Édition du 8 mars 2004 / volume 38, numéro 23
 
  L’Université manque cruellement d’espace
Il faut examiner de nouvelles locations, dit le recteur

Le recteur Robert Lacroix

La construction de nouveaux pavillons sur le campus peut faire illusion, mais la réalité demeure: l’Université est actuellement confrontée à un manque d’espace que le recteur, Robert Lacroix, qualifie de «dramatique» et d’«insupportable».

«Par rapport aux autres universités canadiennes et québécoises, l’Université de Montréal présente un déficit d’espace de 221 000 m2 bruts», a fait savoir le recteur au cours d’un entretien avec Forum le 26 février, au lendemain de sa participation à la Commission parlementaire sur la qualité, l’accessibilité et le financement des universités.

Cette inquiétude n’est pas nouvelle: M. Lacroix l’a exprimée à de multiples occasions au cours des 12 derniers mois. Plus récemment, le mémoire qu’il a présenté à la Commission parlementaire rappelle que les 10 principales universités de recherche au pays affichent un ratio de 28 m2 par étudiant, alors qu’à l’UdeM chaque étudiant se contente de 20 m2. «Nous n’avons pas d’espace de vie, résume M. Lacroix. Et le temps presse, car il faut compter trois ou quatre ans avant que les gens puissent entrer dans de nouveaux locaux.»

Le recteur croit qu’un certain nombre de choses doivent être entreprises dès maintenant. Il faut, dit-il, examiner les localisations possibles d’agrandissements futurs, et pas seulement à Laval, où des recherches sont déjà en cours; il faut aussi convaincre le gouvernement d’adopter un plan de croissance sur cinq ans et, enfin, il faut concevoir un développement cohérent des nouveaux campus. Car il ne saurait être question de déménager à la pièce ou de relocaliser des morceaux de facultés sans plan d’ensemble. Le secteur biomédical et de la santé, mais d’autres également, pourrait par exemple avoir son campus.

D’ailleurs, le recteur a abordé cette question au cours de ses échanges avec les membres de la Commission parlementaire, le 25 février, à l’occasion des travaux entourant le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

«Des investissements majeurs devront être consentis autour du CHUM, où il nous faudra regrouper à l’entour notre secteur biomédical et de la santé et désengorger le campus principal.»

Car, est-il nécessaire de le rappeler, les besoins sur le campus principal ne diminueront pas, notamment parce que les inscriptions aux cycles supérieurs connaîtront des hausses significatives au cours des prochaines années et que le manque d’espace lié à la recherche est criant, le volume des recherches ayant doublé ces quatre dernières années.

Or, le campus actuel a atteint ses limites puisqu’il n’y reste plus de terrains vacants. Et comme il est hors de question de gruger la montagne, qui doit être protégée, il faut donc regarder ailleurs.

Une promenade sur le campus suffit pour constater à quel point les gens y sont à l’étroit, souligne le recteur. «Nous n’avons pas d’espace de vie, pas d’espace de travail convivial pour les étudiants et les chercheurs, pas de lieux de rencontres. Nous avons tellement peu de salles de classe que nous ne pouvons pas organiser de colloques sur le campus.» Le recteur voit un tout autre tableau lorsqu’il visite d’autres campus: des maisons d’étudiants, des cafés…

Des pics et des grues… alors quoi?

Au cours des débats en commission parlementaire, le ministre de l’Éducation, Pierre Reid, a laissé entendre que l’Université était un chantier et, donc, que de l’espace, il y en aurait. Mais il n’en est rien, notamment parce que «la problématique du développement des espaces ne tient pas compte des besoins de la recherche moderne». Sans parler d’ailleurs des besoins relatifs à l’entretien des immeubles actuels.

Les travaux d’entretien différé représentent au bas mot 200 M$, estime M. Lacroix. «Nous n’avons pas les moyens d’entretenir nos bâtiments.» Pour illustrer son propos, il rappelle que les fenêtres du Pavillon Roger-Gaudry n’ont pas été lavées depuis 20 ans…

Mais l’entretien ne suffira pas. C’est au moins deux millions de nouveaux pieds carrés dont l’Université a aujourd’hui besoin pour respirer un tant soit peu. «Il nous faut de l’oxygène», résume le recteur.

Paule des Rivières



 
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