Édition du 14 juin 2004 / volume 38, numéro 32
 
  Création de l’Institut canadien d’art vocal à la Faculté de musique
Des grands noms de la scène lyrique réunis pendant deux semaines

Joan Dornemann, coach au Metropolitan Opera et directrice artistique de l’International Vocal Arts Institute, conseille le baryton Sébastien Ouellet.

C’est dans un restaurant de Shanghai, il y a trois ans, que l’idée de l’Institut canadien d’art vocal est née. Denise Massé, coach au Metropolitan Opera de New York, participait alors à un stage de perfectionnement pour jeunes chanteurs mis sur pied par l’International Vocal Arts Institute (IVAI) de New York.

«Je me suis dit que ce serait bien d’avoir un programme semblable facilement accessible aux jeunes chanteurs du Québec, se rappelle Mme Massé. J’ai rêvé tout haut et cela a porté ses fruits.»

Denise Massé et une des initiatrices du stage de l’IVAI, toutes deux Montréalaises d’origine, ont mis leurs relations à contribution et, rapidement, un comité organisateur a pris forme dans la métropole. Après nombre de rencontres pour convaincre donateurs, bénévoles et partenaires, dont la Faculté de musique, l’Institut canadien d’art vocal (ICAV) a finalement vu le jour en février dernier. Sa mission consiste à offrir annuellement un stage de perfectionnement à de jeunes chanteurs ou pianistes accompagnateurs. La moitié des places, soit une vingtaine, est réservée à des candidats canadiens.

«C’est vraiment une chance inouïe pour nous que ces enseignants si réputés soient tous réunis à Montréal. Plusieurs d’entre nous n’auraient peut-être pas les moyens d’aller étudier avec eux aux États-Unis ou en Europe, souligne Julie Daoust, étudiante au doctorat en chant à la Faculté et une des participantes du stage. De plus, c’est l’occasion d’entendre des chanteurs d’ailleurs et de pouvoir se comparer pour juger de ce qui se fait à l’échelon international.»

Le métier de coach à l'opéra

Denise Massé, ex-professeure à la faculté et coach au Metropolitan Opera

La pianiste Denise Massé a enseigné l’accompagnement pendant 15 ans à la Faculté de musique. Elle a aussi longtemps été pianiste répétitrice à l’Opéra de Montréal. Depuis 1993, elle est accompagnatrice au Metropolitan Opera de New York. Elle enseigne également à la Juilliard School of Music, entre des séjours aux opéras de Washington et de Los Angeles.

Denise Massé décrit le rôle du pianiste coach – pour lequel elle admet ne pas avoir trouvé de traduction adéquate en français – comme un rôle complémentaire à celui des enseignants qui sont chanteurs.

«Je travaille le langage, le côté musical – le phrasé, l’aspect rythmique –, l’interprétation dramatique – comment communiquer l’émotion au public. Je ne suis pas chanteuse, je ne peux pas conseiller les étudiants sur les aspects techniques. En somme, je sais si un son est correct ou non et je le dis aux chanteurs, mais c’est à eux de trouver la solution», explique-t-elle.

Dans le milieu et chez les jeunes chanteurs en particulier, un bon coach est aussi recherché qu’un bon professeur, sans doute en raison des multiples défis que pose le travail du chanteur.

«Le métier de chanteur est particulier dans le monde des arts, car le chanteur est à la fois l’instrument et l’instrumentiste. À part les chanteurs, il n’y a que les danseurs qui aient à relever ce double défi. Et, contrairement aux autres musiciens, les chanteurs doivent en plus servir deux maîtres: le compositeur et le poète.»

J.F.

Rosemarie Landry, responsable du secteur chant à la Faculté de musique et également professeure invitée au stage de l’ICAV, estime que le choix de l’Institut d’organiser son stage à l’UdeM témoigne du leadership de la Faculté en enseignement de l’art vocal.

«La présence de l’Institut dans nos murs vient confirmer l’essor que le secteur chant a pris au cours des cinq dernières années et le travail que nous accomplissons à la Faculté pour en garantir la qualité et lui donner la visibilité qu’il mérite à l’échelle nationale», dit-elle.

Un moyen d’accéder aux ligues majeures

Le premier stage de l’ICAV, qui a commencé le 5 juin et qui se déroule à la Faculté de musique jusqu’au 20 juin, accueille 37 participants (36 chanteurs et 1 pianiste), 18 enseignants ou coachs de renom, dont Denise Massé, et 9 pianistes accompagnateurs. Le stage, créé en collaboration avec l’IVAI, la Société musicale André-Turp de Montréal et la Faculté de musique, représente la première initiative du genre au Canada. L’équipe new-yorkaise a modelé le stage de Montréal sur ceux qu’elle organise déjà dans plusieurs pays, dont la Chine, Israël, la France et Porto Rico.

C’est en côtoyant Joan Dornemann, directrice artistique de l’IVAI et chef adjointe au Metropolitan Opera, que Denise Massé, qui a enseigné 15 ans à la Faculté de musique de l’UdeM, a été recrutée pour se joindre à l’équipe d’enseignants. L’un des avantages de tels stages, selon elle, est l’occasion pour les jeunes qui débutent dans le métier de se bâtir un réseau international en rencontrant certains des plus grands chanteurs du monde.

«Malheureusement, on ne fait pas carrière juste avec le talent. Oui, il faut travailler énormément, mais il faut compter sur le facteur chance aussi. Et la chance, on peut la forcer un petit peu, souligne-t-elle. Nos jeunes chanteurs ont parfois l’impression qu’ils peuvent faire carrière simplement en travaillant au Québec ou au Canada. Ce n’est pas le cas. Je remarque que les chanteurs américains ont toujours beaucoup plus de poids s’ils ont travaillé en Europe. Et les chanteurs européens, eux, doivent venir travailler en Amérique.»

Amener les plus grands maîtres à Montréal

Au cours des deux semaines intensives de formation, les participants suivent, entre autres, des cours de technique vocale, de technique de respiration, de jeu théâtral et de diction. Les enseignants sont des chanteurs ou des coachs réputés sur la scène internationale. Leur présence à Montréal constitue d’ailleurs une chance pour tout le milieu lyrique montréalais et le public amateur d’opéra de les voir à l’œuvre puisque le stage comprend une série de cours de maître ouverts au public.

Selon Rosemarie Landry, une telle formation représente une occasion incroyable pour les jeunes participants d’apprendre ce qu’attendent d’eux les grandes maisons d’opéra.

«Grâce à ce stage, nos jeunes chanteurs ont la chance de travailler avec des personnes qui elles-mêmes, tous les jours, travaillent avec les plus grandes vedettes du monde vocal. De plus, c’est un cadre qui leur offre la possibilité d’établir une relation non pas de professeur à élève, mais davantage d’égal à égal», note-t-elle.

À en juger d’après la réaction d’une des participantes après la première journée du stage, les cours semblaient répondre aux attentes. «Je suis complètement renversée par ce que ce stage a commencé à m’apporter, a déclaré Geneviève Couillard Després, une diplômée de la Faculté de musique qui travaille déjà dans le milieu professionnel. Mme Dornemann nous avait avertis que nous serions déstabilisés – de façon positive – et c’est ce qui m’arrive. J’entrevois déjà tous les outils que je pourrai acquérir au cours de cette formation.»

Julie Fortier

Collaboration spéciale

Un dernier cours de maître ouvert au public, donné par la soprano Catherine Malfitano, est présenté le lundi 14 juin à 19 h 30 à la Faculté de musique, 200, avenue Vincent-d’Indy. Deux concerts mettant en vedette les stagiaires auront lieu le samedi 19 juin à 16 h et à 20 h. Le prix des billets pour chacune des activités est de 15 $ (ou 5 $ pour les aînés et les étudiants). Billetterie Admission: (514) 790-1245. Renseignements: (514) 343-6479.



 
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