Édition du 8 mars 2004 / volume 38, numéro 23
 
  Le pianiste Dang Thai Son en récital
Un hommage posthume à Claude Savard

Dang Thai Son

Le pianiste d’origine vietnamienne Dang Thai Son est d’une grande discrétion. Domicilié à Montréal depuis 1995, cet artiste au faîte d’une carrière internationale y trouve la tranquillité nécessaire à son travail d’interprète. Professeur à la Faculté de musique depuis 2001 et premier pianiste asiatique à se distinguer dans un concours international de grande envergure, il avoue avoir préservé volontairement cette discrétion, qu’il compte maintenant délaisser au profit d’une plus grande visibilité.

«Très peu de gens savent que j’enseigne à la Faculté, déclare Dang Thai Son le sourire aux lèvres et dans un français approximatif mais très efficace. Généralement, j’enseigne chez moi. Mais je sens que c’est le moment de participer davantage à la vie de la Faculté.» Ainsi, le pianiste a décidé de rendre hommage à l’ancien responsable du secteur piano, Claude Savard – décédé en février 2003 –, à qui il consacre un récital le 10 mars.

«Claude m’était très cher», résume simplement le musicien, qui offrira gratuitement cet hommage au public de la salle Claude-Champagne. Au programme, des œuvres de Claude Debussy, Maurice Ravel, César Franck et, bien sûr, Frédéric Chopin. C’est que Dang Thai Son entretient une relation privilégiée avec ce compositeur, qui lui a valu un prix prestigieux grâce auquel sa carrière a démarré: le premier prix et la médaille d’or au 10e concours Chopin de Varsovie en 1980.

Cette histoire d’amour avec le musicien polonais a cependant commencé très tôt dans la vie de Dang Thai Son. «C’est le destin qui m’a mis en contact avec Chopin, raconte-t-il. Il était le compositeur préféré de ma mère, qui enseignait le piano. Je me souviens de l’avoir entendue jouer la nuit, dans la campagne, sans lumière, de petites mazurkas et des nocturnes. En 1970, ma mère a été l’invitée d’honneur du concours Chopin à Varsovie et elle en est revenue avec des disques et des partitions. Comme je n’avais pas de partitions de Beethoven, ni de Mozart ni d’aucun autre compositeur, ça a été un choc d’avoir, subitement, tout Chopin! Sur le plan pianistique, Chopin me convient très bien. Il était très petit, comme moi. J’ai même des mains plus grandes que les siennes!»

L’Atelier d’opéra et l’Orchestre de l’Université de Montréal ont présenté l’opéra A Midsummer Night’s Dream, de Benjamin Britten, à la salle Claude-Champagne. Dans une mise en scène signée Alice Ronfard, le chef Jean-François Rivest a dirigé près de 40 chanteurs et plus de 50 musiciens. On voit ici le personnage de Bottom (joué par Pierre-Étienne Bergeron), entouré des fées.

Si beaucoup de musiciens commencent une carrière internationale grâce à un concours, le cas de Dang Thai Son est exemplaire à cet effet. Au moment du concours Chopin en 1980, il était étudiant au conservatoire Tchaïkovski de Moscou, n’avait jamais donné de récital et ne possédait même pas de tenue de concert! Depuis cette époque, il s’est produit un peu partout: on a pu entendre le pianiste en Asie, en Australie, en Europe, en Russie, en Amérique… Également très en demande pour des classes de maître, il est professeur invité au Kunitachi Music College, de Tokyo, et donne régulièrement des classes sur tous les continents, parallèlement à sa carrière de concertiste.

En 1999, à l’invitation de Vladimir Ashkenazy, il a donné un cours de maître en compagnie de celui-ci et de Murray Perahia à Berlin. Invité dans de nombreux concours, il estime que sa participation à des jurys fait partie de son engagement en tant que musicien. «L’année prochaine, on me fait un grand honneur en m’invitant au concours Chopin», souligne Dang Thai Son avec plaisir.

Comment décrit-on le pianiste? «Un vrai musicien», déclarait Isaac Stern en 2001. «Sonorité chatoyante, effets moirés séduisants, pianissimos impalpables […] une interprétation lumineuse […] le récital d’un artiste trop singulier pour ne pas un jour sortir du rang», pouvait-on lire dans le quotidien Le Monde, en 1994, au sujet d’un récital de l’interprète.

Mais d’après le musicien lui-même, qu’est-ce qui fait sa force? «Le mélange des cultures y est pour beaucoup, répond-il. J’ai mes racines orientales, mais ce qu’on va chercher des autres cultures, en complément, permet de créer une image artistique unique.» Son expérience de la guerre lui a par ailleurs donné beaucoup de force. Enfant, il a fui Hanoï avec sa famille pour vivre dans la montagne, où il a survécu dans des conditions qu’il compare à celles de «l’âge de pierre».

Que trouve-t-il le plus difficile? «Entendre mes élèves jouer dans des examens. C’est beaucoup de bonheur, mais aussi beaucoup de souffrance!» déclare Dang Thai Son dans un éclat de rire…

Dominique Olivier

Collaboration spéciale

Hommage à Claude Savard, le mercredi 10 mars à 20 h à la Faculté de musique, 220, avenue Vincent-d’Indy, salle Claude-Champagne; au programme: Images, livres I et II, de Claude Debussy; Prélude, Choral et Fugue, de César Franck; Barcarolle et Quatre impromptus, de Frédéric Chopin; et La valse, de Maurice Ravel. Entrée libre.



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement