Édition du 2 mai 2005 / volume 39, numéro 29
 
  Restauration de la collection Léo-Pariseau
À l’occasion du Printemps du livre savant, le Service des livres rares et des collections spéciales organise une exposition sur le livre scientifique ancien

Une des nombreuses planches de Tabulae Anatomicae, imprimé à Rome en 1741.

La collection Léo-Pariseau fait présentement l’objet d’une opération de restauration visant à réparer et à sauver plusieurs des ouvrages uniques que compte cette précieuse collection.

Constituée par le radiologue Léo Pariseau, professeur à l’Université de 1919 à 1938, la collection comporte plus de 4000 volumes rares et anciens dont 2720 portent sur l’histoire des sciences et de la médecine. «On y trouve des ouvrages allant des postincunables du 16e siècle jusqu’aux canadianas du 19e», précise Geneviève Bazin, chef du Service des livres rares et des collections spéciales de la Direction des bibliothèques.

Toutes les disciplines scientifiques, allant de l’anatomie à l’astronomie en passant par les mathématiques, la philosophie et l’électricité, traitées par des auteurs aussi importants que Hippocrate, Aristote, Galilée, Descartes, Newton et Franklin, sont représentées dans cette collection d’une valeur inestimable.

En font également partie de nombreux objets, dont une douzaine de mortiers des 17e et 18e siècles, des médailles, deux manuscrits sri lankais sur feuilles de palmier (ola), un mandala tibétain peint sur étoffe (thanka) et une impressionnante série de portraits de savants et de médecins.

De la confection à la restauration

Le Dr Pariseau avait pris l’habitude d’exposer certains de ses ouvrages de collection à des congrès médicaux. Premier président de l’ACFAS en 1924, il a ainsi contribué au développement des sciences au Canada français.

Un volume restauré de la collection Léo-Pariseau. À droite, la couverture d’origine, conservée dans le boitier de protection.

Quelques mois avant son décès, survenu en janvier 1944, l’Université s’était déjà portée acquéreur de la collection par l’entremise du comité Les amis de la bibliothèque Léo-Pariseau. En 1987, la collection est transférée de la tour du Pavillon principal au Service des collections spéciales, logé dans le nouveau pavillon Samuel-Bronfman, où débute un catalogage qui rend la collection plus facilement accessible aux étudiants, professeurs et chercheurs.

L’un des amis de Léo Pariseau, l’assureur Gérard Parizeau, professeur à l’École des hautes études commerciales de 1928 à 1965, avait particulièrement à cœur de sauver le legs du Dr Pariseau, même s’ils n’appartenaient pas à la même famille. Son fils, Robert Parizeau, est resté attaché à l’œuvre de son père et a mis sur pied, avec sa femme Monique, la Fondation Monique-et-Robert-Parizeau, dont le but est d’offrir des bourses aux artistes québécois méritants et de soutenir le travail muséologique.

Geneviève Bazin

Depuis trois ans, la Fondation verse 5000 $ par année à l’Université afin d’assurer la restauration d’une partie des ouvrages de la collection Léo-Pariseau et d’en poursuivre l’enrichissement par de nouvelles acquisitions. Comme l’Université débourse une somme équivalente, le Service des livres rares et des collections spéciales dispose d’un montant de 30 000 $ pour s’acquitter de cette tâche. Toutefois, seulement une partie des besoins seront comblés puisqu’il en coute entre 500 et 1200 $ pour restaurer un livre ancien. La restauration de l’ensemble de la collection nécessiterait 160 000 $.

La restauration de livres anciens est un art maitrisé par quelques rares initiés. Il faut nettoyer chaque page une à une et remplacer les pièces abimées par des pièces fabriquées selon les procédés d’origine dans la mesure du possible. Il ne s’agit cependant pas de faire du neuf avec du vieux ou de camoufler le passage du temps, mais de sauver l’ouvrage de la détérioration; selon les normes de conservation actuelles, la restauration doit d’ailleurs être apparente et réversible.

Le restaurateur doit aussi garder les pièces remplacées, fabriquer s’il le faut un boitier de conservation et produire un rapport sur les retouches effectuées. Tous ces éléments font dès lors partie de l’histoire du volume et doivent accompagner l’ouvrage.

Exposition

Tous ceux qui s’intéressent aux livres anciens ont l’occasion d’admirer les trésors méconnus du Service des livres rares et des collections spéciales, qui comprend pas moins de 110 000 documents. Le Service ouvre en effet ses portes aux visiteurs à l’occasion des activités du Printemps du livre savant, organisées par Les Belles Soirées (la deuxième et dernière visite aura lieu le 4 mai et les réservations sont nécessaires).

Ceux qui n’auront pu être du nombre pourront jeter un œil sur les livres savants anciens en parcourant l’exposition présentée dans les montres du quatrième étage du pavillon Samuel-Bronfman. On peut y voir entre autres les premiers volumes de chacune des disciplines scientifiques comme la médecine, la botanique, la mécanique et la philosophie, de même que le premier dictionnaire encyclopédique de Diderot (1751), le premier livre écrit en langue amérindienne ou encore la première traduction d’un récit de voyage de James Cook (1772).

Daniel Baril



 
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