Édition du 16 mai 2005 / volume 39, numéro 30
 
  Il faut protéger ses yeux des rayons infrarouges
Deux étudiantes en optométrie comparent six paires de lunettes de protection

Benoit Frenette a supervisé la recherche des deux étudiantes en optométrie sur les lunettes anti-rayons infrarouges.

Les travailleurs de l’industrie du verre, de l’acier et de l’aluminium doivent protéger leurs yeux des rayons infrarouges produits par les sources de chaleur intense. Ils le font, mais les lunettes de protection qu’ils utilisent sont très souvent inutilement teintées, ce qui nuit à l’acuité visuelle.

C’est la conclusion à laquelle sont parvenues deux étudiantes de l’École d’optométrie, Frédérique Normandin-Goulet et Mélanie Prud’homme, au terme d’une expérience menée dans le cadre de leur cours d’initiation à la recherche. Elles ont eu l’idée de comparer les performances de six types de lunettes de sécurité contre les rayons infrarouges. Leurs résultats montrent que, de façon générale, les lunettes remplissent bien leur rôle, mais que l’opacité des verres varie d’une marque à l’autre. Des six paires étudiées, les lunettes de marque North Safety offrent un meilleur confort et une meilleure acuité visuelle tout en assurant une protection suffisante.

«Il s’agissait en réalité de trouver un type de lunettes qui sont à la fois efficaces et confortables, explique le professeur Benoit Frenette, qui a dirigé ce projet de recherche. Tout est une question d’équilibre. Les lunettes parfaitement efficaces sont très opaques, donc inutilisables. Et les verres transparents sont confortables mais incapables de stopper les infrarouges.»

Spectrométrie et volontaires

Beaucoup moins nocifs que les rayons ultraviolets, dont tous les lunetiers tiennent compte depuis qu’on en connait les effets, les rayons infrarouges seraient tout de même responsables de la forte incidence de la cataracte chez les souffleurs de verre. Si cette pathologie ne rend pas aveugle et est indolore, elle peut tout de même provoquer un inconfort majeur. Opacification du cristallin et myopie accompagnent l’altération de la vision des couleurs, les éblouissements et la sensation de brouillard.

Pour Benoit Frenette, un spécialiste de la protection visuelle, ce n’est pas parce que les infrarouges ont fait l’objet de moins d’attention que leurs cousines de l’autre bout du spectre de la lumière qu’il faut les négliger. Mais le défi pour l’industrie est d’autant plus difficile à relever que les lunettes anti-ultraviolets peuvent demeurer aussi transparentes que de la vitre, alors que seul un verre teinté protège des infrarouges.

Au cours de leur travail de recherche, les étudiantes ont procédé à l’analyse spectrophotométrique des verres. Un indice de protection objectif a ainsi été calculé pour les six paires de lunettes. Les étudiantes ont obtenu la collaboration du Département de chimie à cette étape de leur travail. Ensuite, un groupe de 22 sujets a été recruté afin d’évaluer les performances visuelles et le confort des différents types de lunettes.

Si les performances et le confort «dépendent de la teinte et non de la compagnie», comme l’indiquent les auteures dans le rapport qu’elles ont présenté à la Journée de la recherche de l’École d’optométrie, le 1er avril, les lunettes de la société North Safety se sont démarquées sur les deux plans.

Nocifs, les infrarouges? «Probablement moins que les ultraviolets, dont les effets sont bien documentés, répond le professeur de l’École. Mais pour répondre à cette question, il faudrait mener une grande recherche. Les effets réels des infrarouges ne seront connus que si on lance une étude sur une longue période avec une très vaste cohorte. Tant que cela n’aura pas été fait, nous ne pourrons que soupçonner les conséquences de ces rayons sur la vision.»

Mathieu-Robert Sauvé



 
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