Édition du 18 avril 2005 / volume 39, numéro 28
 
  L’ensemble de musique balinaise Giri Kedaton en concert
La Faculté de musique possède des instruments à percussion propres à l’Indonésie, qui furent donnés au Canada il y a 18 ans.

Le directeur artistique de Giri Kedaton, Sylvain Mathieu, au centre, et ses musiciens, au cours d’un concert à la salle Claude-Champagne en mémoire des victimes des attentats terroristes qui ont frappé le sud de Bali à l’automne 2002.

L’ensemble Giri Kedaton (prononcer guiri que-da-tonne) est le fruit d’un coup de foudre. Né il y a maintenant 10 ans à l’initiative de Sylvain Mathieu, chargé de cours à la Faculté de musique et directeur artistique de Giri Kedaton, cet ensemble de musique balinaise connait un franc succès dans le paysage des musiques du monde. Il a donné depuis 1995 plus d’une soixantaine de concerts, est le gamelan balinais le plus actif du Canada et le seul ensemble du pays à se produire sur le spectaculaire gong kebyar.

Les instruments sur lesquels Giri Kedaton joue ont été offerts à la Faculté par le gouvernement indonésien il y a plus 18 ans. Ils ont été spécialement créés par les plus grands facteurs balinais pour Expo 86, à Vancouver. Le mot «gamelan» est un terme générique (synonyme d’«orchestre») qui désigne les ensembles de percussions propres à l’Indonésie. À l’arrivée des instruments à Montréal, la Faculté a intégré l’enseignement du gamelan dans ses cours.

Dès ce moment, Sylvain Mathieu, alors étudiant en composition, devient amoureux du gamelan. «Je ne savais pas ce qu’était un gamelan, mais il y a eu une démonstration à laquelle j’ai assisté, et j’ai immédiatement décidé de m’inscrire à l’atelier. La première année, il y avait trois groupes, qui avaient chacun trois heures de cours. J’ai participé à l’un de ces groupes, et j’ai fini par faire les deux autres, c’est-à-dire neuf heures par semaine, sans compter les répétitions en dehors des cours! Depuis que j’étudie la musique, j’ai toujours voulu faire partie d’un ensemble, confie cet ancien clarinettiste, et le gamelan répondait à ce désir.»

Grâce à la présence de professeurs venus directement de Bali dans les premières années pour enseigner l’art du gamelan aux étudiants néophytes, l’assimilation des principes de cette musique de tradition orale s’est faite avec bonheur. À la fin de cette période faste, Sylvain Mathieu reprenait le flambeau et devenait chargé de cours afin de continuer à transmettre les bases de cet art musical.

Mais le plus grand déclencheur a été, sans conteste, son voyage à Bali en 1993-1994. «Quand je suis revenu, j’étais encore là-bas en pensée... J’ai voulu continuer à baigner dans l’atmosphère que j’avais ressentie à Bali, et c’est là que j’ai décidé de fonder un groupe avec ceux qui étaient vraiment intéressés par cette musique. La plupart venaient de l’Atelier de gamelan, mais maintenant on peut dire que c’est moitié-moitié, plusieurs membres venant d’autres milieux, par intérêt pour les musiques du monde.»

Les instruments de musique balinaise de l’Université vivent deux vies bien distinctes, mais chapeautées toutes les deux par Sylvain Mathieu: une vie pédagogique et une vie professionnelle, deux vocations qui s’unissent fréquemment au cours de concerts qui regroupent les membres de Giri Kedaton et les étudiants de l’Atelier de gamelan.

Giri Kedaton, devenu ensemble en résidence à la Faculté de musique en 2002, se développe par ailleurs de plus en plus. Avec ses 25 membres, dont deux danseuses (la danse est inséparable de l’esprit du gamelan), il a participé à de nombreuses manifestations, dont les célébrations du cinquantenaire des relations Canada-Indonésie en mai 2003 à Gatineau et à Toronto, le Festival des traditions du monde de Fleurimont, en Estrie, en août 2002 et 2003, et le dernier festival des musiques du monde de Musique multi-Montréal. L’ensemble a aussi pris part au 17e grand concert annuel de l’Atelier de gamelan de l’UdeM, en mai 2004. Cette collaboration a permis de présenter un ketjak, qui a réuni sur scène 75 participants.

En cette saison de 10e anniversaire, Sylvain Mathieu se dit plus près que jamais de ses objectifs: «Je me sens plus proche de l’esprit balinais qu’auparavant. La raison en est que plusieurs membres sont allés eux aussi à Bali et que, maintenant, nous avons une meilleure communication par rapport à cette culture, ce qui favorise grandement la cohésion du groupe.»

L’année 2004-2005 a aussi vu la naissance d’une série de concerts intitulée «Pleines lunes sur Bali». Des concerts ont lieu chaque mois à la pleine lune, une idée inspirée à Sylvain Mathieu par José Evangelista, professeur de composition à la Faculté de musique, mais aussi par la tradition balinaise, qui souligne systématiquement le phénomène naturel par des célébrations intégrant le gamelan.

Le prochain concert de la série – qui présentera aussi des contes – aura lieu le 24 avril à la maison de la culture Frontenac sur le thème «Musiques et légendes de Bali». Le 30 avril, ce sera le concert mixte de l’Atelier de gamelan et de Giri Kedaton à la salle Claude-Champagne. Comme à l’accoutumée dans ce genre d’activité, les membres de Giri Kedaton cèderont leur place aux étudiants pour quelques pièces. La danse sera également au rendez-vous, puisque le spectacle est organisé au profit des victimes du tsunami.

Dominique Olivier
Collaboration spéciale



 
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