Édition du 3 mai 2004 / volume 38, numéro 29
 
  Guérir du stress post-traumatique
La participation d’un proche de la victime à la psychothérapie favorise sa guérison

Le Dr Stéphane Guay recrute des participants pour une étude sur le traitement du stress post-traumatique.

Personne n’est à l’abri d’évènements dramatiques ou traumatisants. Selon diverses études, de 25 à 33 % des individus qui vivent un épisode intensément stressant seront atteints du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Ce trouble peut apparaître à la suite d’un accident, d’une agression sexuelle, d’une prise d’otages, d’un vol à main armée ou d’un incendie par exemple.

Les victimes du TSPT auront tendance à revivre l’évènement de façon envahissante et à un point tel que le cauchemar les empêchera de mener une vie normale. «Pour diagnostiquer un trouble de stress post-traumatique, il faut que les symptômes persistent dans le temps et qu’ils entraînent une souffrance cliniquement significative ou des problèmes de fonctionnement social ou professionnel», explique le Dr Stéphane Guay, chercheur au Département de psychiatrie de la Faculté de médecine et au Centre de recherche Fernand-Seguin.

L’irritabilité, le manque de concentration, les troubles du sommeil, la transpiration excessive, la phobie de certains objets ou lieux rappelant l’épisode figurent aussi parmi les symptômes du TSPT. De plus, 80 % des victimes de ce syndrome souffrent de dépression, de dysfonctions sexuelles ou de phobie sociale. Les femmes sont deux fois plus à risque que les hommes.

Briser l’isolement

Stéphane Guay effectue présentement une étude sur diverses formes de thérapies cognitivo-béhavioristes qui permettent de venir à bout du stress post-traumatique ou du moins de le réduire en faisant intervenir un proche de la victime dans le déroulement de la thérapie.

«Des recherches révèlent que le manque de soutien social est un des principaux facteurs de risque dans le développement d’un TSPT, souligne-t-il. Cette absence de soutien est parfois même un élément plus important que la gravité de l’évènement vécu.»

Un projet pilote réalisé l’an dernier par le Dr Guay a montré que la présence du conjoint de la victime à certaines rencontres thérapeutiques lui permettait d’apporter un meilleur soutien et que ceci améliorait la relation du couple.

«Les conjoints tentent du mieux qu’ils peuvent de soutenir l’autre, reconnaît le psychiatre. Mais leur intervention risque d’être contreproductive si elle n’est pas bien menée. Certaines victimes refusent de parler de leur traumatisme, ce qui peut inciter le conjoint à éviter lui aussi le sujet. D’autres au contraire ont de la difficulté à se détacher de leurs émotions. Il arrive aussi que le conjoint cherche à dédramatiser la situation en diminuant la gravité de l’évènement ou même en rejetant la pertinence d’une réaction qu’il trouve exagérée.»

Le psychiatre estime qu’il faut plutôt amener la victime à parler de ses sentiments et de ses craintes même si leur évocation peut être douloureuse et lourde pour les proches. Afin de maximiser l’appui que ces derniers peuvent apporter et d’éviter des erreurs de leur part, mieux vaut qu’ils soient en contact avec le thérapeute.

Désensibilisation

Le projet de recherche du Dr Guay vise à comparer une thérapie individuelle avec une thérapie dans laquelle l’aide d’un proche est sollicitée. Le proche peut être, selon le choix de la victime, un membre de la famille, un ami ou le conjoint.

La thérapie offerte est du type cognitivo-béhavioriste. «Les études ont prouvé que c’est ce genre d’approche qui a le plus d’effet sur la réduction des symptômes du stress post-traumatique», affirme le chercheur.

L’approche vise à désensibiliser la victime face à son traumatisme en l’amenant graduellement à exposer le scénario de l’évènement et en lui apprenant à gérer son anxiété. La victime doit aussi être attentive aux signes de rechute, comme le refus d’aller dans certains endroits rappelant l’épisode, le refus de conduire, la réapparition des phobies, etc.

Le proche reçoit quant à lui la formation qui lui permettra de comprendre l’état dans lequel se trouve la victime afin d’être en mesure de lui apporter le soutien approprié et de prévenir les rechutes. De trois à cinq rencontres sont nécessaires, réparties sur les 16 ou 20 semaines que durera la thérapie.

Les personnes désireuses de participer à l’étude doivent être âgées de 18 à 65 ans, avoir reçu un diagnostic de TSPT (quelle qu’en soit la cause) et pouvoir compter sur un proche qui accepte de s’engager dans la démarche. Ces personnes peuvent communiquer avec le centre Fernand-Seguin au (514) 251-4015, poste 3574.

Daniel Baril



 
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