambre hyperbare à raison de 5 séances par semaine d’une durée de une heure chacune. «Dès les premières séances, le sujet a indiqué une reprise de sensibilité au côté droit de son visage», affirme Paule Hardy.

Au terme des 20 séances, les tests cognitifs et de motricité ont montré une amélioration notable des habiletés motrices et de la capacité d’attention du sujet. Ces améliorations sont allées de pair avec une augmentation significative de l’activité neuronale dans l’hémisphère lésé telle que l’ont révélée les données de l’électroencéphalogramme (mesures par potentiels évoqués). «Cette réactivation prouve que le progrès observé ne peut être attribuable à un effet d’apprentissage des tests de la part du patient», souligne Mme Hardy.

Le fait que le patient avait atteint une stabilité neurologique élimine, selon la chercheuse, l’hypothèse d’une récupération spontanée, qui ne survient habituellement que dans la phase aiguë marquant les premières semaines après l’accident.

Un an après ces traitements d’oxygénothérapie, l’accidenté était revenu au même niveau cognitif et moteur qu’avant les séances en chambre hyperbare. La psychologue a alors soumis le même sujet à une série de 60 traitements. «Le patient a refait les mêmes progrès et de façon tout aussi rapide qu’au moment des premiers traitements», indique-t-elle. L’accidenté a manifesté encore une fois une reprise de sensibilité au visage, un meilleur équilibre et une plus grande capacité de concentration, le tout accompagné d’un retour de l’activité cérébrale.

Les résultats n’ont toutefois pas été supérieurs à ceux obtenus après les 20 premières séances.

Selon la chercheuse, le fait de compléter les traitements hyperbares par des traitements de physiothérapie (ce qui n’était pas le cas ici) permettrait sans doute d’obtenir des résultats encore plus concluants et surtout plus durables. «Lorsqu’il y a reprise de l’activité cérébrale, les exercices permettent de maintenir actifs les réseaux rétablis.»

Une chambre hyperbare comme celle qui a servi aux expériences de Paule Hardy.

Hyperbare et commotion cérébrale

Paule Hardy a également mesuré les effets des traitements hyperbares sur les lésions qu’entraînent les commotions cérébrales. Les résultats préliminaires se sont encore là avérés positifs. Un premier groupe de 10 sportifs souffrant d’une commotion cérébrale légère a été divisé en deux sous-groupes, les uns bénéficiant de cinq traitements d’oxygénothérapie et les autres constituant un groupe témoin.

Ceux qui ont entrepris les traitements ont vu leur capacité d’attention s’améliorer nettement, alors que les sportifs du groupe témoin ont au contraire exprimé une diminution de l’attention une semaine après leur accident.

Comme dans le cas de l’AVC, cette amélioration des habiletés cognitives est allée de pair avec une augmentation significative de l’activité cérébrale, principalement dans les régions occipitale et centro-pariétale, comme l’ont mesurée les potentiels évoqués. La chercheuse a repris le même type d’expérience avec un groupe témoin de cinq patients qu’on a fait attendre une semaine avant de les soumettre aux traitements hyperbares. L’amélioration des capacités a de nouveau été significative, même si elle a moins grande que celle observée dans le premier groupe de bénéficiaires.

Selon la neuropsychologue, des bienfaits moins marqués peuvent s’expliquer par le fait que les blessés de la seconde expérience présentaient une atteinte neurologique plus grave ou encore par le délai écoulé depuis la dernière commotion cérébrale. Dans la deuxième hypothèse, cela signifie que, plus les traitements hyperbares sont administrés tôt après l’accident, plus ils seraient efficaces.

Par ailleurs, les travaux de Paule Hardy (déjà rapportés dans Forum le 22 avril 2002) ont aussi révélé que les effets cognitifs de l’oxygénation hyperbare sur la paralysie cérébrale équivalaient à ceux d’un traitement factice.

Daniel Baril

 



 
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