Daniel Bélanger a fait rêver ses admirateurs.

«Si j’étais allé à l’université, je ne serais pas ici ce soir», a lancé Daniel Bélanger en rigolant aux quelque 4000 personnes venues assister au spectacle Le français en scène jeudi dernier au stade d’hiver du CEPSUM. Apparemment, l’artiste n’avait aucun regret d’avoir abandonné ses études: il était la plus attendue des vedettes qui se sont succédé sur la scène durant ce spectacle animé par Louise Forestier et Jim Corcoran.

Diplôme ou pas, l’auteur de Rêver mieux a rempli l’espace avec son charisme peu commun… et sa guitare. À plusieurs reprises, il a laissé chanter ses admirateurs, qui connaissaient ses chansons par cœur.

L’artiste a ensuite été rejoint par son vieux complice Marc Déry, qui se souviendra de ce jour toute sa vie puisque sa conjointe avait donné naissance à leur premier enfant quelques heures plus tôt: Alice. Six milliards de solitudes… plus une, aurait pu chanter Daniel Bélanger.

Le spectacle, marquant un moment fort dans les célébrations du 125e anniversaire de l’UdeM, s’inscrivait également dans la Semaine du français et de la francophonie. C’est Louise Forestier qui a eu la responsabilité de réunir des chanteurs pour servir les deux causes. Son choix s’est porté sur un dosage réussi de valeurs sûres et d’étoiles montantes. Pour tout dire, c’était la première fois que Jim Corcoran entendait deux des artistes avec qui il se produisait: Nathalie Renault et Yann Perreau. La première, une ancienne de la Faculté de musique, a interprété deux chansons sur son Acadie natale. Quant à Yann Perreau, il a étonné l’assistance par sa créativité et son côté bête de scène. Pour sa part, Marc Déry a séduit tout le monde avec son énergie et sa chanson Ostie qu’il se lève tard: «Y aurait pu faire un médecin / un avocat / un homme influent / mais Ostie qu’il se lève tard…»

La publicité avait promis un invité-surprise. Zachary Richard est arrivé de l’arrière-scène pour compléter un duo avec Louise Forestier. Américain, cajun, québécois d’adoption «mais surtout citoyen du monde», comme il le précise dans sa biographie, le poète de 54 ans a magnifiquement interprété Au bord du lac Bijou et La ballade de Jean Batailleur.

Lui aussi a fait référence à son parcours universitaire: «J’ai une maîtrise en alcool…»

Jim le philosophe

Ancien étudiant en philosophie, Jim Corcoran partage avec les autres invités le même amour des mots. Mais il est le seul à avoir délibérément choisi la langue française. Anglophone de naissance, il a eu le coup de foudre pour le français lorsqu’une francophone l’a embrassé «avec sa langue» quand il était adolescent. Il ne s’en est jamais remis.

Auteur de plusieurs disques, il a reçu l’an dernier le Mérite d’honneur du français et de la francophonie en éducation, un honneur qui avait échu auparavant à Gilles Vigneault, Lise Bissonnette et Marc Favreau.

Transformée en cabaret, la patinoire du CEPSUM a accueilli son premier spectacle en plus d’un an. La qualité du son, excellente dans la seconde partie du spectacle, n’était pas à son meilleur dans la première partie, qui mettait en vedette le groupe (n=1), formé de quatre étudiants au doctorat en biochimie et en pharmacologie (voir  www.rockscientifique.ca ). À moins de connaître déjà Radicaux libres, le premier disque du groupe, les spectateurs n’ont pas pu apprécier à leur juste valeur des chansons comme Souris hétérozygote ou Eco R1. Deux chansons inédites ont aussi été interprétées par ce quatuor de «rock scientifique» qui se présente sur scène en sarrau: Labo blues et OK Shirley.

Quatre meneuses de claques des Carabins ont participé à la prestation du groupe: Cindy Charbonneau, Geneviève Leblanc, Caroline Larochelle et Nadia Sellito. Elles sont respectivement étudiantes en génie chimique, psychologie, droit et physiothérapie.

Le concert a pris fin sur la voix envoûtante de Daniel Bélanger invitant les spectateurs à «rêver mieux».

Mathieu-Robert Sauvé