La cour d'honneur ouest du pavillon Roger-Gaudry abrite une étonnante sculpture dont l'équilibre sur son socle semble précaire.

Hommage to Kodaly, qui date de 1968, est l'oeuvre de Sorel Etrog, un Canadien d'adoption né en Roumanie en 1933.

À partir de la fin des années 60, l'être humain est l'objet principal de l'attention et du commentaire de Sorel Etrog. Il le transforme en une mécanique existentielle oscillant entre le tragique et l'érotisme ludique. Des éléments industriels composent le corps de ce bronze au moyen de liens et de charnières agencés selon une logique architectonique imaginaire.

Délibérément, ses pièces portent des titres ambigus, résultant de la volonté de l'artiste de solliciter l'inconscient du spectateur. Ses compositions naissent du désir persistant d'impliquer ce dernier en alliant l'immédiateté perceptuelle au filtre de la réflexion.

Sorel Etrog est toujours resté fidèle au bois, au marbre et au bronze dans ses sculptures. Ses oeuvres parlent de la condition humaine, de la beauté tragique de l'homme moderne, hybride d'âme et de technologie. L'articulation dans l'assemblage est le point focal de cet art qui nous conduit dans un monde de forces rythmées et opposées: le stable et le dynamique, l'artificiel et l'organique, le sensuel et le spirituel.

Après une enfance passée dans une Roumanie occupée par le régime nazi, Sorel Etrog quitte son pays pour étudier l'art en Israël puis à New York. Il déménagera à Toronto en 1963 et sera choisi en 1966 pour représenter le Canada à la Biennale de Venise.

Sorel Etrog partage maintenant son temps entre Toronto et l'Italie, où sont coulés tous ses bronzes. Il a plus d'une cinquantaine d'expositions solo à son actif. Artiste complet, il a touché à la peinture, au design et à la poésie, a illustré des livres, participé à la fabrication de décors et de costumes de théâtre, fait de la scénarisation et de la mise en scène, en plus d'agir comme commissaire d'exposition.

Nathalie Guimond