Édition du Édition du 5 avril 2004 / volume 38, numéro 27
 
  Où mènent les sciences politiques?
Le député Alexandre Bourdeau rencontre ses ex-collègues

Alexandre Bourdeau

«L’Assemblée nationale a besoin de jeunes pour brasser les politiciens.» C’est l’un des messages qu’est venu livrer Alexandre Bourdeau, député de Berthier, à ses ex-collègues du Département de science politique au cours de la journée carrière tenue le 24 mars dernier.

Près d’une vingtaine de diplômés du Département ont tour à tour présenté leur expérience de travail dans les domaines des communications, de l’administration publique, de la politique, des relations internationales ou au sein de groupes de pression. Cette journée est organisée chaque année par le Département afin d’informer les étudiants des perspectives de carrière qui s’ouvrent aux diplômés en sciences politiques.

Alexandre Bourdeau, la vedette de la journée, a été élu il y a tout juste un an, alors qu’il était encore étudiant à l’UdeM. Diplômé depuis décembre dernier, il est, à 26 ans, le plus jeune député de l’Assemblée nationale. On se souvient qu’il a redonné la circonscription de Berthier au Parti québécois après que l’adéquiste Marie Grégoire eut battu le candidat vedette David Levine à une élection complémentaire.

Ajouter la pratique à la théorie

Sans se faire d’illusions sur l’issue de l’élection, Alexandre Bourdeau rêvait tout de même de la remporter quand il s’est présenté comme candidat. Mais il souhaitait surtout aller chercher l’expérience d’une campagne électorale pour poursuivre ensuite ses études au deuxième cycle. «Plus la campagne avançait, plus je réalisais que l’expérience allait durer au moins quatre ans», affirme-t-il.

Le jeune diplômé a même reconnu que, lorsqu’il a eu à choisir un champ d’études universitaires, il a d’abord évité les sciences politiques: «En sciences politiques, c’était l’emploi zéro!» croyait-il. Il a préféré le génie informatique avant de bifurquer vers la chimie en visant une carrière en enseignement.

Devenu militant à la FAECUM, on l’a surnommé le «chimiste politique». C’est en tant que militant étudiant qu’il a eu ses premiers contacts avec les politiciens, ce qui l’a amené à faire le saut en sciences politiques.

Même si, selon ses dires, «il n’y a pas de formation pour être politicien», il retient surtout de ses études au Département la discipline et la rigueur que lui ont transmises ses professeurs. «On se demande, lorsqu’on est étudiant, à quoi peuvent bien servir les cours de méthodologie; ils sont essentiels pour la recherche, reconnaît-il. La rigueur de travail nous permet également de développer des argumentaires solides lorsque vient le temps d’intervenir dans des dossiers.»

Mais son expérience de militant, à la fois dans le mouvement étudiant et à Amnistie internationale, lui a apporté une formation pratique tout aussi essentielle et que les études universitaires ne peuvent fournir. «Je voulais compléter ma formation par la pratique et je peux maintenant vous dire que la théorie est souvent loin de la pratique!»

Alexandre Bourdeau a également fait le tour des diverses tâches qu’inclut son travail de député. «L’aspect le plus connu, soit le fait de siéger à l’Assemblée nationale, est le moins intéressant et celui qui occupe le moins de temps, déclare-t-il. Mais c’est ce que les électeurs veulent voir. On juge malheureusement les députés sur leur capacité à poser des questions ou à y répondre plutôt que sur leurs qualités de travail ou leurs arguments.»

La nature partisane de ce genre d’intervention n’est pas toujours à la hauteur de ce que le jeune député s’attendrait à fournir comme contribution à la société. Le travail en commission parlementaire, moins partisan, lui apparaît plus constructif même s’il reconnaît que la ligne de parti est nécessaire.

En tant que membre d’un parlement provincial, le député souverainiste trouve par ailleurs frustrant de ne pas pouvoir intervenir sur des questions d’ordre international, comme celle des accords de Kyoto.

Le parcours d’Alexandre Bourdeau n’est pas le plus typique des diplômés en sciences politiques. Ce que le monde politique a à offrir à ces diplômés, ce sont plutôt des postes de conseillers, d’attachés politiques et de recherchistes. Pour ce type de fonctions, il n’est pas nécessaire d’avoir milité au sein du parti pour lequel on travaille, mais ça aide! «Le réseau de relations est indispensable», affirme le député.

Finalement, il semble qu’il ne faille pas se diriger en politique active pour faire de l’argent. Avec un salaire de 78 000 $ et un compte de dépenses de 12 000 $, Alexandre Bourdeau estime qu’il pourrait gagner de deux à trois fois plus dans l’entreprise privée, bien qu’un tel salaire soit «très intéressant pour un jeune» prêt à sacrifier tout son temps à sa carrière.

Sans compter l’incertitude. «Dans trois ans, dit-il, je ne sais pas si j’aurai encore mon emploi de député.» Dans le cas contraire, il envisage un retour aux études et l’enseignement.

Daniel Baril



 
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