Édition du 23 février 2004 / volume 38, numéro 22
 
  Capsule science
À quoi sert l’exploration spatiale?

L’annonce récente, par le président américain George W. Bush, de la relance du programme d’exploration spatiale de la NASA comportait suffisamment d’ingrédients pour faire rêver une nouvelle génération d’aspirants astronautes: reprise des vols de navettes en vue de terminer la Station spatiale internationale d’ici 2010; mise au point, d’ici 2008, d’un nouvel engin d’exploration capable d’emmener des humains au-delà de l’orbite terrestre basse, dont la frontière n’a pas été franchie depuis la fin des vols lunaires Apollo, en 1972; et retour des astronautes sur la Lune, d’ici 2020. Voilà autant d’initiatives visant à concevoir les technologies nécessaires à l’exploration humaine des régions plus éloignées du système solaire, et notamment de la planète Mars.

L’atteinte de ces objectifs ne se fera pas sans investir des centaines de milliards dans l’opération. Le jeu en vaut-il la chandelle? D’autres défis, plus… terre à terre, ne mériteraient-ils pas qu’on leur consacre des fonds publics toujours plus rares?

«Évidemment, il s’agit d’un choix de société, dit Robert Lamontagne, astronome et professeur au Département de physique. Mais n’oublions pas que l’exploration spatiale engendre de nombreuses retombées scientifiques, économiques et sociales.»

Certaines de ces retombées sont quasi immédiates: les satellites ont permis le développement des télécommunications, de la technologie GPS, de la climatologie. Ils rendent possible une meilleure observation de la déforestation de l’Amazonie, des phénomènes de désertification ou de fonte des glaces. «Nous n’aurions peut-être pas acquis une conscience aussi vive des effets de l’activité humaine sur notre planète sans la vision que nous en avons eue de l’espace», souligne l’astronome.

Bien des technologies et des matériaux qui font aujourd’hui partie de notre quotidien ont initialement été conçus pour les programmes spatiaux: le velcro, mais aussi les calculatrices de poche et les stimulateurs cardiaques informatisés. Ce sont en effet les vols dans l’espace qui ont entraîné le recours à la miniaturisation.

Dans le domaine médical, les méthodes d’imagerie comme la résonance magnétique et la tomodensitométrie ont énormément bénéficié du progrès de l’imagerie spatiale. «Paradoxalement, des techniques mises au point pour scruter l’espace ont permis d’obtenir des images beaucoup plus nettes de l’intérieur de notre corps et de faire ainsi considérablement avancer la médecine», observe Robert Lamontagne.

Au-delà de ces retombées terrestres bien concrètes, l’exploration spatiale permet surtout de répondre, ou tente de répondre, à la question des origines qui taraude l’être humain depuis toujours. D’où venons-nous? Quelle est la place de la Terre dans l’Univers? Quelle est l’origine des étoiles, du cosmos, de la vie? «Est-ce que la vie est quelque chose qui se développe facilement? Est-ce que toute forme de vie primitive mène inévitablement à des formes plus complexes? Philosophiquement, ces questions et les réponses qu’on peut y apporter ont des implications majeures, souligne Robert Lamontagne. Si l’on en arrive à la conclusion que l’environnement qui permet le développement de la vie telle que nous la connaissons est extrêmement rare et que nous sommes possiblement la seule conscience de l’Univers, cet environnement nous paraîtra d’autant plus précieux.»

Pour la première fois, Robert Lamontagne offre ce trimestre-ci un nouveau cours, Astrobiologie, ouvert à tous les étudiants, sur l’origine et l’évolution de la vie dans l’Univers.

Marie-Claude Bourdon



 
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