Édition du 7 septembre 2004 / volume 39, numéro 2
 
  Stuart Hay veille sur le plus gros herbier universitaire du Québec
Tout comme le recteur, le botaniste peut affirmer que personne n'exerce le même métier que lui à l'Université!

Stuart Hay

Peu de gens le savent, le Département de sciences biologiques possède le plus gros herbier universitaire du Québec, le troisième en importance au Canada. Rangés dans d'immenses armoires sur rails, au Jardin botanique de Montréal, les quelque 800 000 spécimens de l'herbier Marie-Victorin font la fierté de Stuart Hay, le conservateur adjoint qui veille à la bonne marche de la collection depuis plus de 25 ans.

Même si la gestion d'un herbier n'est pas une mince tâche et que son conservateur est bien occupé à gérer les prêts, informatiser la collection et incorporer les spécimens qui proviennent d'échanges, de cueillettes ou de dons, Stuart Hay parvient à faire lui-même de la recherche. En repérant des spécimens d'herbier mal identifiés, il a découvert, sans avoir à se déplacer, une dizaine de nouvelles espèces pour le Québec et Terre-Neuve qui ont fait l'objet de publications scientifiques. L'Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) s'occupe de la collection.

Au même titre que le recteur, le botaniste peut affirmer qu'il n'y a personne d'autre qui exerce la même fonction que lui à l'université! En fait, il est difficile d'imaginer un métier plus rare que celui de Stuart Hay, car au Québec il existe tout au plus cinq conservateurs d'herbier. Pour expliquer son travail méconnu, le botaniste se compare parfois à un bibliothécaire. «Je suis un "herbiothécaire", lance-t-il à la blague, puisqu'une part importante de mon travail consiste à gérer des prêts de spécimens entre herbiers; un spécimen, c'est comme un livre qu'on peut consulter ou emprunter ».

Stuart Hay prête en effet régulièrement des spécimens à des chercheurs de partout dans le monde qui tentent d'élucider la classification au sein de différents groupes de plantes. Il en emprunte également à d'autres herbiers; pour écrire quelques chapitres de La flore du Québec/Labrador nordique, un ambitieux projet à paraître en 2005 et qui viendra en quelque sorte compléter la célèbre Flore laurentienne du frère Marie-Victorin, le chercheur a dû valider l'information de plus de 2000 spécimens issus de différents herbiers canadiens.

Référence incontournable en matière de plantes indigènes et amoureux des milieux naturels, Stuart Hay a aussi fait d'importantes découvertes sur le terrain. Comme Oreopteris limbosperma, une fougère rare qui, au Canada, n'avait été observée que dans les Rocheuses et qu'il décrit comme sa plus belle découverte botanique. C'était à l'occasion d'un voyage à Terre-Neuve en compagnie de son collègue André Bouchard, au cours d'une journée de terrain imprévue, soit en attendant qu'une brume épaisse se dissipe et que l'hydravion puisse venir les chercher sur les hauts plateaux du Gros Morne! Les nombreux voyages sur le terrain ont d'ailleurs permis à Stuart Hay et à ses collègues André Bouchard et Luc Brouillet de produire les premières listes de plantes rares du Québec (en 1983) et de Terre-Neuve (en 1991), deux réalisations d'envergure.

«L'herbier est un immense réservoir de renseignements sur notre patrimoine biologique, précise le conservateur adjoint. Il recèle une foule de trésors que les botanistes et les écologistes découvrent en consultant les spécimens. Avec les techniques d'analyse modernes, il y a même des biochimistes et des biologistes moléculaires qui prélèvent de minuscules portions de spécimens pour mener leurs études!»

Denis Lauzer
Collaboration spéciale



 
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