Édition du 13 septembre 2004 / volume 39, numéro 3
 
  Le Département de chimie a reçu de la grande visite
La première diplômée, Rachel Robert, 90 ans, retrouve son alma mater

Rachel Robert en visite au Département de chimie

«Quels beaux laboratoires!» a lancé avec ravissement Rachel Robert devant les locaux du Département de chimie le 16 juin dernier. Première femme à obtenir un diplôme de chimiste de l'Université de Montréal, en 1943, Mme Robert était de retour dans son alma mater plus d'un demi-siècle après y avoir étudié.

Aujourd'hui âgée de 90 ans, la chimiste avait fait savoir à son fils qu'elle serait heureuse de circuler de nouveau dans les couloirs de l'établissement qu'elle a fréquenté pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a alors communiqué avec le directeur du Département, Robert Prud'homme, et celui-ci a répondu avec enthousiasme à sa requête. «Nous lui avons organisé une petite visite avec grand plaisir», mentionne M. Prud'homme. Le comité d'accueil était composé de plusieurs femmes qui sont aujourd'hui professeures de carrière.

Mme Robert a dû faire montre de beaucoup de caractère pour tracer son chemin parmi tous ces hommes qui constituaient au début des années 40 la totalité du corps professoral et de l'effectif étudiant. Mais elle a si bien réussi que, cinq ans après l'obtention de son diplôme, elle donnait encore des cours au Département. «J'avais choisi la chimie parce que j'aimais cette matière. Et j'étais bonne, se souvient-elle. J'ai bien sûr subi quelques désagréments, mais de façon générale, j'ai été bien acceptée.»

La pionnière a abandonné sa carrière lorsqu'elle a donné naissance à ses enfants. «De nos jours, on peut élever une famille tout en poursuivant sa vie professionnelle», explique Joëlle Pelletier, l'une des 8 femmes sur les 32 professeurs du Département. Cette spécialiste de la chimie organique en est la preuve vivante puisqu'elle est à la fois mère et professeure adjointe. «Mais il faut dire que les hommes participent aujourd'hui davantage à la vie de famille. Ça aide.»

Féminisation de la profession

Le Département de chimie a été fondé en 1920 pour enseigner la chimie et la biologie aux futurs médecins. Un de ses premiers directeurs, Georges Baril, qu'a bien connu Mme Robert, était médecin. En 2004, le Département accueille plus de 200 étudiants de premier cycle, 150 étudiants de deuxième et de troisième cycle, une cinquantaine de stagiaires postdoctoraux et autant d'employés (secrétaires, techniciens et personnel de soutien). Il offre également des cours de service à plus de 400 étudiants en sciences biologiques, biochimie, toxicologie et pharmacie. Ses laboratoires possèdent des appareils de résonance magnétique nucléaire, de diffraction des rayons X, de spectrométrie de masse, d'analyse élémentaire et de caractérisation des matériaux. Tout récemment, cette année, une partie du Département a déménagé dans le nouveau Pavillon J.-Armand-Bombardier.

Le fait que le quart des professeurs du Département sont des femmes reflète bien la féminisation progressive de la profession de chimiste, comme en témoignent les statistiques tirées du Précis d'histoire du Département de chimie, rédigé par Jean-Claude Richer. À peine 14 % des diplômés de premier cycle étaient des femmes entre 1964 et 1969, indique ce document. Par comparaison, de 1990 à 1994, cette proportion passait à 45 %. La même tendance s'est manifestée à la maîtrise. Malgré d'excellents progrès au doctorat, écrit le professeur Richer (la proportion est passée de 7 à 29 %), il reste encore de la place pour l'amélioration.

«Ma mère nous a beaucoup aidés tout au long de nos études», commente l'un des fils de Rachel Robert, François Boulay, qui a étudié le droit à l'Université de Sherbrooke. Son frère, Robert Boulay, a aussi fait des études à l'Université Laval.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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