Édition du 21 février 2005 / volume 39, numéro 22
 
  Un centre spécialisé en aérospatiale s’installe sur le campus
Le CNRC a bâti un immeuble tourné vers les besoins de l’industrie aérospatiale

Pierre Dicaire devant le seul robot au Canada à être affecté à la recherche dans un centre public.

Ça sent le neuf dans le Centre des technologies de fabrication de pointe en aérospatiale (CTFA), le nouveau pavillon situé sur le chemin de Polytechnique. Pas étonnant: on installe encore des appareils de haute précision dans cet immeuble ouvert en mai dernier qui a nécessité des investissements de près de 50 M$.

«Le robot que vous voyez ici aura pour tâche de trouver des façons plus efficaces de riveter des structures d’avion pleine grandeur», explique Pierre Dicaire, responsable du développement des affaires et des contrats pour le nouveau centre. Nous sommes à l’entrée d’une salle de 5850 m2, soit l’équivalent de trois terrains de soccer, où un immense portique attend les carlingues expérimentales. Le seul appareil en face de nous, de fabrication allemande, coute quelque 600 000 $ et est actuellement le plus apte à soutenir des charges tout en exécutant des tâches complexes de perçage et de rivetage sur différents métaux. C’est le seul au Canada, de propriété publique, consacré exclusivement à la recherche.

L’industrie aura les yeux tournés vers les résultats des travaux que les chercheurs mèneront ici, car elle n’a pas les moyens de s’offrir des instruments spécialisés comme ce robot. Quatre axes de recherche seront explorés: le formage et l’assemblage de produits métalliques; la fabrication et l’assemblage de produits et de structures en matériaux composites; la fabrication et l’assemblage robotisés; et l’usinage à haute performance. Des chercheurs comme Yves Verreman, Marie Bernard et François Trochu, professeurs au Département de génie mécanique de l’École Polytechnique, ont déjà entamé des travaux dans ce centre situé à un jet de pierre de l’école de génie.

«Cette proximité est très précieuse pour nous, car elle permet d’entreprendre des projets complémentaires», indique Christophe Guy, directeur de la recherche et de l’innovation à Polytechnique. Il donne comme exemple un onéreux système de moulage de matériaux composites acquis au CTFA, auquel les polytechniciens auront accès sans avoir à l’acquérir.

Montréal aérospatiale

Le CTFA veut créer de nouveaux matériaux composites.

Il faut bien comprendre que cet immeuble aux murs de verre érigé entre le pavillon Jean-Coutu de l’Université (dont la construction n’est pas terminée) et l’École Polytechnique n’appartient ni à l’un ni à l’autre établissement, mais relève totalement du Conseil national de recherches du Canada (CNRC). «L’Institut de recherche aérospatiale du Canada, auquel est rattaché le CTFA, possède trois autres laboratoires situés à Ottawa, mentionne Pierre Dicaire. Ce sont les laboratoires de recherche en vol, d’aérodynamique et de structures, et de matériaux et propulsion.»


Il était essentiel de construire le Centre dans la région de Montréal, où l’on trouve près de la moitié de tous les emplois liés à l’aérospatiale au Canada, soit 32 000 des 66 000 postes. De plus, le CNRC souhaite se rapprocher des milieux universitaires afin de favoriser le transfert technologique. «Nous avons déjà des centres intégrés à des universités: un centre de nanomatériaux à l’Université de l’Alberta et un centre sur les recherches océanographiques à l’Université Memorial de St. John. Il était donc normal d’installer à Montréal un centre spécialisé en aérospatiale», fait remarquer M. Dicaire, qui est lui-même un ancien de l’UdeM. Il est titulaire d’un diplôme de chimie (1968) et d’un MBA de HEC Montréal (1974).

Actuellement, une trentaine d’employés s’affairent dans les locaux de recherche à mettre au point et à roder des appareils de haute technologie. Se joindront à eux une vingtaine de chercheurs, principalement en génie mais aussi en chimie et d’autres disciplines, ainsi qu’une dizaine d’étudiants à la maitrise et au doctorat. M. Dicaire estime que le Centre atteindra sa vitesse de croisière d’ici un an.

Forte compétition

L’immeuble du centre de recherche fédéral a ouvert ses portes en mai dernier.

Pour le vice-recteur à la recherche de l’UdeM, Alain Caillé, la présence d’un tel centre sur le campus, dont la construction et l’entretien relèvent totalement du gouvernement fédéral, est une véritable aubaine pour les universitaires. «Nous avons loué le terrain pour une période de 50 ans, dit-il. Et nos chercheurs profitent de la présence de ce laboratoire de pointe extrêmement performant.»

À l’origine, on avait pensé bâtir le CTFA dans l’enceinte même de la Technopole, devenue le pavillon J.-Armand-Bombardier, se souvient M. Caillé. Mais en raison du nombre et de la nature des appareils destinés à ce centre de recherche, il est vite apparu qu’on ne pouvait ajouter à la verticale les structures nécessaires. On a dû se résoudre à construire un pavillon distinct.

Lorsqu’il est venu annoncer l’implantation du Centre, en 2000, l’ancien premier ministre du Canada, Jean Chrétien, avait insisté sur l’importance de la recherche et du développement dans un secteur comme l’aérospatiale. «Plusieurs pays se livrent une lutte de tous les instants pour s’imposer au sein de l’industrie aérospatiale et, pour soutenir cette concurrence, il est essentiel que nous mettions nos ressources en commun et que nous travaillions en partenariat, avait déclaré M. Chrétien. Le Centre des technologies de fabrication de pointe en aérospatiale affermira la présence canadienne et perpétuera notre tradition dans ce secteur.»

Mathieu-Robert Sauvé



 
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