Édition du Édition du 5 avril 2004 / volume 38, numéro 27
 
  Un superordinateur pour des superchercheurs
Le RQCHP inaugure le plus puissant ordinateur à mémoire partagée du Canada

Laurent Lewis et Ghyslain Boisvert devant le superordinateur SGI Altix 3700

Les climatiseurs de la salle à accès limité du Pavillon Roger-Gaudry font un bruit assourdissant. C’est qu’ils ont pour tâche de garder à une température convenable le plus puissant ordinateur à mémoire partagée du Canada: le SGI Altix 3700, acquis récemment au coût de 17,7 M$. En février dernier, cet imposant appareil a commencé à obéir aux commandes du Réseau québécois de calcul de haute performance (RQCHP).

«Imaginez que vous vous présentez à la caisse de votre supermarché avec une épicerie gigantesque. Au lieu d’attendre à une seule caisse que tous vos achats soient enregistrés, ce sont les 12 caisses qui effectuent simultanément l’opération pour une partie des articles. Cela vous donne un aperçu de ce que nous pouvons faire ici pour augmenter la vitesse de nos calculs… C’est le principe du parallélisme!» explique Laurent Lewis, directeur du Département de physique et du RQCHP.

Pour son ancien étudiant Ghyslain Boisvert, directeur exécutif du RQCHP, cet outil est une petite merveille en nanotechnologies, notamment. «Si j’avais eu accès à un tel ordinateur quand j’ai fait mon doctorat, j’aurais réalisé en quelques mois un travail qui m’a pris plusieurs années.»

Le superordinateur SGI Altix 3700 est la pièce maîtresse du «cerveau» du Réseau. Mais ce n’est pas le seul appareil à s’être ajouté, au cours des dernières semaines, dans l’aile S du Pavillon Roger-Gaudry. Un ordinateur NEC SX-5C, valant 1,5 M$, un appareil de stockage SGI et d’autres périphériques ont été installés dans cette salle dont l’aménagement a coûté à lui seul 1,2 M$. Au total, ce sont plus de 33 M$ qui ont été injectés dans ce projet qui comprend la mise en place d’un nouvel appareil à l’Université de Sherbrooke.

Les contributions sont venues de la Fondation canadienne pour l’innovation (10,8 M$), du gouvernement du Québec (10,7 M$), de SGI (10,5 M$) et d’autres partenaires industriels (1,2 M$).

Tradition de calcul scientifique

En installant cette nouvelle puissance de calcul sur les flancs du mont Royal, le RQCHP reconnaît que l’Université a une tradition de calcul de haute performance, selon Laurent Lewis. «Ce n’est pas d’hier que nos chercheurs se distinguent dans le domaine. Dans les années 70, des chimistes de l’UdeM se sont fait connaître grâce à leurs travaux en théorie quantique, permettant à Montréal de devenir l’un des centres mondiaux du calcul scientifique.»

Aux États-Unis, on ne trouve que deux autres superordinateurs Altix d’une taille comparable à celui qu’inaugure cette semaine le Réseau, l’un à la NASA et l’autre au Pacific Northwest National Laboratory. Au Canada, certains centres de recherche peuvent compter sur de puissants ordinateurs, mais il s’agit dans la plupart des cas d’une technologie dite de grappes (clusters), qui met en réseau plusieurs composantes. Le superordinateur de l’Université de Montréal relève d’une autre technologie, «à mémoire partagée», qui rend possibles de très gros calculs gourmands en mémoire.

Mais au-delà de la performance technique, ce qui réjouit le plus M. Lewis, c’est le fait que les étudiants disposeront d’un appareillage technologique qui leur permettra d’aller plus loin dans leurs travaux. «La formation des étudiants est notre raison d’être», dit-il.

Ghyslain Boisvert peut en témoigner. Son doctorat, dont le sujet était la modélisation de la diffusion d’atomes sur une surface métallique, a été entamé il y a plus de 10 ans. Aussi bien dire le Moyen Âge. «J’ai effectué mes calculs sur un ordinateur de 8 processeurs doté d’une mémoire de 1 gigaoctet. Celui-ci compte 128 processeurs et 512 gigaoctets. Ça vous donne une idée du chemin parcouru.»

300 chercheurs

Le RQCHP regroupe une soixantaine de chercheurs et leurs équipes, soit environ 300 personnes. Créé en 1999 grâce à une subvention de la Fondation canadienne pour l’innovation de 16 M$, il a reçu une nouvelle tranche de subventions en 2002, dont le superordinateur est une conséquence directe.

Les physiciens ne seront pas les seuls à utiliser les nouveaux dispositifs. Les chercheurs du Réseau «travaillent dans un large éventail de disciplines et de domaines scientifiques, tant en sciences fondamentales qu’en sciences appliquées», précise M. Lewis. Ils se retrouvent en astrophysique, physique et chimie des matériaux, nanosciences, chimie pharmaceutique, bio-informatique, génie mécanique et aéronautique, génie biomédical, génie civil, génie informatique, gestion et optimisation des réseaux de transport et de télécommunications, sciences de l’environnement, etc.

Parmi les chercheurs de l’Université et des établissements affiliés qui bénéficieront à court terme des nouvelles possibilités du Réseau, mentionnons Yoshua Bengio, Michel Côté, Georges Michaud, Normand Mousseau, Stanley Nattel, Laurent Lewis, Laël Parrott et Hervé Philippe.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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