Édition du 15 novembre 2004 / volume 39, numéro 11
 
  Chercheurs, publiez gagnant! Soyez lus! Choisissez BioMed Central!
La Bibliothèque de la santé fait la promotion d'un éditeur électronique à libre accès

Sylvie Michaud croit que le libre accès en matière de recherche scientifique «est là pour rester» et va s'imposer de plus en plus.

Lorsque Pierre Moreau a reçu la confirmation que son article serait publié dans une revue savante traditionnelle, le Journal of Vascular Research, il a aussi reçu la facture pour couvrir les frais de sa publication: 750 $US. «De plus, la revue m'a incité à faire des pressions pour que notre bibliothèque s'y abonne, relate-t-il. Résultat: on paie pour faire de la recherche, on paie pour publier ses résultats et on paie pour consulter ses articles.»

Excédé par ces coûts et par les tracasseries administratives liées à l'édition savante, le chercheur en pharmacie a découvert l'an dernier une nouvelle forme de publication: BioMed Central (www.biomedcentral.com/inst/60935). Totalement gratuite pour le lecteur, cette revue électronique se finance grâce à l'abonnement des établissements qui en fournissent le contenu. Pour l'Université de Montréal, le tarif est de 4400 $ par an.

Pierre Moreau a soumis un article qui a été accepté après révision par un comité de pairs. Intitulé «Signaling of angiotensin II-induced vascular protein synthesis in conduit and resistance arteries in vivo» (premier auteur: Chantal Daigle), cet article a été consulté plus de 2000 fois depuis qu'il a été mis en ligne. Une quarantaine de chercheurs de l'UdeM ont fait comme M. Moreau et choisi cette voie du libre accès à l'autoroute électronique.

Pour la bibliothécaire Sylvie Michaud, spécialisée dans les publications liées au secteur de la santé, BioMed Central est peut-être la solution à la crise de l'édition savante. «Quand Internet a vu le jour, nous étions optimistes, explique cette diplômée en biologie. Cette voie de communication allait faciliter la circulation des connaissances scientifiques. C'est presque le contraire qui s'est produit. Les coûts ont explosé et, aujourd'hui, les budgets nous forcent à reconsidérer nos priorités.»

Annuler des abonnements

Depuis 1999, la proportion des sommes allouées aux périodiques électroniques est passée de 29 à 41 % du budget total des acquisitions. Par exemple, l'accès à la revue Nature (et à sept autres périodiques du Nature Publishing Group) coûte pas moins de 18 000 $ par année à la bibliothèque de l'Université. Des coûts comparables accompagnent l'abonnement au Journal of the American Academy of Sciences et aux archives qui y sont associées.

«Avec 1774 abonnements (formats électronique et papier) à la Bibliothèque de la santé, nous sommes encore capables d'offrir un large choix de publications à la communauté universitaire, affirme Sylvie Michaud. Mais il a fallu renoncer à un grand nombre de parutions moins consultées. Et si les coûts continuent d'augmenter, nous devrons annuler d'autres abonnements.»

Mme Michaud a produit pour la Direction des bibliothèques un document sur la situation. Elle relate le cas du groupe anglais Reed Elsevier, le plus grand éditeur scientifique du monde. En 2002, ce groupe a engrangé des profits de 704 M$, une hausse de 43 % par rapport à l'année précédente. «La publication électronique, contrairement à ce qu'on croyait, a participé à cette explosion des coûts... et des profits, écrit-elle. En effet, lorsque les éditeurs ont commencé à offrir la version électronique de leurs publications, celle-ci venait généralement gracieusement avec l'abonnement de la version imprimée. Mais bien vite, ces éditeurs ont commencé à exiger un léger supplément pour la version électronique, puis le double du prix de l'abonnement papier.»

Expérience positive

Les coûts de l'abonnement à Nature ont connu une hausse vertigineuse.
Satisfait de son expérience avec BioMed Central, Pierre Moreau a bien l'intention de soumettre d'autres articles à l'avenir. «C'est un excellent véhicule pour la diffusion scientifique, indique ce professeur agrégé de la Faculté de pharmacie. Son impact n'est pas encore celui des revues les plus prestigieuses, mais ça viendra.»

Plusieurs indices permettent de croire que l'accès ouvert est là pour rester, estime Sylvie Michaud. «Il faut compter sur l'effet d'entraînement. Plus il y aura de chercheurs qui publieront dans cette revue, plus celle-ci verra sa réputation et son lectorat ressembler à ceux des revues de prestige et plus les chercheurs qui n'ont pas encore utilisé ce nouveau modèle d'édition verront tomber leurs dernières réticences.»

Les chercheurs ne sont pas toujours sur des «gros coups», souligne Pierre Moreau. Aussi, sans renoncer à viser haut pour des recherches de pointe, il y a de nombreuses recherches pour lesquelles les attentes sont plus modestes. C'est là qu'un éditeur comme BioMed Central peut jouer un rôle utile. «Je considère que nous avons eu d'excellents commentaires du comité d'évaluation par les pairs. Les délais de publication ont été raisonnables, bref j'ai trouvé tout cela très professionnel.»

Partout dans le monde, de nombreux groupes ont pris position pour l'accès libre aux résultats de la science. Au Royaume-Uni, en Australie, aux États-Unis, d'importants organismes publics se sont déclarés en faveur de cette philosophie. Au Canada, la question est dans l'air. Le Centre national de la recherche scientifique organise cet automne une consultation nationale sur le sujet. On veut se donner «un cadre de travail et des directives qui contribueront à l'accès libre, à long terme, aux données émanant des efforts de la recherche tributaire du financement public».

Adresse de l'article de Sylvie Michaud en ligne: www.bib.umontreal.ca/SA/bmc.pdf

Mathieu-Robert Sauvé



 
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