Édition du 29 novembre 2004 / volume 39, numéro 13
 
  Le mur a entraîné une réduction du terrorisme
La mort d'Arafat ouvre une fenêtre sur une possible relance du processus de paix

Emmanuel Halperin

Bien qu'il soit impossible de faire preuve d'un «grand optimisme», il est permis d'entretenir des «espérances mesurées» au sujet du conflit israélo-palestinien. C'est ce que soutient le journaliste israélien Emmanuel Halperin. Ce dernier s'est adressé à des étudiants le 22 novembre dernier à l'invitation du Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal, qui s'était associé pour l'occasion au Département de science politique et au comité Québec-Israël. De passage au Québec, il a accepté de remplacer au pied levé le conférencier initialement prévu mais retenu en France pour cause de maladie, le journaliste et historien Alexandre Adler.

M. Halperin n'a pas cherché à faire la part des choses: «Je ne suis pas objectif.» Invité à s'exprimer sur l'après-Arafat, il a rapporté que la fatigue était grande. «Nous sommes dans une situation de blocage telle qu'il faut faire quelque chose. Il faut reprendre le dialogue.» M. Halperin se réjouit de constater que déjà la communauté internationale manifeste sa volonté de vouloir peser de son poids afin de favoriser une reprise du dialogue.

Le conférencier, qui est rédacteur en chef du service Politique et étranger de la principale chaîne de télévision israélienne et correspondant de RTL à Jérusalem, constate que les actes terroristes ont quelque peu diminué ces derniers temps. Mais prévient-il, «ce n'est pas par manque de motivation». Il attribue cette diminution à deux facteurs: d'abord l'excellence du travail des services de renseignements israéliens mais aussi l'érection de la «clôture de sécurité» qui longe la Cisjordanie. «La preuve a été faite que cette barrière empêche une grande partie des commandos terroristes de passer de l'autre côté. Elle est efficace. Le terrorisme est en quelque sorte muselé.»

Dans ce contexte, M. Halperin n'a que faire de la pluie de critiques qui a accueilli la décision de construire ce mur. Il rappelle en outre que, saisie du dossier, la Cour suprême d'Israël a exigé et obtenu les correctifs sur le tracé du mur afin qu'il ne porte pas atteinte de manière exagérée à la vie et au bien-être des Palestiniens de l'autre côté du mur.

Cela dit, le journaliste ne cache pas que, sans être dans la misère, «les Palestiniens vivent dans un certain dénuement, et sans grande perspective économique. Leur vie quotidienne est un enfer. Il faut que les Palestiniens puissent avoir une espérance économique, sinon le conflit va perdurer», met-il en garde.

Survolant les concessions consenties par Israël lors des accords d'Oslo, le journaliste s'est demandé ce qui pouvait encore être fait. Il a mentionné entre autres que les revendications du droit au retour des Palestiniens chassés de leurs terres en 1948 n'étaient pas réalistes compte tenu de l'exiguïté du territoire. Il a aussi noté que l'exigence posée il y a une semaine par le gouvernement d'Ariel Sharon à la reprise des pourparlers, soit la cessation de l'incitation à la haine dans les écoles ou dans les médias, n'a pas été acceptée.

Mais les obstacles n'empêchent pas une majorité d'Israéliens de voir que les changements apportés par le départ d'Arafat créent une occasion qu'il faut saisir et rapidement, car cette fenêtre peut se refermer. «Le problème essentiel est celui de l'acceptation de l'un par l'autre.»

Paule des Rivières



 
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