Édition du 17 mai 2004 / volume 38, numéro 30
 
  Courrier du lecteur
Non, Cart@gène n’est pas une forme d’OGM!

J’ai lu, dans le numéro de Forum du 15 mars dernier, le compte rendu de l’entrevue que Mathieu-Robert Sauvé a eue avec l’anthropologue Gilles Bibeau à la suite de la parution de son livre Le Québec transgénique, chez Boréal.

J’ai sursauté en voyant le sous-titre «Sus à Cart@gène», où l’on associe le projet aux entreprises Myriad et Galileo et où l’on laisse entendre que ce projet veut s’approprier des parties du génome humain sous le couvert de la recherche scientifique.

Je n’ai pas l’intention, dans la présente lettre, de réfuter les arguments hyperboliques du livre lui-même, mais plutôt de faire le point sur certaines déclarations rapportées dans l’entrevue.

Selon M. Bibeau, «quand on a vu une de ces entreprises biotechnologiques, on les a toutes vues». C’est un peu simpliste. Cart@gène n’est pas une entreprise biotechnologique ni une affaire industrielle. Dans la centaine d’entretiens avec différents protagonistes qu’il dit avoir eus, l’anthropologue Gilles Bibeau n’a jamais rencontré un des membres du projet Cart@gène, bien que tous les noms des responsables soient sur les sites Web qu’il a visités et qu’ils travaillent tous au Québec, et certains d’entre eux même à l’Université de Montréal.

Le projet Cart@gène vu par ses concepteurs

Cart@gène est une vaste enquête de santé publique sur un échantillon de 60 000 Québécois choisis au hasard et selon leur région de résidence. Ce n’est pas un projet de recherche sur les Canadiens français «de souche». Toute personne qui a une carte d’assurance-maladie du Québec, en santé ou pas, avait 1 chance sur 100 d’être recrutée pour représenter l’ensemble de ses concitoyens âgés de 25 à 74 ans. Cart@gène est un projet de société qui, légalement et éthiquement, doit utiliser les infrastructures de l’État, comme la RAMQ, et recevoir l’autorisation de la Commission d’accès à l’information du Québec.

Cart@gène est un projet multidisciplinaire qui comprend plusieurs spécialistes des sciences humaines en plus de ceux des sciences médicales et génétiques. Il n’y a aucune association de financement avec des sources privées tant pharmaceutiques que biotechnologiques. Depuis quatre ans, le projet a évolué et le nouveau protocole propose une étude de semi-longitudinale à double codage pour assurer la confidentialité et l’accès aux données qui seraient dans la biobanque de Cart@gène. L’équipe du projet a toujours été transparente et continuera de l’être. Un institut indépendant (IPEG) a été créé pour assurer la gouvernance entière du projet et il détiendra la clé des doubles codes. Cart@gène n’est pas une compagnie biotechnologique, mais une ressource publique d’évaluation de la contribution de la diversité génétique à la santé des Québécois. Pourquoi au Québec? Parce qu’au Québec tous les citoyens sont protégés par un plan d’assurance-maladie universel.

Ou bien M. Bibeau ne connaît rien à la génétique ni au système de santé du Québec, ou bien il joue sciemment sur l’imaginaire des gens en associant Cart@gène à une forme d’OGM. Or, il est connu, depuis des enquêtes d’opinions publiques, que la population craint les OGM, mais que, par ailleurs, elle estime au plus haut niveau le potentiel que la génomique pourrait avoir en santé et dans l’amélioration éventuelle des services de santé.

Quelle est la motivation de M. Bibeau et de ses conseillers pour associer le projet Cart@gène aux organismes génétiquement modifiés? Tout ce qui me vient comme réponse est que certains idéologues veulent «faire peur au monde» par l’invention ou l’insinuation si c’est nécessaire.

Je suis disposé, ainsi que les chercheurs de Cart@gène, à répondre à toutes questions relatives à ce projet de santé publique.

Claude Laberge

Directeur scientifique,

projet Cart@gène



 
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