Édition du 15 mars 2004 / volume 38, numéro 24
 
  Plus de 150 M$ pour la recherche
FCI: l’Université de Montréal se démarque

Alain Caillé

Treize projets de recherche soumis par l’UdeM, l’École Polytechnique, HEC Montréal et le CHUM ont obtenu 60 M$, soit 13,3% des quelque 450 M$ versés dans le cadre du dernier concours de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI). C’est plus de la moitié (52%) des fonds récoltés par les universités québécoises à ce concours dont les résultats ont été dévoilés le 8 mars. Les sommes allouées par la FCI sont en outre complétées par des fonds de Recherche-Québec et de partenaires industriels, ce qui porte le total des montants qui s’ajouteront aux budgets de recherche de l’Université à plus de 150 M$.

Le vice-recteur à la recherche Alain Caillé ne cache pas sa satisfaction devant d’aussi bons résultats. «C’est une très bonne année pour l’UdeM, surtout que nos projets les plus stratégiques ont tous été retenus, a-t-il commenté. Cela est dû à l’excellence de nos chercheurs et à la qualité de leurs projets. Nous travaillons depuis deux ans à la préparation de ces projets et je crois que nous avons démontré notre crédibilité pour les mettre en œuvre.»

Parmi ces projets stratégiques, le plus ambitieux est celui de l’Institut de recherche en immunovirologie et cancérologie (IRIC), qui a obtenu 15,2 M$ de la FCI, pour un total de 38 M$ de subventions. Pierre Chartrand, directeur général, explique que les fonds attribués serviront surtout à financer les trois plateformes technologiques qui contribueront à faire de l’IRIC le premier centre de recherche du Canada et l’un des premiers du monde à adopter l’approche de la biologie des systèmes. «Il s’agit d’une approche intégrée quant à la problématique du cancer et de la réponse immune, qui met à profit les meilleurs outils pour chaque système d’études, des levures aux tissus humains en passant par les souris et les protozoaires.»

Pierre Chartrand

On trouvera dans le nouveau pavillon Marcelle-Coutu une plateforme protéomique, une infrastructure pour la manipulation génomique, une plateforme consacrée à la biologie cellulaire et une animalerie pour souris transgéniques, qui abritera dans un premier temps 7500 cages renfermant 35 000 souris. À l’ouverture de la première phase, à l’automne, près de 20 équipes de chercheurs prendront place dans les laboratoires de l’IRIC, mais ils n’occuperont que la moitié des locaux disponibles, ce qui permettra d’augmenter leur nombre au cours des prochaines années.

Trois projets du CHUM

Dans le domaine biomédical, trois projets du CHUM ont également obtenu des fonds importants. La plateforme biotechnologique pour l’étude des maladies humaines (4,4 M$ de la FCI et 11 M$ au total), un projet de Pavel Hamet, directeur de la recherche au centre de recherche du CHUM, permettra de mener des travaux en génomique fonctionnelle sur les problèmes cardiovasculaires et métaboliques, le cancer, l’ostéoporose, le vieillissement et le développement. Ces travaux mettront un accent particulier sur les interactions environnementales.

Les infrastructures demandées pour le nouveau Centre de recherches sur le diabète de Montréal (5,8 M$ de la FCI et 14,5 M$ au total), créé en collaboration avec l’Université

Pavel Hamet

McGill, vont de leur côté permettre d’élaborer de nouvelles thérapies pour la lutte contre le diabète des types 1 et 2. Ce projet de Marc Prentki, professeur au Département de nutrition, vise entre autres à produire, pour la transplantation, des cellules sécrétant de l’insuline.

Enfin, le projet de Rafick-Pierre Sékaly (5,3 M$ de la FCI et 13,2 M$ au total), directeur scientifique de CANVAC, a pour but de mettre sur pied un laboratoire national d’étude de la réponse immunitaire humaine à de nouveaux vaccins contre les maladies infectieuses, le cancer et l’auto-immunité.

À la Faculté de médecine vétérinaire, un projet d’intégration de la qualité de l’environnement et de la production animale (4,8 M$ de la FCI et 12 M$ au total) dirigé par le professeur Vincent Girard a pour objectif de créer une ferme modèle principalement axée sur l’élevage du porc. «On y étudiera des solutions pour produire de la viande de porc sans empoisonner notre environnement», résume Alain Caillé.

Du côté des nanotechnologies

Le secteur des nanotechnologies a également profité de la manne de la FCI. Le projet d’infrastructure piloté par le chimiste Richard Martel, récemment rapatrié du IBM T.J. Watson Center, dans l’État de New York, a reçu 8,2 M$ de la Fondation (pour un total de 20,4 M$). Le premier objectif de ce projet, qui regroupe des experts universitaires et industriels de divers domaines incluant la chimie, la physique et l’ingénierie, est de stimuler la recherche pure et appliquée sur les matériaux électroniques et les nanosystèmes. «Avec cette infrastructure, Montréal devient le centre de la recherche en nanotechnologies dans l’est du Canada», affirme le chercheur.

Richard Martel

Un autre chimiste, le professeur William Lubell, a également obtenu une subvention importante de la FCI (6 M$, pour 15 M$ au total) pour un projet de chimie combinatoire.

Au lieu de l’expérimentation séquentielle traditionnelle, les scientifiques de l’approche combinatoire emploient des appareils qui orchestrent des réactions parallèles afin de les étudier simultanément. Cette approche devrait mener à la découverte de nouveaux médicaments, catalyseurs, capteurs et matériaux.

Grâce aux fonds de la FCI, les membres du Groupe de recherche en neuropsychologie et cognition du professeur Franco Lepore auront de leur côté accès à un nouveau laboratoire (2,6 M$ de la FCI et 6,4 M$ au total) équipé, entre autres, d’un magnéto-encéphalogramme, un système unique d’imagerie cérébrale.

Et du côté de Poly

Trois projets de l’École Polytechnique ont aussi récolté des fonds de la FCI. Le Centre de recherche, développement et validation des technologies et procédés de traitement des eaux, un projet du professeur Raymond Desjardins (5 M$ de la FCI et 12,5 M$ au total), a pour objectif de créer un pôle d’excellence en recherche sur les technologies de traitement des eaux usées municipales et industrielles dans une perspective de développement durable. Les chercheurs pourront travailler à toutes les échelles (laboratoire, banc d’essai et pilote préindustriel), ce qui favorisera l’application rapide des connaissances accumulées au Centre.

Un projet d’infrastructure de recherche avancée en nanorobotique (1,8 M$ de la FCI et 4,4 M$ au total) de Sylvain Martel, professeur au Département de génie informatique, vise la fabrication à haute vitesse de structures obtenues par l’assemblage d’éléments de taille moléculaire. Dans le domaine de la nanomédecine, on étudiera la propulsion et le guidage de microdispositifs spéciaux dans les vaisseaux sanguins, une technique qui permettrait d’offrir une solution de rechange à des traitements médicaux plus invasifs.

Finalement, le projet de laboratoire de fabrication intelligente des composites (1,2 M$ de la FCI et 3 M$ au total) du professeur François Trochu, du Centre de recherche appliquée sur les polymères, consiste à implanter au Québec un centre de fabrication d’avant-garde pour les matériaux composites à haute performance. Ce projet pourrait avoir des applications dans les secteurs automobile, aéronautique et éventuellement en génie civil.

Le groupe de chercheurs réunis par le professeur Trochu est multidisciplinaire, comme la plupart des équipes qui travailleront dans les nouvelles installations mises sur pied grâce aux fonds de la FCI. «Ces nouveaux projets renforcent notre capacité d’innovation et nous permettront d’accroître les retombées directes pour la population canadienne», a déclaré Christophe Guy, directeur de la recherche et de l’innovation à l’École Polytechnique.

Marie-Claude Bourdon



 
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