Édition du 29 mars 2004 / volume 38, numéro 26
 
  Danse contemporaine et vie universitaire
La troupe Danse Université de Montréal invite le public à son spectacle de fin d’année

Les danseurs de la troupe DUM sont prêts pour le spectacle.

Nerveux, François-Joseph Lapointe? Pas encore. Mais il s’attend à avoir le sommeil perturbé à la veille de monter sur la scène du Centre d’essai, le 2 avril, pour la première du spectacle de la troupe Danse Université de Montréal (DUM), intitulé (+1...). Une première pour la troupe, mais aussi pour le professeur du Département de sciences biologiques, qui rêvait de danser depuis plusieurs années. «Je suis confiant parce que je sais que nous sommes prêts, dit-il. Mais je sens une fébrilité, une excitation grandissante chez les 15 danseurs de la troupe.»

L’an passé, le spectacle de la DUM a rempli le Centre d’essai quatre soirs d’affilée. Les danseurs sont de tous les âges et de différentes disciplines: anthropologie, sciences biologiques, médecine, génie. François-Joseph Lapointe, 37 ans, est le seul professeur de la troupe. Et quand il a passé son audition, en septembre dernier, il avait un trac terrible. «Il y avait longtemps que je n’avais pas subi un examen, relate-t-il en riant. Quand la chorégraphe m’a dit qu’elle me gardait, j’étais fou de joie!»

La chorégraphe Anne-Marie Jourdenais, qui s’occupe de la DUM depuis quatre ans au Service des activités culturelles, a apprécié chez lui «son ouverture d’esprit et son énergie», des qualités appréciables compte tenu du spectacle qu’elle voulait créer cette année. «J’ai voulu intégrer les danseurs dans le processus créatif, explique-t-elle. Cela leur a demandé une participation constante. Ce spectacle leur appartient autant qu’à moi.»

De l’athlétisme à la danse

 

Stéphanie Dame Husereau (à l’avant-plan) partage la scène avec François-Joseph Lapointe.

François-Joseph Lapointe est plus habitué à courir les reptiles et les chauves-souris aux quatre coins du monde qu’à exécuter des pas de deux. D’ailleurs, aussitôt que les spectacles seront terminés, il s’envolera vers Madagascar rejoindre son étudiant Sébastien Rioux-Paquette, qui tente de sauver dans le désert une espèce vulnérable, la tortue radiée.

Ancien athlète de compétition (il a couru avec Bruny Surin et Ben Johnson dans les années 80), le jeune François-Joseph a dû choisir entre le sport de haut niveau et les études supérieures. «J’ai choisi les études, me disant que je pourrais toujours faire du sport dans mes temps libres.»

Mais la vie universitaire et les obligations paternelles l’ont gardé à distance des activités sportives. Il passe beaucoup de temps à préparer ses cours, et ses travaux de recherche l’occupent énormément. Professeur apprécié de ses étudiants, il a obtenu le Prix d’excellence en enseignement de l’Université l’an dernier dans la catégorie des professeurs agrégés.

Seul loisir: les spectacles de danse. Curieusement, c’est grâce à un abonnement aux Grands Ballets canadiens qu’il a été mis en contact avec la danse contemporaine. Au cours d’une saison, il a eu un choc en voyant ce que les chorégraphes et les danseurs pouvaient exprimer à travers leurs corps en mouvement. Depuis, il dévore les spectacles de danse, du Festival international de la nouvelle danse aux productions plus marginales. Il peut voir une centaine de spectacles par an.

L’an dernier, après être sorti bouleversé du spectacle de la DUM, il s’est dit: «L’année prochaine, je serai sur les planches.»

Un art exigeant

François-Joseph Lapointe, dont les traits slaves rappellent vaguement Rudolf Noureev, a particulièrement hâte à son duo intitulé «La frontière». Il dure 2 min 49 s et a exigé presque six mois de préparation. «Si l’on m’avait dit qu’un jour je ferais de la danse contemporaine quand je m’entraînais en vue de compétitions d’athlétisme, je ne l’aurais pas cru. Pourtant, c’est un art très exigeant. Après nos répétitions, nous sommes épuisés.»

Chaque fois que la troupe DUM organise ses auditions, une soixantaine de personnes s’y présentent pour une quinzaine de places. Les auditions donnent lieu à un tel engouement qu’on a décidé de créer une seconde troupe, Synapse. Celle-ci réunit une vingtaine de danseurs et donne un spectacle par année, en première partie du spectacle de la DUM.

C’est en l’honneur de Mme Jourdenais, enceinte de sept mois, et du bébé à venir, que le spectacle a été baptisé (+1...). Elle dit avoir beaucoup apprécié son expérience consistant à laisser beaucoup de liberté aux danseurs. Le spectacle s’est construit à partir d’improvisations diverses. «Ce spectacle illustre bien que chaque personne peut faire une différence. Même lorsqu’on a l’impression que notre vie n’a pas d’emprise sur la marche du monde.»

En plus de ses activités de chorégraphe, Anne-Marie Jourdenais est interprète, répétitrice et enseignante.

Mathieu-Robert Sauvé

(+1...), de la troupe Danse Université de Montréal, du 2 au 4 avril à 20 h (aussi à 14 h le dimanche). Prix d’entrée: 10 $ pour les étudiants, 15 $ pour le grand public. Au Centre d’essai, Pavillon J.-A.-DeSève, 2332, boulevard Édouard-Montpetit.



 
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