Édition du 19 avril 2004 / volume 38, numéro 28
 
  Enfin un centre d’études et de recherches internationales à l’UdeM
Jean-François Lisée et François Crépeau créent le CERIUM

Raymond Chrétien et Lucien Bouchard

Un ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, et un spécialiste américain en géostratégie et sécurité, Simon Serfaty, croiseront le fer le 22 avril dans un débat intitulé «La tentation impériale américaine». La France et les États-Unis n’ayant pas les mêmes idées sur l’actuelle crise en Irak, ça promet…

Cette rencontre publique sera la première activité officielle du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM), lancé le 7 avril en présence du président de son conseil d’administration, Raymond Chrétien, de l’ancien premier ministre du Québec Lucien Bouchard et des trois représentants de l’UdeM qui ont créé le Centre: Jean-François Lisée, François Crépeau et Jean-Philippe Therrien.

Selon M. Chrétien, un ambassadeur de carrière qui a représenté le Canada en France, aux États-Unis, au Mexique, en Belgique et au Congo, Montréal jouit d’une excellente situation géopolitique pour observer les tendances internationales. «Revenu tout récemment de Paris, après avoir passé auparavant presque sept ans à Washington, je mesure mieux que jamais la singularité de Montréal comme lieu de rencontre des cultures et des influences américaines et européennes.»

Lucien Bouchard, qui pratique le droit depuis son retrait de la vie politique, en 2001, partage l’opinion de M. Chrétien. «Nous sommes bien vus de tout le monde, dit-il. Mais les États-Unis doivent comprendre que nous sommes tournés vers l’Europe pour des raisons historiques et culturelles. Et l’Europe doit comprendre que nous ne sommes pas des Américains.»

Selon M. Bouchard, le nouveau centre de recherches permettra aux spécialistes de réfléchir sur les relations internationales,

un «sujet formidable». S’il a accepté de siéger au conseil du CERIUM, c’est qu’il s’intéresse à ces questions. Ses fonctions au cabinet Davies, Ward, Phillips & Vineberg, qui possède des bureaux à Paris, Washington et Beijing, l’amènent à voyager régulièrement.

Les portes s’ouvrent

C’est le recteur Robert Lacroix qui a lancé l’idée d’un futur CERIUM dès octobre 2002. Le projet de création d’un centre d’études internationales à l’Université est en fait discuté depuis plusieurs années et a fait l’objet de nombreuses propositions de la part de professeurs, d’unités académiques, de doyens engagés dans ce secteur ainsi que des membres du Conseil d’orientation et de planification des relations internationales de l’Université. En juillet 2002, le vice-recteur à la planification et aux relations internationales, François Duchesneau, en a fait la proposition formelle. Le recteur a fait de l’implantation du Centre une priorité d’action dans ses discours d’octobre 2003.

« Notre organisme permettra de rassembler des chercheurs engagés dans différents secteurs des études internationales, explique M. Lisée, directeur exécutif du CERIUM. Il existait déjà des regroupements de chercheurs comme la chaire Jean-Monnet ou le Centre d’études allemandes et européennes mais aucun centre interdisciplinaire fédérant toutes ces approches. Nous allons chercher à promouvoir les échanges transversaux, à financer des bourses, à donner de la visibilité aux spécialistes d’ici. »

Actuellement, plus de 22 départements et unités contribuent au programme de maîtrise en études internationales. Le CERIUM permettra à tous ces gens de communiquer entre eux et de travailler ensemble. « Ma tâche consistera à réunir les chercheurs et à trouver un fil conducteur entre eux », signale le directeur scientifique du CERIUM, François Crépeau, professeur de droit international.

En tout cas, Jean-François Lisée a bien l’intention de déposer ses valises à l’Université, lui qui a été conseiller au bureau des premiers ministres Jacques Parizeau et Lucien Bouchard après avoir été journaliste à L’actualité. Même s’il n’a pas étudié à l’UdeM, il se trouve très heureux ici. «Vue de Québec, l’Université de Montréal est la grande dame des universités québécoises. Je me suis rendu compte de sa crédibilité quand j’ai cherché des administrateurs pour le CERIUM, dit-il. Les réponses aux messages laissés ont été rapides.»

Un réseau enviable

Le réseautage des membres bénévoles du conseil feraient l’envie de plusieurs organisations. Outre l’ancien premier ministre Bouchard et M. Chrétien y siègent Guy Crevier, président et éditeur de La Presse et président de Gesca, Jacques Bougie, ancien président d’Alcan, Marie-Bernard Meunier, ambassadrice du Canada en Allemagne, et Jean-Louis Roy, ancien directeur du Devoir et secrétaire général de l’Agence de la Francophonie. Trois représentants de l’Université de Montréal s’y trouvent aussi: François Duchesneau, Jacques Frémont, doyen de la Faculté de droit, et Joseph Hubert, doyen de la Faculté des arts et des sciences.

Le CERIUM entend réaliser plusieurs projets. Des conférences, des séminaires, des colloques, des ateliers et des stages d’été seront organisés. L’année 2004-2005 sera consacrée à la mise en place des assises de ce nouveau centre, mais on prépare déjà une activité d’envergure pour le printemps 2005.

«Nous sommes très enthousiastes, dit François Crépeau. Les enjeux internationaux sont au nombre des préoccupations de toute la société québécoise et je pense qu’il était temps que l’Université se dote d’un centre comme celui-là.»

Mathieu-Robert Sauvé

Le débat «La tentation impériale américaine», avec Simon Serfaty et Hubert Védrine, aura lieu le 22 avril à 12 h au centre Mont-Royal. Prix d’entrée: 60 $ (enseignants: 35 $; étudiants: 25 $), taxes en sus. Information: < www.cerium.ca >.



 
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