Édition du 20 septembre 2004 / volume 39, numéro 4
 
  La Chaire CRSNG-Essilor est officiellement lancée
Grâce à la Chaire CRSNG-Essilor, Jocelyn Faubert aura accès à des fonds totalisant 1,5 M$ pour ses recherches sur la perception visuelle et la presbytie

Jocelyn Faubert au pied de l'escalier mécanique virtuel créé dans son laboratoire

L'inauguration officielle de la Chaire CRSNG-Essilor a lieu ce lundi 20 septembre et sera suivie du lancement des nouveaux verres Varilux Ipseo, d'Essilor, dont les études de validation clinique ont été pilotées par l'École d'optométrie de l'UdeM.

Ce lancement se déroulera en présence de trois astronautes, dont Marc Garneau, qui ont eux-mêmes porté les verres Varilux dans l'espace. Il n'en fallait pas davantage pour que Jocelyn Faubert, titulaire de la chaire sur la presbytie et la perception visuelle, imagine les recherches qui pourraient être conduites en mettant à profit l'expérience des astronautes.

«Les astronautes travaillent en apesanteur et peuvent se mouvoir librement dans l'espace, ce qui signifie que, pour eux, ce qui est en haut n'est pas nécessairement en haut. Imaginez devoir consulter un tableau de bord à l'envers! Il serait intéressant d'étudier la problématique qui surgit en présence d'une rotation de l'image qui s'ajoute aux problèmes de distorsion engendrés par les verres correcteurs.»

Voilà donc une nouvelle piste à suivre pour le chercheur de l'École d'optométrie, spécialiste en neuropsychologie expérimentale, qui se passionne depuis plusieurs années déjà pour tous les problèmes relatifs à la perception visuelle, notamment ceux qui sont causés par le port de verres progressifs destinés à corriger la presbytie.

Vieillissement de la population

Avec le vieillissement de la population, de plus en plus de gens souffrent de cette dégénérescence de la vision, qui frappe pour ainsi dire 100 % des personnes dans la cinquantaine. Pour la plupart de celles-ci, les verres ophtalmiques, moins risqués que la chirurgie et plus simples à utiliser que les lentilles cornéennes, demeurent «la méthode de correction privilégiée», souligne Jocelyn Faubert. Les verres correcteurs employés pour la presbytie ont toutefois un défaut: ils créent de la distorsion, particulièrement à la périphérie des lentilles.

Ce phénomène de distorsion se produit également dans les cas de myopie ou d'hypermétropie, «mais on ne s'en rend pas compte à cause de la symétrie des champs visuels supérieur et inférieur», explique le chercheur. Dans le cas des verres progressifs, la distorsion est plus grande parce que la force de correction augmente vers le bas des lentilles.

Quelles sont les conséquences de cette distorsion de la vision sur les capacités perceptivomotrices des presbytes? C'est précisément sur cette question que se penche l'équipe de Jocelyn Faubert. «On peut avoir un sentiment de tangage, fait observer le chercheur. Les objets peuvent apparaître plus gros ou plus rapprochés. Quand on ne bouge pas, l'effet n'est pas majeur. Mais si on bouge les yeux, la tête ou les deux simultanément, par exemple en jouant au golf, l'effet peut être dérangeant. De même, si l'on marche, particulièrement dans une foule qui est elle aussi en mouvement, la distorsion peut avoir des conséquences sur les capacités perceptivomotrices.»

La création de la chaire industrielle dirigée par Jocelyn Faubert a été rendue possible grâce à la collaboration de l'Université de Montréal, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et d'Essilor Canada, une filiale d'Essilor International, le plus grand fabricant de lentilles ophtalmiques du monde et l'inventeur du verre progressif corrigeant la presbytie. À l'origine, la Chaire devait bénéficier d'un budget de un million de dollars échelonné sur cinq ans. En vertu des ententes qui ont mené à son inauguration officielle, elle sera dotée d'un budget de 1,5 M$.

Environnements virtuels

La plupart des travaux de la Chaire sont menés au Centre de réalité virtuelle et de traitement d'images du Laboratoire de psychophysique et perception visuelle, une voûte à immersion munie de trois murs et d'un plancher qui permettent la création d'environnements virtuels contrôlés. Les sujets placés dans la voûte et équipés de lunettes et de gants cybernétiques sont appelés à maintenir leur équilibre postural dans un environnement dynamique, en présence ou non de distorsion, à saisir des balles qui voyagent dans un espace en trois dimensions ou à mettre pied à terre après avoir descendu un escalier mécanique virtuel.

«Il s'agit, précise Jocelyn Faubert, d'évaluer l'influence de différents types de distorsion sur notre capacité de maintenir notre posture ou d'accomplir diverses tâches de la vie quotidienne. Des gestes qui peuvent paraître anodins, comme se lever d'une chaise, ne le sont pas toujours pour une personne âgée. Si l'on s'aperçoit que l'effet de distorsion engendré par les verres et recréé virtuellement amène des problèmes supplémentaires, on va se demander s'il est possible de le corriger en améliorant le design des lentilles. On pourrait, par exemple, jouer sur les zones de réfraction des verres. Essilor, qui travaille constamment sur de nouveaux designs, suivra de près les travaux de la Chaire.»

Marie-Claude Bourdon



 
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