Édition du 1er novembre 2004 / volume 39, numéro 9
 
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Connaître la musique pour mieux l'aimer - «On ne s'improvise pas chercheur.»­ Benoît Melançon

Jean-Jacques Nattiez

Connaître la musique pour mieux l'aimer
Jean-Jacques Nattiez tente de définir ce qu'est la musique ou ce qui est musique

Faut-il connaître la musique pour l'apprécier? Jamais peut-être la question n'a été aussi pertinente qu'en ces temps d'obscurantisme culturel. Il semble de plus en plus que les simples impressions plaisantes ressenties à l'écoute de quelque morceau suffisent à rendre compte de ce qu'on appelle l'amour de la musique.

Cependant, si vous êtes de ceux qui admettent que la connaissance d'un objet augmente les chances de bien le sentir ou si vous souhaitez comprendre le pourquoi de ces mouvements affectifs que nous partageons vis-à-vis de l'art des sons, il vous faut plonger dans ce deuxième tome de l'encyclopédie Musiques orchestrée par Jean-Jacques Nattiez, professeur de musicologie à la Faculté de musique.

Mais qu'entend-on par «connaissance»: la pratique minimale d'un instrument? Un savoir relatif aux périodes de l'histoire, aux structures compositionnelles, à la lutherie ou encore au fonctionnement du cerveau? Ce
volume, intitulé Les savoirs musicaux, répond à cette interrogation en présentant, regroupés en six grandes sections, 53 articles signés par des spécialistes de plusieurs pays et concernant tous les aspects de l'expérience musicale, tant celle de l'auditeur que celle du producteur de musique.

Jean-Jacques Nattiez ouvre le bal ­ on lui doit quatre des articles de l'ouvrage ­ en tentant de définir ce qu'est la musique ou plus justement ce qui est musique. Cet art, qui est à la fois ciment social, signe d'appartenance et représentation du monde, qui ébranle les émotions et déclenche les mouvements du corps, est tout d'abord fait de sons organisés dans la durée en mélodies et en rythmes, présentés parfois sous forme polyphonique, d'où peut se dégager l'harmonie.

Dans un premier temps, le volume aborde tous les paramètres de l'objet sonore tel qu'il se présente à l'oreille, incluant ses rapports avec le langage et les significations qui peuvent s'y rattacher, sa logique interne ainsi que sa texture sonore et ses jeux d'illusions. Suivent les observations sur la stupéfiante activité du corps et de l'esprit qui reçoivent ce matériau de départ; à côté des considérations sur les pouvoirs qu'on reconnaît à la musique depuis la nuit des temps, cette section présente les résultats de nombreuses recherches sur le fonctionnement du cerveau et les processus cognitifs et affectifs en jeu tant dans la perception de la musique que dans l'acte créateur.

La troisième partie couvre plus particulièrement les bases de l'activité du musicien lui-même, traite de la question de l'utilité de l'oreille absolue ainsi que des rapports entre l'inné et l'acquis dans l'aptitude musicale et son développement. De là découlent les considérations appliquées à la pédagogie musicale, à ses méthodes et à ses obstacles, qu'on trouve dans la cinquième section. Il est intéressant de constater, dans la quatrième partie, que ceux qui s'intéressent au fait musical se penchent également sur leur propre activité, décortiquant le métier de musicologue, s'interrogeant et sur les idéologies qui les animent et sur les critères qui guident leurs jugements.

Enfin, comme la musique est un art qui doit constamment être remis sur le métier, la sixième et dernière section s'attarde aux problèmes de l'interprétation, aux types d'édition des textes musicaux, aux difficultés liées aux différences de la notation selon les époques ou à la question épineuse de l'authenticité dans
les musiques anciennes, qui constituent autant d'aspects dont le musicien, le chef d'orchestre, le metteur en scène ou même le compositeur doivent tenir compte dans leur travail s'ils veulent rendre intelligible et sensible le «message» des oeuvres qu'ils font revivre.

Quiconque a déjà constaté que les plaisirs de l'intelligence ne sont pas nécessairement contraires à ceux du corps ou des sens pourra faire son miel des nombreux sujets traités dans cet ouvrage. Ne serait-ce que pour comprendre le formidable travail de tous ceux qui créent et recréent pour nous la musique. Sur le plan de la jouissance subjective qu'elle procure, et quels que soient les types de musique qui plaisent ou non à chacun, la musique restera longtemps encore un passionnant mystère.

Signalons enfin l'excellence des traductions ­ du moins les versions françaises ­, sans compter que la qualité du papier, sa couleur et les caractères sur lesquels l'oeil glisse aisément rendent la lecture des plus agréables.

François Filiatrault
Collaboration spéciale

Sous la direction de Jean-Jacques Nattiez, Musiques, tome 2, Les savoirs musicaux, Arles, Actes Sud; Paris, Cité de la musique, 2004.

 

«On ne s'improvise pas chercheur.»­ Benoît Melançon
Dans la société de l'information qui est la nôtre, il est important de savoir où et comment chercher les renseignements qui nous intéressent

L'étudiant qui effectue une recherche rencontre plusieurs obstacles qui peuvent ralentir son travail et refroidir ses ardeurs. Pour l'aider dans sa tâche, les PUM viennent de publier un guide de recherche qui apparaît comme un excellent outil de travail. Ses auteurs, Maryse Gagnon et Francis Farley-Chevrier, proposent des pistes pour savoir si les renseignements trouvés dans Internet sont fiables ou encore pour éviter les pièges du plagiat inconscient.

Un rapport de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) avait signalé, en août 2003, les carences importantes d'un grand nombre d'étudiants au chapitre de la recherche. La CREPUQ allait jusqu'à recommander de rendre obligatoire la formation en recherche
documentaire. Prenant connaissance de ce cri d'alarme des établissements québécois, l'éditrice des PUM, Florence Noyer, a eu l'idée de produire un outil pour mieux soutenir les étudiants. Le Guide de la recherche documentaire est le fruit de cet effort. Car, comme le dit si bien Benoît Melançon, professeur au Département d'études françaises et directeur scientifique des PUM, dans la préface de l'ouvrage, «on ne s'improvise pas chercheur». C'est également l'avis de Maryse Gagnon: «Nous avons pensé aux étudiants qui ne s'inscrivent à aucune des formations données par les bibliothécaires. Ces derniers et les professeurs que nous avons consultés ont signalé des erreurs fréquentes comme le fait que des étudiants s'attendent à trouver des articles de périodiques dans un catalogue ou encore l'absence de distinction entre et et ou lorsqu'ils effectuent une recherche à l'aide d'un moteur de recherche dans Internet.»

Même si le constat peut s'avérer «troublant», Mme Gagnon sait bien que certains étudiants limitent leur recherche à Internet. Et le Guide de la recherche documentaire contient tous les conseils nécessaires à une bonne recherche, autant en ce qui a trait à la qualité qu'en ce qui regarde la quantité. Certains renseignements sont plus fiables que d'autres. Comment les reconnaître? Le livre fournit de précieux conseils à cet égard. Par ailleurs, les auteurs privilégient dans Internet la recherche en mode avancé, qui permet de mieux cibler son sujet. Or, un nombre significatif d'étudiants connaît mal cette piste.

Le guide aborde aussi des aspects en apparence plus simples mais dont la méconnaissance peut causer d'inutiles problèmes aux chercheurs. Par exemple, qu'entend-on par «périodique», par «revue savante», par «catalogue»? Quels sont les principaux ouvrages de référence et comment peut-on les repérer?

Maryse Gagnon est titulaire d'une maîtrise en bibliothéconomie et en sciences de l'information de l'Université. M. Farley-Chevrier travaille présentement dans le domaine de l'édition.

Paule des Rivières

Maryse Gagnon et Francis Farley-Chevrier, Guide de la recherche documentaire, Les Presses de l'Université de Montréal, 2004.



 
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