Édition du 8 novembre 2004 / volume 39, numéro 10
 
  un hommage
Clément Morin aura marqué la Faculté de musique

Clément Morin

Clément Morin a été doyen de la Faculté de musique de 1956 à 1969, le plus long décanat de l'histoire de la Faculté.

Aujourd'hui, cette époque semble très lointaine, non seulement par le calendrier, mais aussi par le développement d'une unité qui, au temps de M. Morin, ne faisait que commencer sa croissance, avec 70 étudiants et 6 professeurs, doyen et secrétaire inclus.

M. Morin était l'héritier des fondateurs de l'Université de Montréal. La Faculté de musique portait alors les marques d'une vision religieuse de l'enseignement supérieur, avec deux programmes: musique profane et musique sacrée. Clément Morin a eu le mérite d'ouvrir la porte à une orientation plus large en engageant des professeurs aux compétences différentes (Garant, Prévost, Kendergi entre autres) qui, quelques années plus tard, transformeront complètement le profil de la Faculté.

Discret, réservé, M. Morin donnait l'impression de garder une certaine distance par rapport aux affaires humaines. Cependant, derrière la façade se cachait un musicien passionné, aussitôt qu'il était question de son domaine préféré: le plain-chant et la polyphonie des temps anciens. Passion qui ne s'est jamais assoupie. 

En tant que prêtre, Clément Morin avait approché le chant grégorien de l'intérieur; le savant et le chef de choeur qu'il était ne se dissociait pas de sa vocation religieuse. Les recherches et la vie des bénédictins de l'abbaye de Solesmes, où il retournait souvent, étaient ses modèles. D'une grande érudition, aussi bien en théologie (sa carrière de professeur commence avec la théologie en 1934) qu'en paléographie musicale, tous ses travaux étaient marqués par la tradition humaniste. Pendant des années, on l'a invité à donner des stages d'été en Italie, en France, en Irlande, aux États-Unis. En hiver, à la Faculté, ses cours de langages musicaux étaient devenus une légende. Pédagogue hors pair et chef de choeur, il a été nommé professeur émérite en 1973. Pendant les nombreuses années qui ont suivi sa retraite, il a continué ses «pèlerinages d'été», qu'il voyait comme une mission musicale, transmettant son savoir et son enthousiasme qui ne s'étaient pas atténués avec l'âge.

M. Morin avait une vision du plain-chant qui dépassait de loin l'objet d'études musicologiques. À vrai dire, son monde spirituel ne peut être séparé du chant grégorien vécu au quotidien; cela explique sa fidélité inconditionnelle à la tradition de l'école de Solesmes. En effet, l'interprétation selon les règles de Solesmes était pour lui le seul canon, la bible du chant grégorien; c'était le seul sujet où toute tentative de discussion était d'avance vouée à l'échec.

Sa vie a été riche. Pendant 13 ans, il a tenu la barre de la Faculté de musique dans des conditions précaires, et ceux qui l'ont suivi lui doivent beaucoup. Sur le plan personnel, il a réussi ce à quoi tout être humain aspire: associer sa vocation religieuse, ses recherches et son amour de la musique d'une façon harmonieuse et les partager par l'enseignement et par la liturgie.

Peut-on imaginer plus belle réussite d'une vie?

Dujka Smoje
Professeure honoraire
Faculté de musique



 
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