Édition du 13 septembre 2004 / volume 39, numéro 3
 
  Comment l'élève devient artiste
Les stages de perfectionnement sont essentiels au démarrage de la carrière des jeunes chanteurs

Mireille Taillefer et Julie Daoust ont pu acquérir une précieuse expérience grâce à des stages cet été.

Pour les jeunes musiciens qui cherchent à se tailler une place dans le monde de la musique classique, les stages d'été sont une étape presque obligatoire.

Julie Daoust, étudiante au doctorat en chant à la Faculté de musique, a passé un mois au prestigieux festival d'été Ravinia, près de Chicago. Seulement 15 chanteurs avaient été invités au stage de perfectionnement du festival après des auditions qui se sont déroulées à Paris, Londres, Munich, New York, Chicago et Montréal. En plus des cours particuliers avec des enseignants réputés et des récitals devant public, le stage comprend des entretiens durant lesquels les participants peuvent poser des questions relatives aux exigences d'une carrière artistique. 

«Nous étions originaires de pays différents, mais nous avions tous les mêmes questions, lance Julie Daoust. Certaines choses ne s'apprennent pas à l'école : comment choisir un agent ou quelles décisions prendre relativement à la programmation d'un récital.»

De son côté, Mireille Taillefer, inscrite au DESS en chant, a passé deux mois au Banff Centre, qui veille au développement des jeunes artistes de divers domaines. Elle était l'une des 19 participantes au programme «Opera as Theater», qui permet aux chanteurs désireux de faire carrière dans l'opéra de travailler leurs habiletés théâtrales. Les chanteurs présentent, notamment, un opéra intégral avec orchestre devant public.
«Mon principal constat est l'ampleur du fossé qui existe entre le monde scolaire et le monde professionnel. Il faut participer à un stage de ce genre pour en prendre conscience, souligne-t-elle. Certains des participants que j'ai côtoyés cet été ont déjà entrepris leur carrière. À la suite de mon séjour à Banff, je me suis donné comme objectif principal de me situer davantage de leur côté d'ici un an environ.»

Faire des choix en tant qu'artiste

Pour chaque musicien, ce passage vers le monde professionnel exige une maturité en tant qu'artiste. Cette maturité se manifeste par la capacité d'assimiler les conseils tous azimuts tout en livrant sa propre interprétation d'une oeuvre.

«Il arrive souvent qu'un enseignant en contredise un autre. Là où nous en sommes, nous en savons assez pour être capables d'intégrer tout ce qu'ils nous disent, de faire des choix et de les assumer, estime Julie Daoust. Ces stages nous aident justement à développer notre sens critique et à dire ce que nous aimons ou ce que nous n'aimons pas chez tel ou tel chanteur.»

Mireille Taillefer renchérit : «Je suis revenue de Banff avec plus d'assurance. Si quelqu'un me dit qu'il n'aime pas mon interprétation d'un personnage, je me sens capable maintenant de répondre que c'est la façon dont j'ai choisi de l'incarner au lieu de penser que je ne le rends pas correctement.»

Mise en situation professionnelle

Un autre avantage de ces stages d'été est la possibilité de vivre des situations qui reflètent le milieu de travail des artistes. La nécessité de s'adapter aux exigences d'un metteur en scène en est une.

«Après avoir eu la chance de travailler avec Alice Ronfard et Benoît Brière ici à la Faculté, je n'ai pas trouvé que le metteur en scène à Banff était exigeant, contrairement à d'autres participants, qui ont eu bien du mal à s'adapter à lui», dit Mireille Taillefer.

Les deux chanteuses ont noté l'importance d'être ouvert d'esprit. «Je crois que c'est une qualité essentielle. On doit être en mesure de reproduire rapidement ce que les enseignants demandent, mais on doit d'abord être réceptif à leurs propos. Si l'on n'est pas prêt à changer, le stage n'apportera rien», croit Julie Daoust.
Mireille Taillefer et Julie Daoust s'entendent pour dire que les professeurs de chant de la Faculté les ont sensibilisées à cette ouverture et encouragées à rechercher d'autres opinions. Ils n'ont pas la prétention de détenir le seul enseignement valable, soulignent-elles. 

Pour l'année qui vient, les deux artistes se concentreront sur les étapes à franchir pour atteindre l'autre côté du fossé qu'elles ont commencé à enjamber, chemin parsemé d'auditions, de cours de chant, de cours de théâtre et, probablement, d'autres stages de perfectionnement...

Julie Fortier
Collaboration spéciale



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement