Édition du 7 février 2005 / volume 39, numéro 20
 
  in memoriam
Le Dr Léon Tétreault, 1932-2004

Le Dr Léon Tétreault, à la suite d’une longue maladie, est décédé à l’Institut de cardiologie de Montréal le 6 décembre 2004. Le corps médical québécois, en particulier le corps universitaire, venait de perdre un de ses membres éminents, un professeur remarquable, un pionnier de la recherche en pharmacologie clinique et de l’enseignement en biostatistique.

Léon Tétreault est né à Montréal le 1er mai 1932, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Après des études secondaires à l’Externat classique Sainte-Croix, il s’inscrit à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Diplômé en 1958, il entreprend des études de maitrise en pharmacologie sous la direction du Dr Aurèle Beaulne. Attiré par la recherche, il se rend à Paris pour poursuivre sa formation auprès du professeur Jean Cheymol, sommité dans le domaine de la pharmacologie clinique. À la fin de son stage parisien, il est accepté dans l’unité de recherche clinique du professeur Lou Lasagna, de l’Université John’s Hopkins de Baltimore. C’est dans ce lieu de haut savoir qu’il se passionne pour l’étude des statistiques appliquées.

De retour à l’Université de Montréal en 1962, il se joint à l’équipe du Dr Beaulne à titre de professeur adjoint et d’agrégé de recherche. Dès 1963, il organise des cours postdoctoraux en pharmacologie. C’est la période des réformes importantes en psychiatrie au Québec. En collaboration avec le Dr Jean-Marie Bordeleau, il participe à l’éclosion de la psychopharmacologie, secteur vierge à l’époque. En 1967, il assume la codirection du Service de recherche Georges-Villeneuve de l’Hôpital Louis-H.-Lafontaine. Appuyé par d’autres pharmacologues, ce centre devient une école de pensée influente en recherche clinique et en recherche pharmacologique, où un nombre imposant de disciples du Dr Tétreault viendront se former à la discipline rigoureuse de la recherche et de la biostatistique.

En 1972, Léon Tétreault est nommé directeur de l’INRS-Santé, qui regroupe l’équipe de recherche en santé de l’Institut national et le Service de recherche Georges-Villeneuve. En prévision des Jeux olympiques de Montréal, qui doivent avoir lieu en 1976, le Comité organisateur des Jeux choisit l’INRS-Santé pour organiser et assurer le contrôle du dopage chez les athlètes.

L’année 1977 vient mettre un frein à la carrière du Dr Tétreault. Son état de santé se détériore suffisamment pour l’obliger à réduire ses activités administratives. Il quitte la direction de l’INRS-Santé. Sur l’invitation du doyen Gilles Pigeon, il devient professeur titulaire en médecine et conseiller à la recherche clinique du CHU de Sherbrooke. Pendant 10 ans, il est directeur du programme des sciences cliniques de la Faculté de médecine, dont il restructure les programmes de maitrise et de doctorat.  Il forme, stimule et aide les chercheurs cliniciens de toutes les disciplines.

Ses publications et sa participation à de nombreux colloques internationaux lui ont valu une réputation de “méthodologiste par excellence” de la recherche clinique et des marques de reconnaissance nationales et internationales. En 1969, il devient membre d’honneur de la Société royale de médecine mentale de Belgique et, en 1974, la Revue de psychologie appliquée de France l’honore en publiant sa biographie et la liste de ses publications. Pendant sa carrière, il a produit plus de 246 publications et participé à 180 communications scientifiques. En 1990, l’Association des médecins de langue française du Canada reconnaissait l’importance de son œuvre en lui conférant son prix de l’œuvre scientifique. Il rejoignait ainsi le cercle restreint des grands médecins émérites du Québec parmi lesquels on trouve les noms de Jacques Genest, Armand Frappier et Paul David qui, avant lui, avaient reçu le même hommage.

Le Dr Tétreault était un professeur dynamique. Il était un créateur, un innovateur, un avant-gardiste et un bourreau de travail. Malgré sa jovialité, son sens de l’humour, sa disponibilité et son amitié chaleureuse, dans son enseignement, il a toujours été exigeant et a su conserver un esprit critique. En plus d’être un médecin de cœur et un scientifique reconnu, Léon Tétreault était un homme d’une culture universelle, une teste bien faicte comme à l’époque des Lumières. Tout ce qui était humain l’intéressait. Amant de la vie, des arts et de la bonne chair, il pratiquait avec brio la sculpture et le chant aussi bien qu’il excellait devant les fourneaux.

Avec le décès du Dr Léon Tétreault, la communauté médicale déplore la perte d’un grand médecin, d’un des pionniers de la pharmacologie clinique dans notre province et la société québécoise perd un grand citoyen qui lui a fait honneur tout au long de sa carrière.

Marcel J. Rheault
Professeur retraité



 
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