Édition du 14 mars 2005 / volume 39, numéro 24
 
  HLM: 30 % des ainés sont en danger
Les femmes veuves, séparées ou divorcées de plus de 60 ans qui n’ont pas de logement subventionné semblent encore plus à risque

Louis Plamondon

Le tiers des personnes âgées qui vivent dans des habitations à loyer modique (HLM) de la métropole sont en danger du fait de leur grande vulnérabilité. Une proportion inquiétante qui laisse supposer que la situation est encore pire pour ceux et celles qui n’ont pas de logement subventionné.

C’est ce qui ressort d’une étude menée auprès de 550 ainés habitant dans des HLM à Montréal, dont la population s’élève à près de 12 500. De ce nombre, 1173, soit 9 %, ont déjà 80 ans et plus et 4632, soit 37 %, sont âgés de plus de 75 ans. Les femmes de plus de 60 ans, qui forment près de 80 % des locataires de HLM, ont dans une large majorité travaillé plus de 20 ans à temps complet. «Elles ne sont pas des assistées permanentes comme les préjugés le véhiculent!» soutient l’un des principaux auteurs de l’étude, Louis Plamondon.

Le sociologue et professeur à la Faculté de l’éducation permanente croit que les HLM constituent une réponse adéquate pour toutes les personnes à faible revenu, mais leur nombre insuffisant pénalise surtout les femmes âgées seules. Il déplore d’ailleurs que dans le budget du gouvernement de Paul Martin rien n’ait été prévu pour le logement social. «Pour les ainés, les sommes annoncées, soit 36 $ par mois, ne changeront pas grand-chose», dit-il.

Le professeur Plamondon s’est associé au Forum des citoyens ainés de Montréal, au réseau Vieillir en liberté et à l’Office municipal d’habitation de Montréal afin de tracer le portrait des personnes âgées résidant dans les HLM à Montréal et de connaitre les services qu’elles reçoivent. L’enquête, qui a nécessité deux années de recherche sur le terrain, révèle que 70 % des répondants ne bénéficient pas de l’aide d’un organisme privé ou communautaire; environ 29 % n’ont aucune assistance de leurs proches et près du quart n’ont pas eu de visite de leur famille au cours du mois.

En résumé, plusieurs locataires de HLM, particulièrement les femmes, vivent isolés; 21 % d’entre eux pleurent d’ailleurs souvent. Pourtant, les CLSC ne semblent pas inscrire les clientèles des HLM sur leur liste de priorités, selon Louis Plamondon. «Du fait qu’elles sont regroupées, on pense à tort que ces personnes sont privilégiées», souligne-t-il. Le chercheur presse les offices municipaux d’habitation de se donner les moyens de repérer les résidants les plus vulnérables et de prendre certaines mesures pour accroitre leur sécurité. 

Le professeur Plamondon signale également que les femmes âgées veuves, divorcées ou séparées, qui vivent seules en ville et dont les revenus sont inférieurs à 15 000 $ (75 % d’entre elles), sont certainement plus fragiles que celles qui habitent dans des HLM. «Seulement 9 % des locataires interrogés disaient manquer d’argent pour combler leurs besoins quotidiens, alors que cette proportion s’élève à 23 % chez l’ensemble des femmes de plus de 65 ans», rapporte-t-il.

Pour le sociologue, le logement social constitue la meilleure solution à la vulnérabilité des femmes âgées vivant seules. «Sans politique de logement social pour les ainés, on va les maintenir en état de grande précarité», estime-t-il.

L’étude a été financée par la Stratégie nationale pour la prévention du crime du gouvernement du Canada, en collaboration avec le ministère de la Sécurité publique du Québec.

Dominique Nancy



 
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