Édition du 14 février 2005 / volume 39, numéro 21
 
  Benoît Brière met en scène Les noces de Figaro
«Mozart pensait vite et il nous oblige à le suivre», remarque le directeur musical Jean-François Rivest

Jean-François Rivest

Une bonne comédie repose avant tout sur un drame profond. C’est ainsi que Benoît Brière aborde Les noces de Figaro, opéra de Mozart présenté par l’Atelier d’opéra et l’Orchestre de l’Université de Montréal du 24 au 27 février prochains

La comédie, Benoît Brière connait. C’est en leur soutirant des sourires avec les publicités télévisées de Bell que le comédien s’est fait connaitre des Québécois. Mais ses réalisations comiques ne se limitent pas à cette entente avec Bell, tant s’en faut: c’est lui qui a incarné, à la fin des années 90, le bienaimé Olivier Guimond dans la télésérie Cher Olivier. Pourtant, Benoît Brière croit qu’il faut se méfier de l’apparente légèreté de la comédie.

«Toute bonne comédie, lorsqu’elle est bien écrite, est un regard sur un drame. Il faut que le drame soit présent et il faut qu’il soit fort», dit-il.

Et c’est cette dualité du drame et de la comédie qu’il espère transmettre aux spectateurs qui assisteront aux Noces de Figaro, dont il assure la mise en scène à la Faculté de musique.

«J’ai vu plusieurs versions purement comiques de cet opéra et plusieurs versions purement dramatiques, ajoute-t-il. Je pense que, dans les deux cas, on passe à côté de l’intention. Car après tout, nous voulons dépeindre la vie. Et la vie, c’est un peu des deux.»

Les noces de Figaro, l’un des opéras les plus joués, racontent les heures qui précèdent le mariage prévu entre Figaro, valet du comte, et Susanna, femme de chambre de la comtesse. Malgré la décision du comte d’abolir le droit de cuissage, qui lui aurait permis de passer la nuit de noces avec Susanna, il tente tout de même de la ravir à Figaro.

«Les droits du comte ne comprennent pas que le droit de cuissage. Il a aussi le droit de vie et de mort. Figaro doit donc agir en fin renard. C’est une question de survie. Voilà la base de ce drame. J’ai vu des Figaro affronter le comte avec énormément de culot. À mon avis, il ne peut pas. Bien sûr, une fois le drame bien ancré, on peut se permettre d’ajouter en surface la légèreté, la comédie», explique Benoît Brière.

La musique de Mozart: incroyablement exigeante

Le comédien Benoît Brière entouré d’Isabelle Leclerc (Susanna) et de Martin Boucher (le comte)

La complexité sous-jacente à la trame des Noces de Figaro est bien illustrée par la musique de Mozart, selon Jean-François Rivest, qui assure la direction musicale de la production.

«Chaque personnage comporte plusieurs niveaux de complexité et Mozart parvient à les refléter par sa musique. C’est à cela que nous voyons tout son génie. Il y a aussi des moments où plusieurs conversations se déroulent en même temps.»

D’où la difficulté d’interpréter Mozart pour un musicien, un chanteur ou un orchestre. «Jouer du Mozart est ce qu’il y a de plus exigeant en musique, relate Jean-François Rivest. Sa musique donne la fausse impression d’être simple, car les choses sont magnifiquement équilibrées, chaque élément est parfaitement à sa place. Mais exécuter cette musique demande une délicatesse dans les nuances qu’il est difficile d’obtenir. Cela sans compter la vitesse fulgurante à laquelle les événements se succèdent! Mozart pensait vite et il nous oblige à le suivre.»

Les chanteurs des Noces de Figaro ont d’ailleurs reçu de précieux conseils de la part du répétiteur Martin Isepp, sommité internationale dans l’interprétation des opéras de Mozart, venu spécialement de Londres à la fin janvier pour appuyer l’équipe.

Allier le jeu aux exigences de la musique

Marier le jeu scénique à l’interprétation de la musique est un défi supplémentaire pour les étudiants de l’Atelier d’opéra. En cela, l’opéra est nettement plus difficile que le théâtre, selon Benoît Brière.

«Au théâtre, chaque représentation peut être différente. Si un soir j’ai besoin d’un moment supplémentaire avant de dire telle réplique, je le prends pour être honnête avec ce qu’il se passe, pour être honnête avec ce que je suis, avec la façon dont je me sens et dont j’ai envie de la donner. Dans un opéra, on ne peut pas se le permettre, car la musique ajoute une contrainte. La musique nous dicte quand on entre et quand on sort. Le chanteur doit transmettre toutes les mêmes intentions mais à l’intérieur d’un laps de temps et d’une vitesse fixes. C’est extrêmement exigeant.»

Benoît Brière en est à sa troisième collaboration avec l’Atelier d’opéra de l’UdeM. Il a mis en scène Gianni Schicchi, de Puccini, en 2001, et donné des ateliers sur le jeu aux chanteurs de Beatrix et Benedict, de Berlioz, un an auparavant.

Le comédien se déclare bien humble devant les chanteurs d’opéra. «Je leur dis toujours que s’ils réussissent à jouer, en plus de chanter, ils deviennent des artistes nettement plus complets que moi.»

Julie Fortier
Collaboration spéciale

Les noces de Figaro sont présentées par l’Atelier d’opéra et l’Orchestre de l’Université de Montréal du 24 au 27 février à 19 h 30, au 220, avenue Vincent-d’Indy, salle Claude-Champagne. Les billets, vendus 8 $ (étudiants), 15 $ (aînés) ou 20 $ (grand public), peuvent être achetés au réseau Admission: (514) 790-1245, ou à la Faculté de musique.



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement