Une impressionnante sculpture modulaire marque l'intersection du chemin de la Tour et du chemin des Services, près de l'aile Z du pavillon Roger-Gaudry.

L'oeuvre de béton est composée de trois tours dont la plus grande mesure huit mètres. Elles sont reliées les unes aux autres par une série d'arches traçant des vides elliptiques dans l'espace. Des membres perpendiculaires y indiquent les points cardinaux. L'Ensemble de l'Université de Montréal est aussi parfois appelé L'isolateur et Robert Roussil en est le concepteur.

La composition date de 1985. À cette époque et depuis un moment déjà, l'artiste travaillait à l'élaboration de constructions complexes, dites «sculptures habitables».

À travers des changements étonnants d'échelles et de matériaux, son travail de création s'est progressivement resserré autour de la notion de conception de lieux. D'un tempérament curieux, railleur et passionné, Robert Roussil se bagarre beaucoup. Et il écrit des manifestes. Pour la paix, pour la liberté de pensée et d'expression, pour une fusion littérale de la sculpture et de l'architecture. Robert Roussil est un artiste éminemment engagé.

Né en 1925 à Montréal, il quitte l'école à 13 ans, exerce mille et un métiers manuels, s'engage comme soldat et bénéficie à son retour d'un programme de réinsertion pour anciens combattants: il choisira d'étudier les arts. Une série de démêlés plus ou moins navrants avec les autorités en place lui ont rapidement amené une grande visibilité et on le dénommera alors «l'enfant terrible de la sculpture canadienne».

Depuis 1958, Robert Roussil habite un ancien moulin dans un petit village de Provence. Il s'y est aménagé un domaine qu'il considère comme son oeuvre essentielle.

L'Hommage à René Lévesque, réalisée en 1988 pour la ville de Lachine, est dans sa conception une pièce proche de l'Ensemble de l'UdeM.

Nathalie Guimond