Édition du 10 janvier 2005 / volume 39, numéro 16
 
  CHUM: l'emplacement de Saint-Luc a-t-il tout faux?
L'Assemblée universitaire donne un appui unanime au site de l'Acadie-Beaumont

Robert Lacroix

«Erreur monumentale», «manipulation», «bavure»... Certains membres n'ont pas ménagé leurs mots, à la séance de l'Assemblée universitaire (AU) du 13 décembre dernier, pour décrier le site de l'hôpital Saint-Luc comme lieu possible d'implantation du CHUM.

Par ailleurs, la défense présentée par le recteur Robert Lacroix du site de l'Acadie-Beaumont a été si éloquente et convaincante que l'Assemblée a unanimement, et sans aucune abstention, donné son appui au projet d'une technopole de la santé regroupant le CHUM et l'ensemble des unités de santé de l'Université de Montréal sur l'emplacement de l'actuelle gare de triage d'Outremont.

«L'Université avait déjà rejeté le site de Saint-Luc avant la sortie du rapport Mulroney-Johnson», a souligné le recteur. Deux raisons majeures amènent l'UdeM à s'opposer à ce site: l'obligation de construire en hauteur et l'impossibilité d'y déménager les facultés de la santé.

Le projet de Saint-Luc prévoit quatre pavillons de 17 étages et de 6 sous-sols chacun. Selon les professeurs des sciences de la santé, il est impossible d'assurer une synergie entre les diverses disciplines dans un tel environnement, alors que les patients en convalescence ont besoin de lumière. Le site de l'Acadie-Beaumont offre en revanche plus d'espace que nécessaire.

Tout en étant beaucoup plus central sur l'île de Montréal et constituant un choix plus rationnel compte tenu du développement démographique du nord de l'île, le site privilégié par le recteur a aussi l'avantage de permettre l'installation des facultés et des départements de santé sur le même emplacement que le CHUM. La Faculté de médecine aurait besoin de 110 000 m2 supplémentaires d'ici 2010 pour faire face à l'augmentation de la clientèle et il n'y a plus de place sur le campus. «Ces données n'ont jamais été remises en question au ministère de l'Éducation», a affirmé M. Lacroix.

Quant aux arguments de ceux qui s'élèvent contre le site de l'Acadie-Beaumont, ils peuvent être tout autant adressés au site de Saint-Luc ou à celui du CHU de l'Université McGill. Les sols contaminés et l'absence d'infrastructures n'ont jamais été soulevés pour s'opposer au site de McGill, alors que l'autoroute 20 et le boulevard René-Lévesque, qui bordent l'hôpital Saint-Luc, ne semblent ni plus sécuritaires ni plus silencieux que la voie ferrée du Canadien Pacifique.

«Lorsque l'emplacement du 6000, rue Saint-Denis avait été retenu, aucune coalition du centre-ville ne s'est opposée à ce site, a signalé le recteur. Pourquoi une telle opposition au site de l'Acadie-Beaumont, qui n'est qu'à quelques centaines de mètres de là?»

Le projet défendu par le recteur, qui maintiendrait un hôpital général à Saint-Luc, apparait d'ailleurs supérieur au projet initial du 6000, rue Saint-Denis, qui prévoyait tout simplement la fermeture des trois hôpitaux du centre-ville. Selon le recteur, la population du centre-ville serait mieux desservie par un hôpital général que par un hôpital de soins spécialisés dont la clientèle provient de partout dans la région.

À son avis, toutes les études accomplies pour le projet du 6000, rue Saint-Denis ­ auxquelles ont travaillé 1000 personnes pendant 18 mois au sein de 60 comités ­ pourraient être appliquées au site de l'Acadie-Beaumont.

Un complexe qui légitime l'investissement

«Avec le projet de la technopole de la santé, l'Université de Montréal retrouverait l'ordre de grandeur des autres centres hospitaliers universitaires, a soutenu Robert Lacroix. L'investissement de 1,2 milliard de dollars dans le CHUM n'est pas légitimé s'il ne nous donne pas un complexe de grande envergure.»

Mais pourquoi le site de l'Acadie-Beaumont n'a-t-il pas été examiné plus tôt? Parce que le Canadien Pacifique avait un projet de développement résidentiel sur ce site, a rappelé Jean McNeil, professeur à la Faculté de l'aménagement. Il y avait aussi des raisons politiques: l'ancien gouvernement ne voulait pas établir le CHUM à l'ouest de la rue Saint-Denis, a indiqué le recteur, qui ne souhaitait pas rendre son projet public avant que toutes les études de faisabilité aient été réalisées.

«Quelle que soit la décision du gouvernement, a-t-il ajouté, il est clair que ni les facultés de la santé ni l'Université n'entérineront le choix de Saint-Luc. Nous l'accepterons, mais nous ne l'entérinerons pas. Et l'Université maintient son option sur le site d'Outremont pour ses facultés même si le CHUM n'y est pas construit.»

À l'Assemblée universitaire, le rejet du site de Saint-Luc était tel qu'un membre a même suggéré de retirer l'appellation «Université de Montréal» si cet emplacement était retenu!

Depuis l'annonce du projet de technopole de la santé sur le site de l'Acadie-Beaumont, celui-ci a reçu de nombreux appuis de taille. À commencer par Lucien Bouchard, qui était premier ministre du Québec lorsque le site du 6000, rue Saint-Denis a été retenu et qui a négocié l'acquisition du terrain du CHU de l'Université McGill. La semaine dernière, une trentaine de personnalités du monde des affaires et de la finance rendaient public leur soutien au projet. Pas moins de 320 médecins, professeurs et chercheurs du CHUM et des établissements affiliés ont également signé une lettre en faveur du projet. BIOQuébec, le plus important réseau des bio-industries et des sciences de la santé du Canada, de même que l'Association des diplômés, avec ses 200 000 membres, se rangent derrière le projet du recteur Lacroix.

On peut trouver toute l'information sur ce projet ainsi que les lettres d'appui sur le site Internet de l'UdeM.


Daniel Baril



 
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