Édition du 4 avril 2005 / volume 39, numéro 27
 
  capsule science
Pourquoi y a-t-il sept jours dans une semaine?

Pourquoi une semaine compte-t-elle sept jours? «Simple convention, répond Robert Lamontagne, astronome et chercheur au Département de physique. Mais une convention qui remonte à plusieurs millénaires. Si les anciens avaient compté 8 ou 10 objets errants dans le ciel, on aurait aujourd’hui des semaines de 8 ou 10 jours.»

En fait, notre calendrier a été établi par les astronomes de l’Égypte ancienne1. Grands observateurs des objets célestes, les Égyptiens avaient remarqué que les étoiles formant les constellations demeuraient fixes les unes par rapport aux autres. Par contre, sept objets visibles à l’œil nu se déplaçaient constamment dans le firmament. Voyant là un signe, ils y ont associé les jours de la semaine. Ceux-ci correspondent donc aux planètes Mars (mardi), Mercure (mercredi), Jupiter (jeudi), Vénus (vendredi) et Saturne (samedi), à la Lune (lundi) et au Soleil (dimanche ou sunday en anglais). Si les planètes Uranus, Neptune et Pluton avaient été visibles sans l’aide d’un instrument d’optique, elles auraient certainement été considérées et les semaines compteraient aujourd’hui 10 jours.

Là où les Égyptiens ont véritablement démontré leurs talents d’observateurs, c’est lorsqu’ils ont déteminé qu’une année devait comporter 365 jours. «Calculer l’écoulement du temps sur une courte période, un jour ou un mois, c’est relativement facile. Vous comptez les heures entre deux levers du soleil ou le nombre de jours entre deux pleines lunes, et le tour est joué. Sur une année, c’est beaucoup plus compliqué. Les Égyptiens ont mis au point des appareils étonnamment précis pour l’époque et sont parvenus à arrêter le nombre de jours dans une année. Ainsi, le début de l’année coïncidait avec le lever héliaque de l’étoile Sirius, c’est-à-dire le jour où Sirius se lève juste avant le soleil à l’horizon est.»

Toutefois, on a compris bien plus tard que la révolution de la Terre autour du Soleil ne correspondait pas à un nombre entier de jours. Il faudra attendre Jules César pour voir apparaitre l’année bissextile qui, pour replacer la chronologie des saisons, ajoute une journée tous les quatre ans. C’est le calendrier «julien».

Mais même avec une année bissextile, la précision n’est pas au rendez-vous. On sait aujourd’hui qu’une révolution autour du Soleil prend 365,24290 jours, soit 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 46 secondes. Lorsqu’on met en application le calendrier julien, il en résulte un décalage d’environ trois jours tous les 400 ans, ou un mois tous les 4000 ans. Broutilles, direz-vous. Mais pas pour les gens du Moyen Âge, qui ne comprenaient pas pourquoi le temps des semailles arrivait si tard selon le calendrier. «C’est le pape Grégoire XIII qui a décidé d’appliquer une réforme du calendrier dans toute la chrétienté.

Il a replacé les horloges en quelque sorte. Pour l’époque, c’était majeur parce qu’on a dû “écourter” de 10 jours le mois d’octobre 1582, passant d’un coup du 4 au 15. Pas évident quand vous avez un loyer à payer...»

Pour éviter qu’une telle situation se reproduise, on a décidé de «retrancher» une année bissextile tous les siècles, sauf une fois tous les 400 ans. On a choisi les millésimes divisibles par ce chiffre. Ainsi 1700, 1800, et 1900 ne furent pas des années bissextiles tandis que 2000 l’a été. Tenez-vous prêt, la prochaine se manifestera en 2400.

«Le plus drôle, c’est que cette décision venue d’un pape catholique n’a pas fait l’affaire de tous, commente Robert Lamontagne. Les protestants, par exemple, ne s’y sont ralliés que deux siècles plus tard. Quant aux orthodoxes, ils n’ont toujours pas accepté la décision papale; c’est pourquoi ils fêtent Noël bien après le 25 décembre.»

Ceux qui croient que l’astronomie est une science réservée aux «bollés» doivent se raviser. «Il n’y a rien de plus astronomique qu’un calendrier, dit Robert Lamontagne en riant. Et comme tout le monde a un calendrier, on peut dire que tout le monde s’intéresse à l’astronomie.»

En cette année internationale de la physique, c’est une bonne nouvelle.

Mathieu-Robert Sauvé

1 Le Planétarium de Montréal présente actuellement un spectacle intitulé L’astronomie des pharaons qui explore les découvertes astronomiques de l’Égypte ancienne.



 
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