Édition du 19 avril 2004 / volume 38, numéro 28
 
  Capsule science
Pourquoi y a-t-il plus d’allergies?

Bientôt, la saison des yeux qui piquent, des éternuements et des sinus bouchés va commencer pour tous ceux, de plus en plus nombreux, qui souffrent d’allergies. Non seulement il y a davantage d’allergies – l’incidence de l’asthme, par exemple, a doublé au cours des 15 dernières années –, mais elles sont de plus en plus graves. «Ce phénomène, qu’on observe uniquement dans les pays industrialisés, est probablement lié à une modification des conditions d’hygiène et donc à une modification de l’environnement microbiologique durant les premières années de vie», explique le Dr Guy Delespesse, professeur à la Faculté de médecine et directeur du Laboratoire de recherche sur les allergies du CHUM, à l’hôpital Notre-Dame. Dans les régions du monde où les conditions de salubrité n’ont pas connu d’amélioration, on n’a observé aucune augmentation de la fréquence des allergies.

Le milieu de plus en plus aseptisé dans lequel nous évoluons depuis une trentaine d’années réduit l’exposition des jeunes enfants aux bactéries, mais les médicaments, prescrits en abondance, jouent aussi un rôle. «Aujourd’hui, un bébé tousse et on lui donne des antibiotiques», note le Dr Delespesse. La fréquence des infections diminue, ce qui entraîne une transformation de la flore intestinale. Or, c’est la flore intestinale qui éduque le système immunitaire et l’allergie est une réponse aberrante du système immunitaire.

«Le système immunitaire est éduqué au cours des premières années de la vie par les bactéries auxquelles il est exposé, particulièrement les bactéries qui sont ingérées ou inhalées, rappelle le Dr Delespesse. Les bactéries apprennent au système immunitaire comment réagir à l’égard des substances étrangères. Comme il y a une modification de l’hygiène, il en résulte une modification notable de la flore intestinale.» Et une flore bactérienne appauvrie a du mal à accomplir sa tâche d’éducation. Les lymphocytes, sentinelles du système immunitaire, reconnaissent comme des intruses des substances inoffensives pour l’organisme humain. Résultat? La réaction allergique: une production d’anticorps ayant pour but de neutraliser l’agent étranger.

Toutes les allergies, qu’elles soient respiratoires, cutanées ou alimentaires, sont en croissance. Et la prévention primaire s’avère difficile: on ne va pas conseiller aux parents de faire ingérer des saletés à leurs enfants sous prétexte d’éduquer leur système immunitaire! De même, alors que le fait d’être exposé à la présence d’animaux durant les deux premières années de la vie réduit les risques de souffrir d’allergies, les médecins ne recommandent pas l’adoption d’un animal à titre préventif: comme les maladies allergiques ont aussi une composante héréditaire, un enfant qui risque de développer une allergie aux chiens ou aux chats aura probablement au moins un parent déjà allergique.

Marie-Claude Bourdon



 
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