Édition du 7 février 2005 / volume 39, numéro 20
 
  Une vétérinaire se lance à la rescousse des furets
Isabelle Langlois s’occupe des animaux de compagnie... exotiques

Il est de plus en plus courant de voir des familles adopter un furet comme animal domestique, note Isabelle Langlois.

Dans sa maison de Montréal-Nord, Éric Rudyj vit avec sa famille, son chien et... quatre furets. «Ce sont des animaux qui s’adaptent très bien à la vie domestique», assure cet amateur du mustélidé qui a créé un site Web pour promouvoir son adoption au Québec.

«De plus en plus, les gens adoptent des animaux exotiques comme des furets mais aussi des reptiles et bien d’autres bêtes», mentionne la vétérinaire Isabelle Langlois. Engagée à la Faculté de médecine vétérinaire il y a un an et demi, la professeure Langlois vient justement de publier un article scientifique dans la revue Veterinary Clinics sur les maladies virales du furet. «Le furet qu’on peut acheter chez nous provient des élevages aux États-Unis. Ce n’est pas un animal indigène puisque c’est une lignée qui vient d’Europe. Il présente donc des besoins particuliers.»

Environ une fois par semaine, estime-t-elle, un vétérinaire peut voir arriver dans son cabinet un furet malade dans les bras de son propriétaire. Il semble que les amateurs de ce petit animal soient principalement concentrés en milieu urbain. Le spécialiste doit pouvoir répondre à leurs questions et trouver quels soins administrer. «Bon nombre de vétérinaires refusent de soigner ces animaux, car ils ne s’estiment pas compétents en la matière», commente la Dre Langlois.

Un carnivore joueur

À la différence des animaux domestiques plus communs, le furet peut être laissé seul sans souffrir de l’absence de ses maitres: de toute façon, il dort de 18 à 20 heures par jour. Le reste du temps, il joue. «Les gens apprécient le caractère espiègle de cet animal, fait remarquer Éric Rudyj. Et malgré ce qu’on entend parfois, il ne présente pas de danger pour les enfants, même s’il mordille à l’occasion.»

Nourri avec de la moulée ou de la nourriture pour chats, le furet ne produit pas de déjections qui sentent mauvais. Un avantage supplémentaire, estime M. Rudyj.

Pour ce qui est des points négatifs, le furet est un important vecteur de zoonoses, souligne la Dre Langlois. «Cela signifie qu’il peut transmettre des maladies à l’humain. D’ailleurs, plusieurs recherches sur des virus présents chez l’être humain, comme la grippe, sont testés en laboratoire sur des furets d’élevage très semblables à l’espèce destinée à l’adoption.»

Le furet n’est pas le seul animal qui puisse poser des problèmes de ce type. Les reptiles sont des vecteurs de salmonelle majeurs, une bactérie qui peut s’avérer mortelle chez l’être humain. «Une espèce de tortue, la tortue à oreille rouge, a été retirée du marché à cause de ce danger. En principe, elle n’aurait présenté aucun risque si les gens les avaient observées à travers la vitre de l’aquarium. Seulement, les enfants avaient tendance à les sortir et à les embrasser. Résultat: ils s’infectaient avec la salmonelle.»

Le furet pourrait aussi être porteur de la rage, une autre maladie mortelle. Toutefois ces cas sont très rares: 30 depuis 1958, mais aucun en territoire canadien.

La relation homme-animal

Les problèmes de promiscuité entre l’homme et l’animal semblent s’être multipliés depuis quelque temps: grippe aviaire, vache folle, virus du Nil occidental, etc. Pourquoi les gens tiennent-ils, de plus, à adopter des animaux exotiques qui risquent de présenter des problèmes de santé particuliers? « C’est une question de diversité dans la population, répond la vétérinaire. Plus il y a de gens différents, plus il y a de choix. La possibilité d’adopter des animaux différents des chats et des chiens correspond à la multiplicité des gouts dans la société. Certains amateurs de reptiles trouvent sincèrement que leur serpent est aussi attachant qu’un gros chien.»

Jusqu’à récemment, la formation générale des vétérinaires désireux de se consacrer aux soins des animaux de compagnie s’en tenait principalement au meilleur ami de l’homme et à son éternel rival, le chat. L’arrivée d’Isabelle Langlois à la Faculté de médecine vétérinaire marque un intérêt pour ce volet de la formation. «C’est une discipline nouvelle qui prend de plus en plus d’importance», signale la jeune professeure.

À l’intérieur du doctorat en médecine vétérinaire, on trouve un cours obligatoire de 30 heures sur la médecine des «animaux inusuels». Sans fournir toutes les réponses sur le règne animal, ce cours offre un aperçu des soins à prodiguer tant aux reptiles qu’aux mammifères exotiques. En plus des furets, les animaux les plus courants dans un cabinet privé de médecine vétérinaire sont les lapins, les oiseaux et quelques espèces de serpents.

Spécialiste des perroquets, la Dre Langlois donne un coup de main au Dr Stéphane Lair, qui soigne les animaux des jardins zoologiques (voir Forum du 9 septembre 2002).

Mathieu-Robert Sauvé



 
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