Édition du 18 octobre 2004 / volume 39, numéro 7
 
  Six jeunes compositeurs étrangers arrivent en ville
«Il y a un immense plaisir à faire naître les choses», dit Lorraine Vaillancourt, la directrice du NEM

 Lorraine Vaillancourt

«Sept univers à travers sept jeunes créateurs», c'est ce que nous propose pour la septième fois le Nouvel Ensemble moderne (NEM), avec son forum international des jeunes compositeurs, événement biennal de création musicale. Sept univers, sept jeunes compositeurs et autant de pays: Ondrej Adamek de la République tchèque, Julien Bilodeau du Québec, Guilherme Carvalho du Brésil, Sampo Haapamäki de Finlande, Derek Johnson des États-Unis, Laurent Torres de France et Yun Du de Chine viendront passer un mois à Montréal et composeront chacun une oeuvre originale pour le NEM.

Instaurée en 1991 par la chef d'orchestre et directrice artistique du NEM, Lorraine Vaillancourt (professeure titulaire à la Faculté de musique), cette tribune n'a cessé de porter ses fruits, au point d'être aujourd'hui considérée comme spécialisée dans la jeune musique. Sa formule unique rejoint les préoccupations de la fondatrice du NEM: laisser le temps aux oeuvres de «mijoter», d'être assimilées par les interprètes afin qu'elles donnent leur plein potentiel.

De jeunes créateurs venus de différents coins du monde et sélectionnés par un jury international sont appelés à venir travailler leurs oeuvres avec le NEM pendant un mois. Mais pas n'importe quelles oeuvres: commandes du NEM, celles-ci doivent être écrites spécialement pour l'ensemble de 15 musiciens en résidence à la Faculté de musique et n'avoir jamais été jouées auparavant. En fin de parcours, les sept oeuvres sont présentées au public dans deux concerts. Le troisième concert, événement gala du Forum, permet de réentendre quatre des sept oeuvres, dont une sera choisie par le public, les trois autres par le jury international présent durant la dernière semaine.

Les pièces sont ensuite diffusées à la radio de Radio-Canada. Ainsi, les oeuvres des précédents forums ont été entendues dans plusieurs dizaines de pays. Cette année, qui plus est, les concerts du Forum seront offerts aux radios européennes par l'entremise de l'Union européenne de radio-télévision (UER) à l'occasion d'un événement appelé «Montréal: cité de la musique», produit par Radio-Canada et chapeauté par l'UER, un événement qui bénéficie d'une large couverture médiatique. Un disque est également réalisé chaque fois, à paraître cette année sous étiquette Atma.

Sur ces activités «interprétatives» sont greffées des rencontres, des causeries, des analyses d'oeuvres proposées par les compositeurs, des portraits, une table ronde, le tout ouvert au public et gratuit. Bref, de quoi suivre la gestation de sept créations musicales et connaître un peu mieux ceux qui font la musique d'aujourd'hui.

«Il y a un immense plaisir à faire naître les choses, confie Lorraine Vaillancourt. On retrouve d'ailleurs mes idées fixes dans les forums: vouloir prendre le temps de faire les choses, créer des contextes qui favorisent l'épanouissement des oeuvres, leur compréhension. Avant le premier forum, j'ai travaillé sur la logistique d'un événement de ce type en me demandant combien de répétitions je voulais réserver à chaque pièce, comment le tout allait s'organiser, combien de compositeurs nous pouvions accueillir.»

Côté choix esthétiques, la directrice artistique est claire: «Nous jouons de la musique traditionnelle contemporaine de tendance occidentale, si je puis dire. Il est certain que nous ne ferons pas de la musique pour orchestre de balafons ou pour gamelan. En partant, c'est déjà une forme de choix esthétique. Nos critères sont la cohérence entre l'idée de départ et sa réalisation, l'habileté, la surprise. Avec un compositeur, il faut découvrir quelque chose. Si c'est attendu, ça ne nous intéresse pas.»

Lorraine Vaillancourt reste, avec les années, d'un égal enthousiasme quant à son forum. «Si la musique savante a difficilement pignon sur rue, souligne-t-elle, les jeunes compositeurs sont pourtant, partout sur la planète, nombreux et éloquents. Il faut leur donner la parole et sauvegarder les espaces qui leur sont consacrés.»

La septième cuvée promet, comme toutes les autres. Cependant, le NEM reste lucide devant les exigences actuelles. C'est pourquoi l'un des thèmes abordés cette année avec les compositeurs sera leur appartenance (ou leur non-appartenance) à une (ou à plusieurs) écoles de composition, ainsi que les influences qu'ils ont reçues et reçoivent encore.

Cet événement unique, qui a entre autres l'originalité de donner la parole aux créateurs tout en étant organisé par des interprètes, se tiendra du 19 octobre au 13 novembre à la Faculté de musique. À ne pas manquer puisque le prochain forum, en 2006, aura lieu aux... Pays-Bas!

Dominique Olivier
Collaboration spéciale



 
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