Édition du 17 mai 2004 / volume 38, numéro 30
 
  Prix d'excellence en enseignement: les trois lauréats
Roch Chouinard: exceller à enseigner l’enseignement - Christine Théoret: les TIC au service de l’enseignement - Jean-Jacques Nattiez: le virtuose de l’enseignement

Enseignement

Trois professeurs seront honorés pour l'excellence de leur enseignement au cours de la collation des grades du 28 mai. Il s'agit de Jean-Jacques Nattiez, dans la catégorie des professeurs titulaires, de Roch Chouinard, dans la catégorie des professeurs agrégés, et de Christine Théoret, dans la catégorie des professeurs adjoints.

Roch Chouinard: exceller à enseigner l’enseignement

Roch Chouinard

«Super! Il nous faudrait davantage de cours et de professeurs comme ça.» «Sans aucun doute le meilleur cours que j’ai suivi en deux ans.» «Excellent cours, un des plus pertinents pour notre formation. Matière appropriée. Enseignant très compétent, souriant, compréhensif et à l’écoute de ses étudiants.»

Voilà certains commentaires transmis à l’issue d’un cours théorique du Département de psychopédagogie et d’andragogie donné par Roch Chouinard, professeur agrégé à la Faculté des sciences de l’éducation. Avec des évaluations de cours qui atteignent souvent 3,9 sur 4, on peut dire que ce professeur est très apprécié de ses étudiants.

Ce qu’ils aiment le plus chez lui, c’est l’organisation générale de ses cours, la clarté de ses exposés, sa maîtrise de la matière, la pertinence des contenus pour la formation professionnelle, son ouverture d’esprit et sa disponibilité. «Je cherche constamment à mettre à jour le contenu de mes cours et à actualiser ma pratique pédagogique», explique-t-il dans le document de présentation pour le prix d’excellence en enseignement, qu’il a obtenu dans la catégorie des professeurs agrégés.

Ce professeur est également reconnu pour son souci de dépasser les pratiques pédagogiques traditionnelles. Il intègre en effet depuis longtemps les nouvelles technologies de l’information et de la communication dans son approche. Il a notamment conçu et mis sur pied en 1999 un cours sur la gestion de classe unique en son genre. Donné à distance, sur Internet, ce cours était destiné aux étudiants du baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire. Dans ce cours que suit aujourd’hui l’ensemble des étudiants du baccalauréat, des vidéos et diverses activités d’apprentissage ont été incorporées.

Roch Chouinard a connu en quelque sorte une vocation tardive d’universitaire, car il a lui-même travaillé dans le milieu de l’éducation, entre autres auprès des enfants présentant des difficultés d’apprentissage. Il possède plus de 25 ans d’expérience.

Parallèlement à ses activités pédagogiques, il mène des travaux de recherche. Son principal sujet: la motivation à l’école (voir Forum du 17 septembre 2001: «La réussite scolaire: une question d’effort»).

Dans sa lettre d’appui à la candidature de M. Chouinard, le doyen de la Faculté, Michel Laurier, souligne son «engagement exceptionnel», particulièrement aux cycles supérieurs. «Au cours des dernières années, il a participé à plus d’une quarantaine de jurys et dirigé plus d’une vingtaine d’étudiants.»

Le lauréat du prix d’excellence en enseignement a aussi joué un rôle majeur dans l’élaboration des programmes d’études de la Faculté. Il s’est engagé dans la révision des programmes de maîtrise professionnelle et de premier cycle en éducation préscolaire et primaire du Département.

Dans un hommage que lui rendaient deux représentantes de l’association étudiante, en 2000, on soulignait la «qualité exceptionnelle» de son enseignement. «Professeur dynamique, compétent et organisé, il a su rendre sa matière intéressante et surtout axer son cours sur la pratique de notre future carrière.»

Roch Chouinard est professeur à l’Université de Montréal depuis 1998.

M.-R.S.

Christine Théoret: les TIC au service de l’enseignement

Christine Théoret

Le prix d’excellence en enseignement dans la catégorie des professeurs adjoints est allé cette année à Christine Théoret, professeure au Département de biomédecine vétérinaire de la Faculté de médecine vétérinaire (FMV).

«La valeur n’attend pas le nombre des années», déclare à son sujet le doyen de la Faculté, Raymond S. Roy. Christine Théoret n’est en poste à l’UdeM que depuis cinq ans et, dès son entrée à la FMV, elle s’est distinguée comme une enseignante exceptionnelle. «Ses talents de pédagogue sont supérieurs à la moyenne», écrit le comité d’évaluation constitué de ses pairs.

La professeure Théoret a notamment la responsabilité du cours Morphologie vétérinaire, un cours obligatoire de six crédits donné à des groupes de 80 étudiants. Le caractère obligatoire du cours et le nombre élevé de séances de laboratoire représentent un double défi pour un professeur. «Afin de susciter l’intérêt à l’égard d’une matière de base, j’opte pour une pédagogie qui met en valeur l’appétit des étudiants pour la médecine interne et la chirurgie, affirme-t-elle. Mon approche favorise l’analyse et la synthèse des concepts morphologiques en lien avec des cas cliniques.»

Pour ce faire, Christine Théoret dispose d’un large répertoire de méthodes interactives qu’elle intègre aux cours magistraux. Depuis son arrivée à la FMV, elle a constitué une banque de plus de un millier d’images numériques. Elle recourt abondamment aux présentations PowerPoint, aux simulations numériques 3D et aux séquences vidéo, outils qu’elle a appris à maitriser grâce aux ateliers du CEFES.

Neuf modules de son enseignement sur les espèces domestiques sont accessibles sur le site Internet de la Faculté. Mme Théoret a également réalisé des vidéos sur les structures morphologiques difficilement observables en laboratoire, ce qui permet du même coup de contourner le problème des carcasses, qu’on ne peut conserver au-delà de quelques semaines. Dans le domaine des TIC, la professeure travaille présentement à un atlas anatomique du cheval sur cédérom et à la création d’un module WebCT qui servira d’outil d’évaluation et de révision pour l’autoapprentissage.

Ses notes de cours sont également accessibles dans Internet, ce qui permet aux étudiants de réviser la matière de façon individuelle et asynchrone. Le cahier de notes distribué dans la salle de classe comporte des trous, ce qui oblige l’étudiant à rester attentif et à compléter les notes par ses propres observations.

Les collègues de Christine Théoret reconnaissent tous qu’elle s’investit de façon exemplaire dans ce type de cours, qui requiert un temps habituellement sous-évalué.

Ce dévouement est très apprécié des étudiants, qui lui ont décerné deux prix d’excellence. Le premier, le prix Pfizer/Carl-J.-Norden, lui a été attribué dès sa deuxième année d’enseignement. Ce prix est remis au meilleur professeur, tous rangs confondus, qui, par son talent, son dévouement, sa personnalité et son dynamisme, contribue de façon remarquable à l’avancement de la profession.

Le second prix, qu’elle a remporté l’année suivante, est le Prix du meilleur enseignant en première et en deuxième année, décerné par les étudiants de l’Association canadienne des médecins vétérinaires de Saint-Hyacinthe.

Les commentaires joints aux fiches d’évaluation des étudiants se résument à deux mots: «excellente professeure»!

D.B.

Le virtuose de l’enseignement

Jean-Jacques Nattiez

Jean-Jacques Nattiez compose ses cours comme des œuvres musicales. Pour le musicologue Jean-Jacques Nattiez, qui a eu la chance, dans sa jeunesse, d’être entraîné à la diction poétique et à la rhétorique, l’«exécution vocale» du cours magistral est fondamentale. Il présente d’abord le plan de son exposé, puis il souligne chaque nouveau thème et scande l’exécution par de petits résumés de synthèse qui servent de points de repère. Les mots importants sont soulignés par des inflexions particulières de la voix et le rythme de la phrase est modulé selon le propos. Dans ses notes, le professeur rédige les phrases qui vont lui servir de «chutes». Pour le lauréat du prix d’excellence en enseignement dans la catégorie des professeurs titulaires, chaque cours est une composition finement ciselée, une œuvre répétée en temps réel et exécutée avec le plus grand soin.

Un pionnier

Reconnu à l’échelle internationale comme pionnier de la sémiologie musicale, Jean-Jacques Nattiez vient également de recevoir l’un des prestigieux prix Killam, d’une valeur de 100 000 $, remis par le Conseil des arts du Canada à des chercheurs canadiens de différentes disciplines pour leurs réalisations exceptionnelles. Comme on peut le constater à la lecture de son dernier ouvrage, La musique, la recherche et la vie, sa recherche s’est ramifiée au cours du temps et il a publié dans les domaines aussi bien de la musicologie historique que de l’analyse et de l’ethnomusicologie. Depuis quelques années, il se consacre en grande partie à la direction d’une encyclopédie de la musique en cinq volumes, publiée en Italie chez Einaudi et en France chez Actes Sud. Mais toutes ces activités ne l’empêchent pas d’accorder une place de premier choix à l’enseignement. Comme il le dit lui-même, «à quoi serviraient des recherches qui ne seraient pas transmises efficacement?»

Son dossier de candidature au prix d’excellence en enseignement déborde de commentaires élogieux, autant de la part du doyen de la Faculté de musique, Réjean Poirier, qui souligne son pouvoir d’attraction sur les étudiants étrangers, que de ses pairs et de ses étudiants. «Durant mes 10 années d’études universitaires, j’ai côtoyé de nombreux professeurs, dont certains étaient remarquables, mais aucun n’avait le goût de transmettre sa passion avec tant de force, d’énergie et parfois même d’humour», écrit le doctorant Frédéric Léotar. «Pendant son séminaire, il nous a transmis ou, pour mieux dire, il a éveillé en nous, d’après sa méthode que je qualifierais d’inspirée de la maïeutique platonicienne, la passion pour la rigueur de la pensée, et la recherche de la clarté dans la communication de nos idées», note pour sa part la doctorante Antonieta Sottile, qui est venue d’Argentine pour étudier avec le professeur Nattiez. Elle touche là à un autre aspect important de l’enseignement du musicologue, qui, dans ses séminaires, a pour modèle le dialogue socratique: «J’interviens, explique-t-il, mais essentiellement en posant des questions, car il est bien plus efficace, pour l’étudiant, de devoir trouver les solutions que de les entendre énoncées ex cathedra.»

Une grande ouverture

Tous ses étudiants et ses confrères soulignent sa générosité intellectuelle et sa grande ouverture d’esprit. Lui-même insiste sur l’importance d’encourager ses étudiants à pousser l’investigation sur des terrains peu sûrs, ceux qui favorisent l’exploration des terres vierges et l’émergence d’idées nouvelles et de découvertes. «Ces dernières années, j’ai l’impression de ne jamais avoir si bien enseigné de ma vie», confiait-il récemment à Réjean Poirier. Souhaitons-lui, ainsi qu’à ses étudiants, de continuer à s’exécuter avec autant de bonheur.

M.-C.B.



 
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