Édition du 31 janvier 2005 / volume 39, numéro 19
 
  Il y a un problème de persévérance au doctorat
Le taux d'abandon est «difficile à accepter», selon Louis Maheu.

La joie de décrocher son diplôme

Après six ans, la moitié des étudiants inscrits au doctorat abandonnent leurs études. Ce taux d’abandon est «difficile à accepter», selon le doyen de la Faculté des études supérieures (FES), Louis Maheu, qui travaille d’arrachepied pour améliorer les taux de persévérance des étudiants.

M. Maheu a présenté à la séance de l’Assemblée universitaire du 24 janvier les dernières statistiques sur les inscriptions aux cycles supérieurs. Bien que plusieurs données soient très encourageantes, notamment celles sur la hausse des inscriptions aux deuxième et troisième cycles, les taux d’abandon mécontentent le doyen.

«Ailleurs, on délivre davantage de diplômes de maitrise et de doctorat dans des temps plus courts», rappelle-t-il en ajoutant que l’Université de Montréal se situe au dernier rang du groupe des 10 universités de recherche canadiennes formant le G10. «Ce n’est pas une position que la FES aime occuper.»

Évidemment, les taux de diplomation varient énormément d’une discipline à l’autre, de sorte qu’il est difficile de lancer des chiffres globaux. Par exemple, en sciences de la santé, la persévérance dans les études est très bonne. Le taux le plus préoccupant s’observe en lettres et en arts, puisque près de 60  % des étudiants ne terminent pas la scolarité de doctorat qu’ils ont entreprise.

«Il n’y a pas qu’un seul facteur en cause, souligne le doyen de la FES. Il est important que les étudiants reçoivent un soutien financier adéquat, mais il est tout aussi essentiel qu’ils ne se sentent pas isolés. Le sentiment d’isolement est souvent mentionné par les décrocheurs», rapporte le doyen en entrevue. C’est donc sur plusieurs fronts à la fois que le doyen et son équipe se battent pour contrer le phénomène. Déjà, plusieurs mesures ont été adoptées dans cette optique.

        

De gauche à droite: Robert Lacroix, Louis Maheu

 
                 

À gauche, Maryse Rinfret-Raynor; à droite Pierre Bordeleau

 

Encadrer les étudiants

La FES a notamment travaillé à l’amélioration de l’encadrement des étudiants ainsi qu’à celle de leur situation financière en haussant le montant et le nombre de bourses d’études.

M. Maheu attire régulièrement l’attention des unités sur leur situation. Mais il déplore qu’il faille constamment revenir à la charge. «Dans beaucoup d’unités, on repart à zéro chaque fois que la direction change. Aucun organisme sérieux à notre échelon ne peut se permettre tant de trous dans la mémoire collective.»

Le doyen souhaite par ailleurs hausser les critères d’admissibilité, en les faisant passer de 2,7 à 3 pour le passage du baccalauréat à la maitrise et de 3 à 3,3 pour l’accès aux études doctorales.

Il note qu’il y a deux temps à risque pour les étudiants, deux «moments clés»: lorsqu’ils font leur examen général de synthèse et quand ils s’engagent dans une phase intense de recherche. Il faut donc les soutenir de façon particulière à ces étapes-là.

Quelques instants auparavant, Maryse Rinfret-Raynor, vice-rectrice à l’enseignement de premier cycle et à la formation continue, avait dévoilé des informations sur les inscriptions au premier cycle. «Les clientèles sont en augmentation», a-t-elle dit. Fait à noter, il y a un accroissement des étudiants étrangers et de ceux qui ont un statut de résidents permanents. Les femmes sont majoritaires à l’Université dans presque toutes les disciplines.

Tout comme son collègue, Mme Rinfret-Raynor a affirmé qu’il était important de bien recevoir les étudiants mais aussi de les suivre au long de leurs études. «Notre responsabilité va au-delà de l’accueil», a-t-elle fait remarquer. Pour les études de premier cycle, le taux de persévérance s’établit à 80 %, en hausse depuis 1998, alors qu’il était de 77 %. La vice-rectrice croit qu’il faut s’intéresser davantage à la qualité de vie de l’étudiant.

Déception du recteur

Le recteur, Robert Lacroix, a abordé devant les membres de l’Assemblée «la question du CHUM». Il a exprimé la déception de son équipe devant ce qu’il a appelé la guerre médiatique autour du projet. Il trouve également malheureux qu’il y ait eu, dans les médias, diverses allusions et insinuations de conflits d’intérêts. Le recteur a précisé avoir rencontré «énormément de monde» afin de clarifier la situation. Il a conclu en disant que «le plus vite la décision sera prise, le mieux ce sera pour tout le monde».

D’ailleurs, le 25 janvier, l’Université a jugé bon de préciser, dans un communiqué, que la question de la sécurité du site de l’Acadie-Beaumont avait été prise en compte dans une importante étude présentement entre les mains des deux experts chargés de conseiller le gouvernement sur le choix de l’emplacement pour le CHUM. Le communiqué rappelle en outre l’existence d’une entente avec le CP portant notamment sur l’exclusion des matières dangereuses.

Devant l’Assemblée universitaire, M. Lacroix a de plus fait le point sur le financement des universités et celui de la recherche. Pour ce qui est du premier, il a confié que «le dossier n’est pas très positif». Quant au financement de la recherche, M. Lacroix a rapporté qu’il n’y aura sans doute pas d’autres compressions. Mais compte tenu des réductions de sept pour cent de l’an dernier, «on est loin du compte». Des rencontres se déroulent aussi régulièrement entre les représentants du gouvernement fédéral et ceux de l’Université. «Le dossier avance. C’est mieux qu’avant les fêtes», a résumé le recteur.

Questions sur le portail

Deux membres de l’Assemblée universitaire se sont interrogés sur la pertinence de mettre sur le nouveau site «Mon portail» des renseignements personnels. «Nous nous aventurons sur un terrain glissant, avec des données privées sur le site», a observé le professeur Samir Saul.

Le vice-recteur adjoint aux technologies de l’information et à la communication, Pierre Bordeleau, a rappelé que les éléments d’information personnels se trouvaient sur un site sécurisé, auquel il est impossible d’accéder sans la connaissance du mot de passe. Il a également déploré une certaine culture universitaire en vertu de laquelle les employés dévoilaient beaucoup trop aisément leur mot de passe à d’autres personnes. Il a ajouté que tout professeur soumettant une demande de soutien financier à un conseil subventionnaire pouvait lire son curriculum vitæ… sur Internet déjà.

Enfin, le vice-recteur adjoint prévoit mettre sur pied un comité qui étudiera ces questions de diffusion de renseignements personnels. Pour sa part, le recteur a rappelé qu’«il n’y a pas de grande organisation qui peut fonctionner sans utiliser les moyens modernes à sa disposition. Mais il faut être vigilants».

Dans un autre domaine, la présidente du comité de consultation pour la nomination du recteur ou de la rectrice, Irène Cinq-Mars, a rapporté que son groupe de travail avait rencontré les trois candidats en lice à deux reprises, en décembre et en janvier. Le comité espère remettre son rapport au Conseil de l’Université au début du mois de mars.

Rappelons que les trois candidats sont Suzanne Fortier, première vice-rectrice aux études à l’Université Queen’s, Mireille Mathieu, présidente-directrice générale du CLIPP et professeure titulaire au Département de psychologie, et Luc Vinet, premier vice-recteur à l’Université McGill.

Paule des Rivières



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement