Édition du 26 janvier 2004 / volume 38, numéro 18
 
  Un vétérinaire s’attaque au parasite des abeilles
Le haut taux de mortalité chez ces insectes a menacé des milliers de ruches

Un acarien coriace décime les populations d’abeilles.

L’utilisation d’acides organiques pourrait être la solution pour combattre le parasite Varroa destructor, un acarien qui décime les populations d’abeilles. Selon une étude menée par le Dr Pascal Dubreuil, professeur à la Faculté de médecine vétérinaire, les traitements à l’acide formique et à l’acide oxalique dans les ruches donnent des résultats encourageants. Les apiculteurs pourraient obtenir l’autorisation d’utiliser l’acide oxalique dès la saison 2004 si le gouvernement fédéral (ARLA) homologue son emploi à cette fin.

Le parasite a causé beaucoup de ravages chez les abeilles depuis 2002, alors que 43 % des apiculteurs rapportaient un taux de mortalité dépassant les 50 %. L’année 2003 n’a pas été plus brillante, car beaucoup de colonies n’ont pas survécu à l’hiver. "Une mortalité aussi élevée a des conséquences majeures pour les apiculteurs, mais elle a également eu pour effet de réduire la pollinisation, affirme le chercheur. Or, le succès de plusieurs cultures – fraises, bleuets, canneberges, pommes, concombres, citrouilles – dépend d’une bonne pollinisation. Des études ont démontré que, plus on augmentait le nombre de ruches dans les bleuetières, plus la production de bleuets croissait, mais l’on ne connaît pas encore la limite maximale. Dans une région à forte production de bleuets comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean, il s’agit d’une donnée essentielle. La recherche du professeur Dubreuil est d’ailleurs financée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.

Pascal Dubreuil

Quel est donc ce parasite si dérangeant? Originaire d’Asie, Varroa destructor s’est répandu dans le monde en quelques années par le commerce des reines, dont certaines étaient infectées. Le parasite est présent au Québec depuis une douzaine d’années. «Varroa destructor se reproduit en même temps que les abeilles et vit sur leur dos», explique le vétérinaire, dont les parents étaient apiculteurs. Les abeilles peuvent tolérer la présence de l’acarien, mais au-delà d’un seuil la ruche est mise en danger.

Actuellement, les apiculteurs limitent la propagation des parasites à l’aide d’acaricides appelés Apistan ou Coumaphos. Ces produits doivent être utilisés avec prudence, car ils peuvent laisser des résidus dans le miel. De plus, au cours des années, Varroa destructor a développé une résistance à l’Apistan. À l’automne 2002, cet acaricide s’est avéré inefficace dans plusieurs ruchers.

Les haut taux de mortalité causés par le parasite peuvent toutefois être prévenus. On conseille aux apiculteurs de surveiller régulièrement l’état sanitaire de leurs ruchers afin de dépister l’infestation. «On pourrait ainsi éviter la possible «synergie» qui se crée entre Varroa destructor et les bactéries dans les ruches et qui a pour effet, croit-on, d’accroître la mortalité chez les abeilles,» affirme le Dr Dubreuil.

Stéphane Gagné

Collaboration spéciale



 
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