Édition du 13 juin 2005 / volume 39, numéro 32
 
  Des chercheurs de l’UdeM s’installent dans un joyau patrimonial
La maison mère des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie devient un pavillon de l’Université

La chapelle est une reproduction de l’église Sainte-Marie-Majeure de Rome.

Les notes d’un air triomphant d’Henry Purcell, joué à l’orgue par sœur Thérèse Laramée, contrastent avec l’état d’esprit de cette dernière. Elle a passé 51 ans dans la congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie et a toujours connu le «1420 Mont-Royal» comme la maison mère de la communauté. Mais d’ici le 30 juin, elle et ses quelque 200 coreligionnaires quitteront définitivement ce sanctuaire. «Émotivement, ce déménagement nous affecte beaucoup. Nous essayons de ne pas trop y penser», résume-t-elle.

SœurThérèse Laramée à l’orgue

Comme le malheur des unes fait le bonheur des autres, environ 250 chercheurs, professeurs et employés de l’UdeM seront installés d’ici l'hiver 2006 dans les murs du bâtiment construit en 1924 et 1925. Déjà, près de 150 personnes occupent l’aile ouest. Ce sont principalement des chercheurs du Groupe de recherche interdisciplinaire en santé (GRIS) du Département de médecine sociale et préventive (DMSP) et du Département d’administration de la santé (DASUM). De plus, le tout nouveau groupe de recherche Brams-Peretz en neuropsychologie de la musique y ouvrira ses portes. À terme, de 1200 à 1500 personnes auront leurs bureaux, bibliothèques, salles de classe et laboratoires dans ce vaste immeuble. «Il ne répond toutefois qu’à environ un tiers des besoins en espace à longterme de la communauté universitaire», fait remarquer l’architecte Anne-Sophie Allard au cours d’une visite des lieux.

À titre de chargée de projet pour la firme Gesvel, Mme Allard supervise les travaux visant à transformer le bâtiment à vocation religieuse et éducative en pavillon universitaire. Ces travaux s’étendront sur environ cinq ans. Actuellement, en plus de constituer la résidence des religieuses, la maison mère loge une école primaire de 420 enfants, l’Externat Mont-Jésus-Marie. Cette école y poursuivra d’ailleurs ses activités jusqu’en juin 2006.

Une histoire de plus d’un siècle

Vue vers le nord-ouest

Lorsqu’il pénètre dans le hall par l’entrée principale, le visiteur peut admirer un buste de sœur Marie-Rose (Eulalie Durocher), qui a fondé la congrégation, à Longueuil, en 1844. Après avoir acquis de vastes terrains à Outremont en 1889 et 1892 (un placement immobilier qui s’avéra très rentable), les religieuses y font construire successivement le pensionnat du Saint-Nom-de-Marie en 1906, la maison mère en 1924, l’immeuble connu aujourd’hui sous le nom de pavillon Marie-Victorin en 1958 et le pavillon Vincent-d’Indy, acquis en 1981 par l’UdeM pour abriter la Faculté de musique.

C’est au prix de 15 M$ que l’Université de Montréal s’est officiellement portée acquéreur du bâtiment à l’automne 2003. «C’est un moment important pour notre communauté, alors que nous tournons une page de notre histoire, soulignait alors sœur Jacqueline Boudreau, animatrice provinciale et porte-parole de la congrégation au Québec. Notre décision de vendre a été longuement réfléchie et nous sommes heureuses aujourd’hui de pouvoir assurer à nos sœurs un lieu de vie communautaire plus intime en retournant vers notre lieu de fondation, à Longueuil.»

Le Casavant de 41 jeux, 2700 tuyaux (1925)

Les religieuses déménageront dans leur propriété agrandie de Longueuil et l’Externat Mont-Jésus-Marie sera relocalisé dans un bâtiment en construction, sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine.

Bien que l’immeuble ne soit pas classé parmi les monuments historiques par le ministère de la Culture et des Communications du Québec, il bénéficie d’une protection légale par sa situation géographique, dans l'arrondissement historique et naturel du mont Royal, dont font aussi partie les principaux pavillons de l’Université de Montréal. «C’est un immeuble de style Beaux-Arts dessiné par les architectes Joseph Dalbé-Viau et Alphonse Venne, qui étaient célèbres à l’époque pour avoir créé le collège Jean-de-Brébeuf et l’oratoire Saint-Joseph», explique Anne-Sophie Allard.

Visiter la maison mère, c’est constater d’une pièce à l’autre que rien n’a été négligé sur le plan architectural. Boiseries fines, plafonds hauts, pièces spacieuses et lumineuses, planchers de bois franc. Le chêne et le merisier sont à l’honneur sur les neuf étages.

Mais le point culminant de la visite est sans contredit cette chapelle qui s’étend sur trois étages, au centre de l’immeuble. Il s’agit d’une réplique de la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome. Même si le marbre est faux, le résultat est saisissant. Et les œuvres d’art sont authentiques. On peut y admirer, notamment, une fresque illustrant le couronnement de Marie, signée Guido Nincheri. L’artiste d’origine italienne a aussi réalisé les verrières de l’escalier au premier étage, qui seront déménagées dans le nouvel externat Mont-Jésus-Marie.

Anne-Sophie Allard

Des travaux en deux étapes

Le bâtiment a accueilli plus de 1000 religieuses et novices, sans compter les étudiantes qui étaient reçues pour des stages. Au dernier étage, on trouve un sanatorium circulaire où les malades étaient soignées au temps de la tuberculose.

Que deviendront ces lieux? On assure que la transformation respectera le caractère architectural de la maison mère dans la mesure du possible. Par exemple, c’est au-dessus de la chapelle qu’on prévoit installer la Faculté de théologie et de sciences des religions. De plus, l'implantation de la bibliothèque de musique dans le bâtiment poursuivra l'une des vocations de la congrégation, l'enseignement de la musique.

D’ici 2007, la première phase des travaux d’aménagement, touchant environ 600 utilisateurs, sera terminée. On retrouvera alors au «1420 Mont-Royal» (aucun nom n’a encore été choisi pour désigner le nouveau pavillon) la bibliothèque de la Faculté de musique et son département de musicologie. Le GRASP ainsi que plusieurs départements de la Faculté de médecine spécialisés en santé publique y déménageront leurs effets. S’y déploieront aussi les professeurs et étudiants du programme de bioéthique.

En 2010, la seconde phase des travaux devrait être achevée. On s’attend à ce que des départements comme Géographie, Théologie et sciences des religions, Santé environnementale et santé au travail et le Centre de formation initiale des maitres y emménagent, mais les plans définitifs ne sont pas encore arrêtés.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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