Édition du 22 mars 2004 / volume 38, numéro 25
 
  Le son des vagues, ça marche!
Les résultats du masquage des bruits de chantier de l’autoroute Décarie dépassent les attentes

Tony Leroux mesurant l’intensité sonore de l’autoroute Décarie.

L’expérience inusitée, et sans doute unique au monde, de masquage des bruits d’un chantier de construction sur l’autoroute Décarie a donné des résultats très convaincants, dépassant même les attentes du professeur Tony Leroux, qui a dirigé cette recherche.

L’expérience, rapportée dans Forum le 8 octobre dernier («S’endormir au son des vagues dans N.-D.-G.»), consistait à masquer les bruits du chantier à l’aide de sons de vagues et de chutes d’eau. Pendant trois semaines, de 22 h à 5 h, des haut-parleurs géants ont diffusé en plein air et en alternance des sons de vagues et des sons de chutes d’eau à un niveau de 60 à 65 dB, les bruits du chantier variant de 55 à 60 dB. Un autre volet de l’expérience consistait en la diffusion de ces mêmes sons à l’intérieur de certaines résidences.

Tony Leroux, professeur au Département d’orthophonie et d’audiologie, a été sollicité par le ministère des Transports afin de concevoir cette expérience à la suite de plaintes formulées par des résidants que le vacarme perturbait pendant la nuit.

Retrouver le sommeil

Les résultats montrent que la proportion de gens qui disaient avoir de la difficulté à s’endormir à cause du bruit est passée de 80 %, lorsqu’il n’y avait aucun masque sonore, à 25 % avec la diffusion des sons de vagues et de chutes. La proportion de résidants qui se plaignaient de se faire réveiller une fois endormis est passée de 75 à moins de 40 %.

Même si les masques sonores peuvent eux-mêmes constituer une source d’agacement, plus de 80 % des répondants ont jugé les sons de vagues utiles et moins de 10 % les ont trouvés dérangeants. Les sons de chutes se sont par contre avérés plus agaçants qu’efficaces.

«Les résultats sont très nets et très marqués; ils dépassent nos attentes», affirme le professeur Leroux.

Les différences d’appréciation entre les deux masques s’expliquent, à son avis, par leurs caractéristiques tant sonores qu’émotives. «Même si les sons de chutes masquent bien, leur tonalité est plus aiguë que celle de l’océan et se révèle peut-être plus énervante. Étant plus graves, les sons de vagues couvrent plus de fréquences sonores. De plus, ils sont associés, dans l’esprit des gens, au calme et aux vacances.»

Tony Leroux reprendra l’expérience l’été prochain dans l’arrondissement Anjou, en bordure du chantier du viaduc Roy-René sur l’autoroute 40. Le projet, qui s’étalera cette fois sur trois mois, recourra à trois sons, l’un chargé négativement sur le plan émotif (bruits routiers), le deuxième chargé positivement (vagues) et le troisième neutre (son artificiel ne pouvant être associé à rien de particulier).

Daniel Baril



 
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