Édition du 6 décembre 2004 / volume 39, numéro 14
 
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Un Québec en mal d'enfants - Le Québec et la laïcité - Le cinématographe - L'autisme aujourd'hui - Et si nous dansions? - Lecture publique et culture au Québec

Un Québec en mal d'enfants: la médicalisation de la maternité, 1910-1970

Qualifié par certains de «nécropole des bébés», le Québec du début du 20e siècle présentait les taux de mortalité infantile parmi les plus élevés du monde occidental, en particulier chez les catholiques francophones. Cette «saignée nationale» a entraîné la création d'un vaste mouvement en faveur de la sauvegarde de l'enfance, qui a ouvert la voie à une intervention accrue des médecins auprès des mères et des nourrissons, en d'autres termes à une médicalisation croissante de la maternité. Comment les médecins sont-ils parvenus à convaincre les femmes de la nécessité de les consulter, non seulement au moment de l'accouchement mais aussi durant la grossesse et, par la suite, durant la première année de vie de leur enfant? Pourquoi et à quelles conditions celles-ci ont-elles choisi de suivre leurs prescriptions?

Denyse Baillargeon répond à ces questions en s'attardant aux différents aspects du processus de médicalisation de la maternité entre les années 1910, période où émerge le mouvement de lutte contre la mortalité infantile, et 1970, année de l'entrée en vigueur du régime québécois de l'assurance maladie. Son analyse s'intéresse au discours des médecins canadiens-français à l'égard de la mortalité infantile et de la maternité et à l'essor des services médicaux mis gratuitement à la disposition des mères au cours de cette période. Fondée sur une vaste recherche documentaire et sur une soixantaine d'entrevues avec des femmes qui ont élevé leur famille entre les années 1930 et 1960, l'étude accorde en outre une large place au point de vue des mères et à leur utilisation des services offerts. Tout en faisant ressortir la multiplicité des acteurs sociaux qui ont pris part à ce processus (médecins, infirmières, groupes de femmes, membres du clergé, entreprise privée, État, sans oublier les mères), cet ouvrage souligne à la fois les alliances et les conflits ainsi que les jeux de pouvoir qui les ont rassemblés ou opposés, pour révéler toute la complexité d'un phénomène qui a profondément transformé la maternité et la société québécoise.

Denyse Baillargeon, Un Québec en mal d'enfants: la médicalisation de la maternité, 1910-1970, Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 2004, 376 p., 29,95 $.

Le Québec et la laïcité: avancées et dérives

«J'ai décidé d'écrire ce livre, avoue l'auteur, sous l'effet de la colère et de l'indignation devant certains événements à connotation religieuse: les journaux de décembre 2002 ont fait état du refus du conseil municipal de Montréal, à la suite de celui de Toronto, de parler de la fête de Noël ou de l'arbre de Noël, préférant les expressions «fête de la lumière» ou «décorations d'hiver»; huit premiers ministres provinciaux n'osent pas mentionner Noël dans leurs cartes de voeux; une directrice d'école interdit à la chorale des élèves de chanter des cantiques de Noël; une animatrice de pastorale paroissiale m'affirme qu'il n'y aura bientôt plus de cours d'enseignement religieux confessionnel dans l'école et que, dans le nouveau Service d'animation spirituelle et d'engagement communautaire, on n'a pas le droit de parler de Dieu, etc.

«N'y a-t-il donc personne pour s'inquiéter de l'impact de l'abandon du patrimoine religieux? Et si nous faisons disparaître des lieux publics toute trace de ce qui fut notre religion nationale, comment pouvons-nous prétendre accueillir les croyances des autres?»

Cet essai aborde avec courage et subtilité des questions difficiles, voire taboues: la laïcité de l'État, de la société et de l'école, la place des rites et symboles religieux dans l'espace public, celle de l'enseignement religieux et de l'animation à la vie spirituelle à l'école.

Guy Durand, Le Québec et la laïcité: avancées et dérives, Montréal, Les Éditions Varia, 2004, 124 p., 14,95 $.

Le cinématographe: nouvelle technologie du XXe siècle

L'intérêt pour le cinéma des premiers temps est plus vivace que jamais. En 1978, le fameux symposium de Brighton avait soulevé une vague de fond dont le dernier colloque de Domitor («Cinéma des premiers temps : technologie et dispositif», Montréal, 2002) a témoigné à son tour. Mettant en présence de nombreux chercheurs d'Amérique du Nord et d'Europe, il offre un précieux indicateur de la vitalité de la recherche concernant cette «haute époque» du cinéma. Cet ouvrage, qui part des travaux du colloque, se livre cependant à un exercice assez particulier. Non seulement il s'interroge sur la place de ce continent perdu qu'est «le cinéma des premiers temps» par rapport au pôle central du cinéma institutionnalisé, mais surtout il questionne la place de la recherche à son endroit par rapport à celle, sinon plus légitime du moins plus légitimée, qui concerne le cinéma dans son ensemble. Depuis une trentaine d'années, l'angoisse de la «fin du cinéma» hante les esprits. Son origine est d'ordre technologique : comme tous les médias au tournant du dernier siècle, le cinéma se dématérialise. Son dispositif se modifie, le numérique s'impose, les opérations se «virtualisent». C'est pourtant dans ce contexte qu'il peut être, paradoxalement, profitable de retourner aux «premiers temps»,  de réfléchir sur les technologies qui auront permis l'émergence du cinéma et sur l'incidence de ces technologies sur la production, l'exploitation et la réception des «vues animées». Cet ouvrage traite ainsi des différentes problématiques permettant de combiner les questions relatives à la technologie et au dispositif, et de les situer dans une perspective plus globale, à la fois théorique et intermédiatique. La technologie y tient la vedette, convoquée le plus souvent selon des perspectives nouvelles. Ici le chercheur s'intéresse aux inventions et à ses perfectionnements, là il se consacre aux aspects culturels et esthétiques du dispositif, quand ce n'est pas à ses enjeux épistémologiques. Puisque la technologie du cinéma engage le regard du spectateur, le chercheur pourra, d'autre part, se pencher sur les phénomènes de réception, sur sa propre activité fabulatrice, ou encore sur la problématique du vrai et du faux qu'induisent les vues du cinématographe.

André Gaudreault, Catherine Russell et Pierre Véronneau, Le cinématographe: nouvelle technologie du XXe siècle, Éditions Payot Lausanne, 2004.

L'autisme aujourd'hui

Par-delà les points de vue souvent passionnels des nombreux chercheurs et thérapeutes qui se sont intéressés à l'autisme, l'auteur dresse un bilan lucide des apports de chaque discipline: psychanalyse, neurobiologie, génétique, thérapies éducatives...

Michel Lemay a suivi et soigné près de 600 enfants autistes et nous propose ici une somme d'observations hors du commun. Sa pratique thérapeutique le conduit à trois convictions essentielles qu'il développe en détail: on peut pénétrer le monde de l'autisme, les différents professionnels doivent agir ensemble et les parents sont des collaborateurs à part entière de la thérapie.

Parents et professionnels puiseront dans ce livre de nouvelles forces pour lutter contre l'autisme.

Michel Lemay, L'autisme aujourd'hui, Paris, Odile Jacob, 2004, 420 p., 39,95 $.

Et si nous dansions?

Pourquoi un si grand nombre de Canadiens ne se sentent pas chez eux dans leur propre pays? Certains de nos principaux problèmes et controverses politiques ne pourraient-ils pas trouver leur résolution dans une nouvelle forme de dialogue? Ce sont les questions que pose ici le philosophe politique Charles Blattberg, qui affirme que la voie que nous devrions privilégier aujourd'hui en politique canadienne est la conversation.
Selon lui, toutes les formes de dialogue auxquelles nous avons eu recours jusqu'à présent sont inadéquates et seule la conversation permettra des rapprochements réels en cas de conflit et pourra mener à une pleine réalisation du bien commun.

Dans cet essai étonnant, Charles Blattberg défend une nouvelle conception de ce qu'est ou devrait être un pays: une communauté de citoyens.

Charles Blattberg, Et si nous dansions? Pour une politique du bien commun au Canada, Les Presses de l'Université de Montréal, 2004, 25,95 $.

Lecture publique et culture au Québec: XIXe et XXe siècles

Des cabinets de lecture aux bibliothèques paroissiales ou municipales, l'auteur nous entraîne à la découverte des acteurs et des événements qui ont jalonné le cours de l'histoire de la lecture publique au Québec. En examinant l'évolution des bibliothèques publiques, qu'elles soient confessionnelles ou laïques, il décrit le rôle social et culturel de ces institutions au cours des 19e et 20e siècles, présente les défis qu'elles devront relever et trace un bilan de la politique de l'État québécois.

Marcel Lajeunesse, Lecture publique et culture au Québec: XIXe et XXe siècles, Sainte-Foy, Presses de l'Université du Québec, 2004.



 
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