Le journal Forum du 12 janvier publiait un article sur l’invitation du très controversé professeur Alan Dershowitz, de l’Université Harvard, par la Faculté de droit en collaboration avec le Centre de recherche en éthique. Le professeur Dershowitz s’est ainsi vu offrir une tribune pour défendre ses thèses en faveur de la légalisation de la torture devant un public d’étudiants. Cette invitation n’a rien d’anodin.

Dans le contexte de l’après-11 septembre, de la guerre en Irak et du contrôle renforcé de la sécurité imposé par les États-Unis, les positions du professeur de Harvard non seulement banalisent les atteintes aux droits de la personne et aux conventions internationales, mais plus encore, elles proposent d’officialiser le droit d’utiliser la pire des pratiques, soit la torture. Voilà qu’il faudrait maintenant rayer l’interdiction de la pratique de la torture des conventions de Genève.

Les soussignés s’expliquent mal pourquoi la légalisation de la torture est devenue un sujet digne d’être discuté au sein d’un établissement attaché à la défense et à la protection des droits démocratiques universellement reconnus. Où se situe la contribution scientifique de tels discours? Si la liberté de parole et de pensée doit être préservée, nous croyons que des limites fondées dans les valeurs ultimes de notre société doivent continuer à s’appliquer, et que l’éthique et la torture ne feront jamais bon ménage. Bref, cette invitation nous paraît hautement discutable et très préoccupante.

Les professeurs membres du Département de sociologie:

Paul Bernard - Anne-Emmanuelle Calvès - Lisa Dillon

(Département de démographie)

Claire Durand - Mona-Josée Gagnon - Jacques Hamel - Gilles Houle - Marianne Kempeneers - Éric Lacourse - Céline Lafontaine - Christopher McAll - Victor Piché

(Département de démographie)

Paul Sabourin - Arnaud Sales