Édition du 22 novembre 2004 / volume 39, numéro 12
 
  La répression du Falun Gong exposée à l'Université
La Semaine de la solidarité a donné lieu à des simulations de tortures dont sont victimes les membres du Falun Gong en Chine

Des membres du Falun Gong se sont prêtés à des simulations de tortures.

La Semaine de la solidarité, organisée chaque année par le Service d'action humanitaire et communautaire (SAHC), n'est pas passée inaperçue cette année. Au total, plus d'une quinzaine d'activités de toutes sortes ont permis de sensibiliser les étudiants aux conditions souvent déplorables dans lesquelles vivent, tant à Montréal que dans le monde, des groupes minoritaires, des démunis et des laissés-pour-compte.

«Depuis deux ans, à la suite du 11 septembre, on sent un plus grand désir chez les étudiants de voir advenir des valeurs humanistes dans la société, souligne Alain Vienneau, directeur intérimaire du SAHC. L'engagement social est plus grand et nous observons même une augmentation du nombre de bénévoles qui participent à l'organisation de nos activités.»

Le résultat, c'est que la Semaine de la solidarité est maintenant aussi importante et riche en activités que la Semaine interculturelle, l'autre grande manifestation annuelle du SAHC.

Le Falun Gong

Cette année, la mise en scène Exposons la torture, conçue par des adeptes du Falun Gong, a été l'événement qui a sans doute le plus attiré l'attention. Chaque jour à l'heure du diner, des partisans de cette discipline spirituelle ont simulé, à deux pas de la cafétéria du pavillon 3200 Jean-Brillant, les supplices dont sont victimes les membres de ce mouvement en Chine.

Le Falun Gong est une pratique gestuelle qui, pour les non-initiés, semble emprunter au thai ki et au yoga et qui vise la santé physique et le développement spirituel. Ses adeptes se disent non violents et soutiennent que leur mouvement est apolitique. Les principes philosophiques (vérité, compassion, patience) et les croyances religieuses (énergies subtiles, harmonie cosmique, réincarnation) sur lesquels se fonde la pratique puisent dans un passé aussi lointain que le taoïsme.

Au moins un étudiant de l'UdeM en est membre: Olivier Chartran, qui étudie en communication à la Faculté de l'éducation permanente, a proposé cette activité-choc au SAHC. Selon les documents distribués sur place, pas moins de 200 000 personnes seraient emprisonnées dans des camps de travaux forcés ou internées dans des hôpitaux psychiatriques en Chine uniquement pour s'être adonnées au rituel du Falun Gong ou en partager les croyances. Fait encore plus ahurissant, près de 1600 adeptes auraient été torturés à mort ou exécutés.

Selon Olivier Chartran, la répression contre le Falun Gong résulterait d'une jalousie incommensurable de la part de l'ex-président Jiang Zemin. «En 1999, le mouvement regroupait 100 millions d'adeptes alors que le Parti communiste ne comptait que 70 millions de membres, affirme-t-il. La popularité du fondateur a subitement inquiété Jiang Zemin, qui était détesté et ridiculisé par le peuple chinois à la suite du massacre de la place Tiananmen.» Auparavant soutenue et encouragée par le gouvernement chinois pour ses bienfaits sur la santé, la pratique du Falun Gong est devenue interdite et son instigateur a dû se réfugier aux États-Unis.

Réactions positives

Malgré le caractère potentiellement choquant de la mise en scène, Alain Vienneau se réjouit que tout se soit bien passé et déclare que les réactions du public ont été plutôt positives. «Si nous avions reçu des plaintes, nous aurions demandé aux responsables de modifier leur présentation, indique-t-il. Mais il n'y a rien eu de déplacé et les commentaires que nous avons reçus étaient très bons.»

Le SAHC, précise son directeur intérimaire, ne prend pas position sur les questions idéologiques, politiques ou religieuses que peuvent véhiculer certains groupes invités à participer à cette semaine. «Tout ce que nous voulons, c'est sensibiliser les étudiants aux droits de la personne et aux valeurs humanistes à respecter. Ce n'est pas la première année que des adeptes du Falun Gong sont invités et le fait qu'Amnistie internationale prenne en charge la défense de ces prisonniers accrédite leur cause.»

Daniel Baril



 
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