Édition du 17 mai 2004 / volume 38, numéro 30
 
  Voyage imaginaire dans un monde redessiné
Le public plonge dans l’exposition des sortants en aménagement

Le quai de tram Espace festif vise à donner un style aux stations de transport en commun de la ville de Québec.

Si on les laissait aller, les étudiants de la Faculté de l’aménagement transformeraient le campus en un lieu bucolique, redessineraient la forme des ordinateurs, reverraient l’intérieur des bibliothèques et des écoles et repenseraient les villes, les villages, les routes. Rien de moins…

Une partie de ces projets, des plus utopiques aux plus réalistes, était présentée au public à l’occasion de l’exposition annuelle des sortants des cinq unités de la Faculté (architecture, architecture de paysage, design d’intérieur, design industriel et urbanisme). C’est à un voyage imaginaire dans le bâti et l’objet idéal que les gens étaient conviés du 29 avril au 2 mai.

Marilyn Rancourt Émond a imaginé une nouvelle forme de matériau textile fabriqué à partir de «fibre postconsommation».

Du côté de l’architecture de paysage, on avait envie de sauter dans certains plans présentés au Centre d’exposition. Le travail de Jean-Philippe André et Jean-François Bertrand qui avait pour but de mettre en valeur l’environnement naturel des pavillons de l’Université était particulièrement réussi. «Selon nos réflexions, précisent les étudiants, le campus doit former un espace de continuité où les deux entités limitrophes [montagne et ville] s’entremêleraient et définiraient une nouvelle structure.» On est d’accord.

Les idées visant à redessiner la municipalité de Mille-Isles valaient aussi le détour. Dans leur projet magnifiquement illustré, Catherine Allard, Anabelle Cadieux et Marc Lescarbeau ont voulu préserver la nature dans cette municipalité qui connaît une grande pression démographique. «Cette pression, si elle n’est pas suffisamment contrôlée, provoquera la dégradation du milieu biophysique, entraînant la banalisation et la perte de la richesse paysagère.»

100 ans de design

L’exposition 2004 des sortants de la Faculté ne comportait pas de thème particulier (il y a eu l’année de l’auto, l’année des sports, l’année de l’hôtel-boutique, etc.). L’École de design industriel en avait pour tous les goûts. On allait de la théière à deux versoirs de Caroline Cyr à la Salamandre, le véhicule amphibie de Henri Durocher, en passant par la table de béton de Nicola Tardif-Bourdages, le boîtier d’ordinateur de Bruno Landry et bien d’autres objets de consommation.

Bruno Landry a imaginé un boîtier pour ordinateur en aluminium et acrylique. «Les joueurs en réseau se rassemblent dans des congrès où ils relient leurs appareils. Ils aiment bien créer leur propre machine. Ce boîtier est fait pour eux.»

«Qu’est-ce qui peut arriver après 100 ans d’histoire du design?» a demandé Carmelo Di Bartolo, un designer professionnel d’Italie et des îles Canaries et professeur associé à l’UdeM. La mondialisation et les menaces sur l’environnement «montrent les limites de la maturité d’un modèle de consommation et poussent le design à entrer dans une logique complexe cherchant des alliances nouvelles», a-t-il écrit dans le très beau catalogue réalisé par les étudiants.

Or, les jeunes designers voyagent, et pas seulement avec Internet. Ils ont «la capacité d’inventer un futur possible et d’offrir des projets pour les anciens et nouveaux acteurs.»

«Je crois que vous possédez cette capacité réflexive qui vous invite à ne pas vous astreindre à croire en la domination d’une culture technique et d’un marché induit de pressions économiques», a écrit de son côté Diane Brisson, professeure à la même école.

Redesigner l’intérieur

Une idée géniale: le lit pliant destiné aux amateurs de siestes. «Le NapBox est un système de repos discret, rangé dans un module muni de tout ce qu’il faut pour faire une sieste au bureau.» Un réveil intégré permet de régler la durée du dodo. Le prototype est signé Anik Vo-Hoang.

Des propos semblables sont tenus par Jacqueline Visher et Tiiu Podma, responsables de l’orientation design d’intérieur à l’École de design industriel. «Les événements mondiaux quotidiens demandent une pensée critique, réflexive et ouverte […] Nous voyons, avec vos projets de fin d’études, des exemples qui nourrissent ces réflexions de design d’intérieur, aujourd’hui ainsi que dans l’avenir.»

Geneviève Joubert aimerait recycler l’église de Saint-Sauveur en la transformant en un café-théâtre. «Ici, a expliqué l’étudiante, nous obtenons un hommage à Saint-Sauveur par une mise en valeur de l’architecture intérieure, magnifique. De ce fait, une organisation spatiale est déployée en une salle centrale où il fait bon se détendre, lire ou même méditer.»

À noter également, parmi plusieurs projets intéressants, la résidence intergénérationnelle de Benoît Desrosiers. «Je veux réinstaurer l’esprit de communauté et de tradition dans un quartier riche en patrimoine, a-t-il affirmé. Les notions de fusion de générations, de différences entre elles, ainsi que l’exploitation de la lumière naturelle sont les générateurs de l’espace.»

Mathieu-Robert Sauvé



 
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