Édition du 15 mars 2004 / volume 38, numéro 24
 
  Capsule science
À quoi rêvent les étudiants?

À quoi rêvent les étudiants? Qu’ils sont poursuivis et ne parviennent pas à s’échapper; qu’ils vivent une expérience sexuelle; qu’ils tombent dans le vide. Mais les deux tiers des étudiants (67 %) rêvent aussi fréquemment à leur établissement d’enseignement, leurs professeurs et leurs études. Ils s’imaginent arriver en retard à un examen par exemple.

C’est ce qui ressort d’une étude menée auprès de 1181 étudiants canadiens par l’équipe du psychologue Tore Nielsen, professeur au Département de psychiatrie et directeur du Laboratoire des rêves et cauchemars de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Il vient de publier un article sur le sujet dans la revue Dreaming: «The Typical Dreams of Canadian University Students» (vol. 13, no 4, décembre 2003). «Notre vraie surprise, ce n’est pas qu’il y ait des particularités chez les rêves des jeunes. C’est plutôt l’inverse: il semble incroyable que les rêves demeurent les mêmes depuis un demi-siècle. Les rêves les plus courants ne semblent pas se modifier avec le temps.»

Conçu en 1958 par un spécialiste des rêves, R.M. Griffith, le «Questionnaire des rêves typiques» a en effet révélé peu de changements d’une époque à l’autre et même d’un pays à l’autre. Pour les besoins de la recherche du professeur Nielsen, 26 questions ont été ajoutées aux 29 originales du questionnaire et 3 ont été modifiées. Mais essentiellement, on peut dire que, plus ça change, plus les rêves sont pareils. Les femmes, en 2004, font encore davantage de cauchemars que les hommes et ceux-ci ont toujours plus tendance à rêver en couleurs. «Les femmes rapportent plus souvent des éléments négatifs (échec, perte de contrôle, serpents et insectes) et les hommes des éléments positifs (magie, vie extraterrestre)», dit le résumé.

Mais pourquoi étudier les rêves chez les étudiants? Parce que le groupe de répondants forme une population homogène pour ce qui est de l’âge et de la scolarité – on a sélectionné des étudiants de première année en psychologie – et qu’ils partagent la même langue. Les répondants provenaient de trois universités canadiennes: McGill, Trent et Alberta. L’étude n’a pas mis au jour de différences régionales majeures. Tout au plus peut-on dire que les étudiants de l’université albertaine rêvent plus souvent qu’ils trouvent de l’argent, comparativement à ceux du Québec ou de l’Ontario.

Mais Tore Nielsen va plus loin. «Étudier les rêves, c’est approfondir notre connaissance du cerveau humain. Nos rêves révèlent des informations sur le stockage et le tri de nos préoccupations, très liées à la culture et à l’éducation. Ce n’est pas ce genre de recherches qui sauve des vies, mais nos travaux en psychologie expérimentale peuvent en dire long sur la santé mentale et l’organisation de la pensée.»

Le professeur Nielsen n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Il cherche actuellement à savoir, grâce à un immense échantillon de répondants, si la réalité virtuelle et l’omniprésence de l’ordinateur nous influencent jusque dans notre sommeil paradoxal. Selon lui, de nombreux jeunes naviguent sur Internet plusieurs heures durant, jusqu’au moment d’aller se coucher. Ce flux d’images pourrait contribuer à meubler l’activité onirique.

D’ailleurs, le chercheur invite les lecteurs de Forum à se rendre sur le site du Laboratoire des rêves et cauchemars. Le but: répertorier et étudier les rêves chez des hommes et des femmes de tous âges, nationalités et langues. Objectif: 20 000 répondants. Pas nécessaire d’être un grand rêveur pour répondre au sondage, qui se remplit en quelques minutes.

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Le laboratoire de l’Hôpital du Sacré-Cœur est à la recherche de participants pour une étude sur les cauchemars. On communique avec Geneviève au (514) 338-2222, poste 2783.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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